Les Filministes proposent pour leur 6e édition une programmation particulièrement éclatée, à la fois militante et festive, académique et légère, ancrée dans l’actualité. Et accessible, par-dessus le marché.

« On est un festival à échelle humaine, ici, tu peux tout voir, tu peux tout faire », expliquent en entrevue les dynamiques codirectrices de ce petit festival de films féministes, au nombre de cinq (il en manquait une, lors de notre entretien), notamment Gabrielle Doré, Soline Asselin, Anne-Julie Beaudin et Coppélia La Roche Francœur (absente : Maha Farah Elmir), par ailleurs des amies dans la vie.

Au menu, du 8 au 16 mars : cinq longs métrages, 58 courts, quantités de discussions, une trentaine d’invités, en plus d’une foule d’activités parallèles. Mentionnons : une exposition, une classe de maître, un quiz féministe, même une « séance de pitch ». Sans oublier leur soirée phare, quasi incontournable, baptisée les Filminounes, consacrée aux plaisirs pornographiques (féministes, il va sans dire) au mythique cinéma L’Amour, qui se passe désormais de présentation.

À noter que plusieurs activités sont gratuites (ou à contribution « volontaire »), et quelques projections seront aussi disponibles en ligne. Toutes les discussions seront en outre interprétées en langue des signes québécoise (LSQ). « On veut être le plus accessibles possible », insistent les codirectrices.

On se souvient que plusieurs festivals montréalais ont sonné l’alarme dernièrement, craignant pour leur survie, parmi lesquels Montréal complètement cirque, le Festival du nouveau cinéma de Montréal et Fantasia. L’automne dernier, le Festival des films féministes de Montréal annonçait quant à lui son ultime édition, faute de fonds. « On a appris la nouvelle avec beaucoup de tristesse, parce qu’il y avait de la place pour deux festivals féministes. C’est vraiment dommage », a réagi l’équipe des Filministes.

Il faut dire que leur festival se porte quant à lui plutôt bien. « Sans doute parce qu’on n’a pas une structure comme les autres festivals, avec des salariés, expliquent les codirectrices. On se verse des petits honoraires, qui ne sont pas à la hauteur du temps qu’on y met, et notre projet a démarré bénévolement. » Cela dit, tous les films et tous les participants sont ici payés, et ce, grâce à de multiples subventions. « On ne crie pas famine, parce qu’on a toutes une double vie à côté qui nous fait vivre. Et si on n’était pas des amies, on ne serait peut-être pas prêtes à se voir comme ça, ça ne marcherait pas. La base du projet, c’est l’amitié », font-elles valoir.

Consultez le site du festival Regardez les films disponibles en ligne gratuitement

Quatre coups de cœur à ne pas manquer :

Le film de clôture : Through the Night

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Through the Night, documentaire signé Loira Limbal

Documentaire signé Loira Limbal, Through the Night présente le quotidien d’un couple de l’État de New York qui tient à bout de bras une garderie 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « Vraiment touchant, signale Gabrielle Doré. Ce sont des gens absolument dévoués. » Sans parler du portrait de ces mères aux horaires atypiques qui ont recours à de tels services, une réalité aussi dure que méconnue.

La projection sera suivie d’une discussion avec Myriam Lapointe-Gagnon, instigatrice du mouvement Ma Place au travail.

Le 13 mars à 19 h 30 à l’Ausgang Plaza.

La soirée Roule-moi l’clip

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Une soirée de projection de 20 vidéoclips

Une soirée de projection de 20 vidéoclips d’artistes à découvrir comme on n’en voit presque plus. En finale, toutes les réalisatrices seront invitées sur scène dans un évènement qui s’annonce à la fois festif et rassembleur. « Un gros safe space féministe », résume Coppélia La Roche Francœur.

Le 11 mars à 21 h 30 à l’Ausgang Plaza.

Le long métrage documentaire Sirens

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Sirens, documentaire de Rita Baghdadi

Ce documentaire de Rita Baghdadi met en scène un groupe improbable, trash métal exclusivement féminin, lesbien de surcroît, à Beyrouth. « On suit l’histoire d’une amitié, d’un projet musical, sur fond de crise économique et politique », résume Anne-Julie Beaudin. À voir.

Le 11 mars à 18 h à l’Ausgang Plaza.

Programme triple : retour vers le futur féministe

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La fin de Wonderland (de Laurence Turcotte-Fraser) sur l’artiste trans et pluridisciplinaire Tara Emory

Pour souligner le retour de la science-fiction féministe, on invite ici les participants à venir déguisés, pour ce programme triple aussi diversifié qu’éclaté. Au menu : cinq courts dystopiques ou rétrofuturistes ; le long métrage documentaire québécois La fin de Wonderland (Laurence Turcotte-Fraser) sur l’artiste trans et pluridisciplinaire Tara Emory ; ainsi que le film Up Uranus, de la même Tara Emory. « Il y aura plein d’émotions dans cette soirée ! », promet Soline Asselin. À ne pas manquer : la discussion avec les cinéastes.

Le 10 mars dès 17 h 15 à l’Ausgang Plaza.