Au-delà de ses titres incontournables, le Festival du nouveau cinéma, qui se poursuit jusqu’au 16 octobre, regorge de découvertes étonnantes. Retour sur cinq de ces films qui valent le détour.

Stone Turtle, de Ming Jin Woo

La présente édition du FNC est marquée par une pléiade de beaux portraits féminins (Small, Slow But Steady, Plan 75…). Celui que propose le metteur en scène malaisien Ming Jin Woo (The Tiger Factory) porte sur une sans-papiers qui habite dans une île avec sa fille et qui doit affronter la misogynie et le colonialisme ambiants. Visuellement impressionnant, le récit onirique imprégné de réalisme magique s’amuse à perdre le cinéphile avec ses ellipses, passant soudainement du drame social au polar en plein air.

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De Humani Corporis Fabrica, est une odyssée fascinante dans le corps humain.

De Humani Corporis Fabrica, de Verena Parave et Lucien Castaing-Taylor

Adeptes d’un cinéma immersif et sensoriel, Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor (Leviathan, Caniba) s’en donnent à cœur joie avec leur nouveau documentaire expérimental, plongeant littéralement dans le corps humain à l’aide de caméras miniatures. Une odyssée aussi fascinante que saisissante auprès des patients et de leurs soignants tant les longs plans révélateurs – on y vivra notamment un accouchement par césarienne et une ablation de la prostate – s’apparentent parfois à de la science-fiction. Idéal pour faire le plein d’images inoubliables… quoique les estomacs plus sensibles détourneront régulièrement le regard.

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Avec Cette maison, la Montréalaise Miryam Charles signe un premier long métrage.

Cette maison, de Miryam Charles

Après quelques courts métrages remarqués sur le circuit des festivals, la Montréalaise Miryam Charles signe un premier long éminemment personnel, utilisant l’art de la fiction pour faire revivre sa cousine disparue en bas âge et lui imaginer une existence différente. Cette touchante œuvre de mémoire naviguant entre les États-Unis, le Québec et Haïti instaure un style fort et authentique qui ne ressemble à rien de ce qui se fait ici. La poésie mène le bal, se lovant dans le processus familial de deuil et de guérison, celui qui émeut jusqu’aux larmes.

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Scène de Rule 34

Rule 34, de Julia Murat

Ce drame brésilien signé Julia Murat n’est pas sans rappeler le jouissif Bad Luck Banging or Loony Porn de Radu Jude, utilisant le sexe afin de traiter d’émancipation féminine dans une société patriarcale. Étudiante en droit et spécialisée dans les causes d’agression envers les femmes, notre héroïne est également camgirl à ses heures, écoutant de plus en plus ses désirs BDSM… Cette création provocante, gagnante du Léopard d’or à Locarno, bénéficie de la performance stupéfiante de Sol Miranda qui fait vivre mille émotions, surtout lors de la finale particulièrement anxiogène. À découvrir en doublé avec le plus ludique Will-O’-The Wisp de João Pedro Rodrigues qui filme de façon unique le fantasme.

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A Piece of Sky met en vedette des comédiens non professionnels.

A Piece of Sky, de Michael Koch

Se déroulant dans les Alpes suisses, ce splendide tour de force de Michael Koch (Marija) propose une histoire d’amour viscérale, belle et tragique à la fois, entre deux êtres qui tentent de demeurer unis malgré la maladie. Un affrontement permanent semble se déployer entre la terre, bestiale et rugueuse, et la montagne, divine et céleste. Les paysages majestueux rivalisent avec le jeu parfois insondable des comédiens non professionnels et si le ton âpre n’est pas sans longueurs, ce n’est rien que ne viennent éclipser plusieurs séquences marquantes.

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Alcarras a reçu l’Ours d’or à la dernière Berlinale.

Alcarràs, de Carla Simón

Ours d’or de la dernière Berlinale et film représentant l’Espagne à la prochaine cérémonie des Oscars, Alcarras de Carla Simón (Été 93) montre un monde en train de disparaître et ses répercussions sur un clan tissé serré. Peut-on sauver des mains du capitalisme sauvage ce territoire qui donne des pêches depuis de nombreuses générations ? À la fois politique et familial, ce superbe long métrage palpe l’universel, mettant son rythme relâché et sa photographie soignée au service d’un cinéma de l’intime qui bouleverse inlassablement par un seul regard de ses personnages.

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