Elle s’appelle Villeneuve. Salomé Villeneuve. Elle fera son entrée ce jeudi dans le monde du cinéma en présentant un tout premier court métrage à la Mostra de Venise. III, un film de fiction d’une douzaine de minutes, a été retenu dans la sélection des courts métrages de la section Orizzonti, une section officielle du festival, un peu l’équivalent d’Un certain regard au Festival de Cannes.

La jeune femme, âgée de 26 ans, fréquentera ainsi pour la toute première fois ce festival, lequel bénéficie déjà d’une excellente réputation dans sa famille. La carrière internationale de son père, Denis, a véritablement pris son envol ici avec Incendies. L’an dernier, la présentation de Dune à la Sala Grande fut un évènement mémorable.

« C’est une énorme surprise et un honneur incroyable, car, à ce qu’on m’a dit, la Mostra est une magnifique célébration du cinéma. L’idée que mon film soit présenté dans ce contexte-là me touche profondément », a lancé la réalisatrice lors d’une interview accordée à La Presse.

Aucune certitude

Mis à part les films réalisés dans le cadre de sa formation à l’Université Concordia, III constitue le vrai baptême d’une cinéaste pour qui, encore aujourd’hui, rien ne relève de la certitude. Ayant baigné dans le monde du cinéma toute sa vie, mue dès l’enfance par un désir de réaliser et de raconter des histoires en voyant son père – de qui elle avait un peu l’image de l’aventurier parti capter des images – réaliser des films, Salomé Villeneuve a quand même mis un temps avant d’affirmer sa vocation.

PHOTO FOURNIE PAR METAFILMS

Une scène tirée de III, un court métrage écrit et réalisé par Salomé Villeneuve

« Ça s’est fait au moment où est venu le temps de faire un choix pour mes études universitaires, explique-t-elle. J’avais le sentiment que si je ne me donnais pas la chance d’essayer la réalisation, je le regretterais toujours. J’avais cependant l’impression que tout était à faire et que mon propre rapport au cinéma était à définir. J’ai alors ressenti le besoin de me créer mon propre bagage. Je me suis mise à regarder tous les films qui me tombaient sous la main et à m’intéresser profondément à ce médium. »

Le simple fait de porter le nom de l’un des cinéastes les plus vénérés dans le monde ajoute d’évidence une dimension supplémentaire à l’affaire. Salomé Villeneuve en est bien consciente.

« Il peut parfois être difficile de dissocier mon identité propre de la pression qui, peut-être, viendra des attentes qu’on projettera sur moi. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été très exigeante avec moi-même, très perfectionniste. J’ai d’ailleurs toujours du mal à présenter mon travail. En même temps, ça m’oblige à me libérer du besoin de plaire, parce que je sais déjà qu’on aura des attentes auxquelles je ne pourrai peut-être pas répondre. »

Un regard discret et bienveillant

Denis Villeneuve, qui tourne actuellement Dune 2 à Budapest, pose sur le travail de sa fille aînée un regard qui, selon elle, reste discret et bienveillant.

« Je sens que ça lui fait très plaisir, confie la réalisatrice, mais il fait de son mieux pour ne pas trop le démontrer et ne pas me mettre de pression. Mais je sais que ça le touche. Le cinéma est presque une religion chez nous et il y voue toute sa vie. Aussi, comme ses projets l’occupent beaucoup, j’ai quand même le champ libre pour explorer à ma guise. »

Et d’où vient III, ce film où trois enfants d’une même famille font face à un conflit lors d’une partie de pêche ?

« Le lien que j’entretiens avec mes deux plus jeunes frères, dont je suis très proche, m’a donné envie d’explorer cette faculté qu’ont les enfants d’aimer et de détester viscéralement. Et comment on peut en venir à résoudre des désaccords violents. Tout ce qui relève de l’enfance me fascine. »

III est présenté jeudi à la 79e Mostra de Venise, dans le cadre d’un programme consacré aux courts métrages sélectionnés dans la section Orizzonti.