Si l’action de la nouvelle version de Home Alone se déroule, comme son prédécesseur, à Chicago, c’est dans la région de Montréal que le film a été tourné en 2020. De Blainville à Longueuil en passant par Hudson et les studios MELS, aperçu des dessous du tournage.

Opération charme à Montréal

Automne 2019. Pierre Blondin, directeur de lieux de tournage, reçoit un appel de l’un des producteurs de Home Sweet Home Alone. Ce dernier cherche un endroit où tourner ce film inspiré du classique de 1990 mettant en vedette Macaulay Culkin. Pierre Blondin et ses assistants préparent des visites pour faire découvrir différents lieux de tournage potentiels à la production et l’attirer dans la métropole. L’opération charme débute.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre Blondin (à droite), directeur de lieux de tournage, et son assistant lors du tournage d'Home Sweet Home Alone, Pierre Brunet

« Un producteur se promène exactement de la même façon que quelqu’un qui magasine une maison. Il cherche le meilleur emplacement au meilleur prix », explique Pierre Blondin, en soulignant que le Québec est loin d’être le seul endroit où l’on offre des crédits d’impôt aux productions cinématographiques.

Sur la ligne de départ, il y a aussi Toronto. « Je fais des blagues, mais Toronto, c’est mon ennemi mortel. [Le gens] sont dynamiques. […] Ils ont une bonne infrastructure. »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre Brunet, assistant au directeur de lieux de tournage pour le film Home Sweet Home Alone

Certains éléments ont permis à Montréal de se démarquer, dont la disponibilité des équipes de tournage et des studios à ce moment-là, indique Pierre Brunet, qui a assisté Pierre Blondin sur ce plateau.

Les lieux extérieurs proposés ont aussi pesé dans la balance. « Nous cherchions une architecture rappelant le Midwest des États-Unis », explique, en entrevue téléphonique, le concepteur visuel américain Russell Rusty Smith. « Nous voulions de la neige et nous n’avons pas été déçus », ajoute-t-il.

Au marché de Noël à Longueuil

À la recherche d’un lieu pour tourner une scène dans un marché de Noël, les deux Québécois ont emmené Rusty Smith, Dan Mazer, le réalisateur, et leurs collègues dans le Vieux-Longueuil, à la fin de 2019. La cinquantaine de maisonnettes érigées dans le parc St. Mark pour le Marché de Noël et des traditions a charmé le groupe. « C’était un lieu qui s’y prêtait naturellement », note Pierre Blondin. L’église anglicane et le kiosque au centre du parc ont aussi plu à la production, ajoute Pierre Brunet.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

L’église anglicane du parc St. Mark. L’ancien presbytère (à droite) s’est transformé en loges, pendant le tournage.

C’était la première fois que le Marché de Noël et des traditions de Longueuil était contacté pour un tournage. « Cette occasion-là a ouvert la porte à une nouvelle avenue pour nous. […] Une fois qu’on a eu l’entente avec Disney, on a eu plusieurs demandes pour d’autres tournages », explique Alexandra Saliba, coordonnatrice logistique chez Métiers et Traditions.

PHOTO FOURNIE PAR LE MARCHÉ DE NOËL ET DES TRADITIONS DE LONGUEUIL

Les installations du Marché de Noël et des traditions de Longueuil apparaissent dans le film. Sur la photo, l’évènement en 2019.

Au lieu de démonter les installations comme prévu à la mi-janvier, le marché au style européen est resté en place jusqu’en février pour Home Sweet Home Alone.

« Le plateau ne s’arrête pas au lieu que tu tournes, rappelle toutefois Pierre Blondin. On a une caravane de camions qui fait parfois presque un kilomètre de long. Il faut les mettre quelque part. Les figurants, il faut les mettre quelque part aussi. Ce n’est pas juste le décor qu’il faut. »

  • Dans Home Sweet Home Alone, le Café terrasse 1957 devient…

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Dans Home Sweet Home Alone, le Café terrasse 1957 devient…

  • … le Dark Roast Café.

    PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU CAFÉ TERRASSE 1957

    … le Dark Roast Café.

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Il faut aussi porter une attention à tous les éléments qui pourraient se retrouver dans un plan de caméra. Veut-on que l’enseigne de ce restaurant soit visible ? Souhaite-t-on la modifier ? Dans un cas comme dans l’autre, le dialogue avec les commerçants est très important et fait partie des tâches du directeur des lieux de tournage et de ses assistants. « On est vraiment le lien entre la communauté et les producteurs », résume Pierre Brunet.

Dans une forteresse, à Blainville

  • La maison de Blainville, telle qu'elle apparaît dans le film

    IMAGE TIRÉE D'UNE VIDÉO

    La maison de Blainville, telle qu'elle apparaît dans le film

  • À Blainville, les maisons des voisins ont été décorées par l'équipe de tournage.

    IMAGE TIRÉE D'UNE VIDÉO

    À Blainville, les maisons des voisins ont été décorées par l'équipe de tournage.

  • Une partie cette rue de Blainville a été reproduite en studio.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Une partie cette rue de Blainville a été reproduite en studio.

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Pour trouver la demeure du jeune Max Mercer (le nouveau Kevin McCallister), l’équipe a visité des résidences de styles variés à Outremont et à Mont-Royal avant d’opter pour une maison du quartier Fontainebleau, à Blainville.

« Je cherchais quelque chose d’imposant, avec de la stature. […] Quand on a trouvé la résidence, le réalisateur a dit : “Ça ressemble à un château.” […] C’était parfait. Après tout, le garçon transforme sa maison en une forteresse dans laquelle les cambrioleurs tentent d’entrer », raconte le concepteur visuel, Rusty Smith.

« Le propriétaire était en train d’installer ses lumières de Noël. […] On a arrêté là avec le minibus. Nous étions 20 à en sortir. Le monsieur se demandait ce qui se passait », se souvient Pierre Brunet, qui a discuté avec lui et sa conjointe pour les convaincre de louer leur demeure à l’équipe de tournage. « C’était des fans de Home Alone et ils l’ont fait surtout pour leurs petits-enfants. »

Un quartier en studio

La maison de Blainville et ses alentours ont été recréés dans les studios MELS, où une grande partie du film a été tournée. « En comédie, c’est beaucoup plus simple, avec tous les gags, de filmer de façon contrôlée dans un studio », explique Nicolas Lepage, directeur artistique en chef de Home Sweet Home Alone.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Une grande partie du tournage a eu lieu dans les studios MELS.

Pour s’assurer de pouvoir reproduire l’environnement de la manière la plus fidèle possible, l’équipe a réaménagé la rue et a porté une attention particulière… à la neige.

« Quand on tourne pendant trois semaines, c’est sûr et certain qu’en hiver au Québec, les bancs de neige ne se ressemblent pas d’une journée à l’autre », explique celui qui a notamment travaillé sur 300 et Arrival. La production doit donc enlever ou ajouter de la neige pour assurer une continuité dans les images. Pour obtenir des mesures précises, le terrain a été scanné en trois dimensions.

À la messe de Noël, à Hudson

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

La scène de la messe de Noël a été tournée à l’église Saint-Thomas-d’Aquin, à Hudson.

La scène de la messe de Noël a quant à elle été tournée à Hudson. « Quand on s’est rendus là-bas, je me disais : “C’est si loin. Pourquoi allons-nous si loin ?” Mais une fois arrivé, j’ai trouvé l’endroit charmant. L’église est si belle. On ne pouvait pas trouver un meilleur endroit », se remémore le concepteur visuel, Rusty Smith.

Très fier de voir son église dans un long métrage, Roland Demers, ancien curé de la paroisse récemment retraité, souligne le professionnalisme de l’équipe. « Ç’a été une belle expérience […] Les décors qu’ils ont faits, c’était féérique. » La production a d’ailleurs donné en cadeau la crèche qui apparaît dans le film. Celle-ci sera exposée devant l’église à partir de la mi-décembre, après avoir été utilisée pour un autre tournage.

D’autres lieux de tournage
  • L’extérieur du Club de golf Beaconsfield devient dans le film une résidence pour personnes âgées. Les scènes intérieures de la résidence ont quant à elles été tournées au Club de golf Royal Montréal, dans l’île Bizard.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    L’extérieur du Club de golf Beaconsfield devient dans le film une résidence pour personnes âgées. Les scènes intérieures de la résidence ont quant à elles été tournées au Club de golf Royal Montréal, dans l’île Bizard.

  • Une autre maison du quartier Fontainebleau, à Blainville, apparaît dans le film.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Une autre maison du quartier Fontainebleau, à Blainville, apparaît dans le film.

  • Des scènes ont été tournées dans le centre-ville de Pointe-Claire.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Des scènes ont été tournées dans le centre-ville de Pointe-Claire.

  • Celles-ci ont été juxtaposées à celles tournées dans le Vieux-Longueuil.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Celles-ci ont été juxtaposées à celles tournées dans le Vieux-Longueuil.

  • Cette maison de Beaconsfield a aussi servi de lieu de tournage.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Cette maison de Beaconsfield a aussi servi de lieu de tournage.

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« La meilleure équipe »

Bien que Home Sweet Home Alone soit un film américain, les artisans qui y ont travaillé sont presque tous québécois. « Quand tu tournes quelque part, c’est rare que les gens voyagent […], mis à part les chefs de département », explique Nicolas Lepage.

« Au Québec, nos plateaux, c’est comme une grosse famille, affirme Pierre Brunet. Pour avoir travaillé avec plusieurs concepteurs visuels américains, ils aiment ce côté-là. » « C’était une expérience incroyable, confirme Rusty Smith, qui tournait pour la deuxième fois dans la métropole. L’équipe était très talentueuse et compétente. Très professionnelle. […] C’est la meilleure équipe que j’ai eue dans ma carrière. »

Le film est offert sur Disney+.

En chiffres

  • 5 : nombre de mois que devait initialement durer le tournage de Home Sweet Home Alone. En raison de la pause imposée par la pandémie, le tournage s’est étiré sur près d’un an, jusqu’à l’automne 2020.
  • 477 millions US : somme amassée au box-office mondial par Home Alone. La suite, sortie en 1992, a amassé 359 millions US.
  • 25 : nombre de tournages étrangers prévus au Québec en 2021

Sources : IMDB et Bureau du cinéma et de la télévision du Québec