Notre envoyé spécial sur la Croisette fait un compte rendu des dernières nouvelles du Festival de Cannes.

Vincent Lindon a lâché prise

Le film choc Titane ne fait pas l’unanimité, mais tout le monde s’accorde pour dire que Vincent Lindon, lauréat du prix d’interprétation masculine en 2015 grâce à La loi du marché, de Stéphane Brizé, livre une performance étonnante dans ce film gore et ultraviolent, signé Julia Ducournau. Le rôle a d’ailleurs été écrit sur mesure pour l’acteur, après que ce dernier eut signalé à la cinéaste son envie de travailler avec elle, après avoir vu Grave. « Ce rôle m’a permis des choses incroyables, dont j’ignorais même l’existence à l’intérieur de moi, notamment le lâcher-prise et la perte de contrôle, à tous les niveaux, comme acteur et comme homme, a déclaré le comédien mercredi lors d’une conférence de presse. Julia m’a demandé des choses que je n’avais jamais concédées avant – non pas que je tienne à tout –, mais j’ai décidé d’être vraiment à son service. Cela veut dire écouter totalement, ne discuter d’absolument rien, et aller au feu. Mis à part cette conférence de presse, je compte me mettre plutôt en retrait dans les interviews pour redonner les lettres de noblesse aux metteurs en scène. Julia a travaillé sur son film pendant cinq ans. »

Isabelle Huppert, d’Avignon à Cannes

PHOTO JOHN MACDOUGALL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Isabelle Huppert était de passage à Cannes pour participer à une leçon de cinéma.

Même si, ces jours-ci, elle monte tous les soirs sur les planches de la Cour d’honneur du Palais des papes pour y jouer La cerisaie, d’Anton Tchekhov, au Festival d’Avignon, Isabelle Huppert a fait un saut à Cannes, le temps de se prêter à l’exercice d’une leçon de cinéma. Le fait que, par la force des choses, ces deux grands festivals ont lieu simultanément constitue une belle métaphore de sa vision des choses. « Je ne fais aucune différence entre le jeu de cinéma et le jeu de théâtre, a-t-elle déclaré. Le cinéma comme le théâtre, c’est de la forme, c’est faire croire à la réalité à partir de l’illusion. Le théâtre, c’est un peu comme une terre en friche sur laquelle on crée un monde. Le comédien assiste à la création de ce monde, qui est en perpétuel changement à chaque représentation. Au cinéma, le monde se crée au montage. C’est définitif, et c’est ce qui va rester. Alors que le théâtre, c’est l’éphémère, et ça meurt. »

Un nouveau leader dans la course

PHOTO ERIC GAILLARD, REUTERS

Ryusuke Hamaguchi a réalisé Drive My Car. Son film est le favori des critiques parmi les longs métrages en lice pour la Palme d’or présentés jusqu’à maintenant.

Parmi les longs métrages sélectionnés en compétition officielle, un favori semble se détacher du peloton chez les critiques internationaux sondés par le journal spécialisé Screen et les critiques français consultés par Le film français. Drive My Car, le très beau film de Ryusuke Hamaguchi, a obtenu les faveurs des journalistes, loin devant Annette, de Leos Carax, bon deuxième, et Benedetta, de Paul Verhoeven, qui complète le trio de tête. À deux jours de l’annonce du palmarès, bien malins ceux qui seraient cependant en mesure d’indiquer dans quel sens ira le jury présidé par Spike Lee, dont les sorties publiques sont peu nombreuses depuis le début du festival.