(Cannes) C’est l’histoire d’un homme qui ne voulait ni la paix ni mourir : dans Onoda-10 000 nuits dans la jungle, le Français Arthur Harari dresse, sans juger, le portrait d’un soldat japonais qui a continué de se battre 30 ans après la Seconde Guerre mondiale.

Le film, qui a été tourné au Cambodge et en japonais, a été projeté mercredi soir en ouverture de la section Un certain regard.

Avec ce deuxième long métrage, le réalisateur de Diamant noir (2016) revient sur la vie d’Hiro Onoda, figure emblématique de l’histoire japonaise, qui, en s’exilant pendant près de 30 ans dans la jungle aux Philippines a refusé la capitulation japonaise de 1945.

Une odyssée intime et intérieure d’un perdant de la Seconde Guerre mondiale qui a préféré le déni à la réalité, entraînant avec lui plusieurs camarades d’infortunes, mais aussi une fresque historique de près de trois heures sur la folie d’un soldat.

Héros ou antihéros ? Le film ne tranche pas la question même si c’est précisément cette ambivalence qui a séduit le réalisateur. « Je ne pourrais pas trancher sur son courage ou son absence de courage, je pense qu’il est autant un lâche qu’un homme courageux. C’est ce qui m’a intéressé dans cette histoire, c’est la dimension contradictoire […] », a-t-il expliqué jeudi lors de la conférence de presse de présentation du film.

« Quand j’ai découvert cette histoire, elle m’a tout de suite fasciné. Je pense que c’est la question, d’une certaine manière, du refus d’accepter la réalité telle qu’elle est qui m’a sauté aux yeux », a-t-il ajouté.

Un destin hors du commun « qui dépasse des questions strictement morales ». « C’est compliqué moralement à juger, mais c’est humainement intéressant », a-t-il dit.

Très travaillée avec ses longs travellings, la mise en scène parvient à souligner le mystère d’un être difficile à cerner, mais dont l’entêtement a tout d’une quête mystique. Le tournage de cette superproduction internationale, qui s’est fait en japonais, a aussi été un défi pour Arthur Harari, qui ne maîtrise pas la langue.