(New York) Alors qu’Hollywood cherche des façons de répondre à l’onde de choc provoqué par la mort de George Floyd et que l’Académie des Oscars tente d’être plus inclusive, une nouvelle étude montre comment l’industrie s’est améliorée au chapitre de la diversité — et où elle traîne toujours de la patte.

Dans les films les plus populaires de 2019, les personnages principaux étaient plus diversifiés que jamais et plus de femmes étaient derrière la caméra, selon le dernier rapport de l’École Annenberg de communication et de journalisme de l’Université de Californie du Sud (USC). Mais Hollywood est encore bien loin de refléter la composition de son public américain dans de nombreux autres domaines — rôles parlants, techniciens, représentation des minorités sexuelles et des personnes handicapées.

« Cela reflète un manque de sérieux, une certaine ambivalence et une apathie de la part de la communauté de créateurs, et une incapacité des entreprises à vraiment mettre en place des politiques et des procédures qui changeraient le statu quo », a estimé Stacy L. Smith, directrice de cette « Inclusion Initiative ».

Au cours des 13 dernières années, les chercheurs de l’USC ont étudié les progrès d’Hollywood, ou leur absence, en termes d’équité et de diversité, et ils ont noté tout de même quelques améliorations. L’année dernière, par exemple, sur les 100 films qui ont obtenu le plus de succès au box-office, 32 présentaient des personnages principaux issus de groupes sous-représentés, soit cinq films de plus qu’en 2018 ; en 2007, on en comptait 13.

Douze des 100 films ont été réalisés par des femmes, soit quatre fois plus qu’en 2007 et plus du double de 2018. On comptait aussi 43 films avec une femme ou une fille dans un rôle principal, soit une augmentation de quatre films par rapport à l’année précédente et plus du double de 2007.

Une femme pour deux hommes

Ces chiffres montrent des progrès certains, mais ne sont toujours pas représentatifs de la démographie ambiante. Un examen plus approfondi braque les projecteurs sur des recoins plus sombres. Seuls trois des 100 films étudiés en 2019 proposaient un personnage principal joué par une femme de 45 ans ou plus — et un seul par une femme non blanche.

De nombreux films n’offraient aucun rôle parlant à des acteurs de groupes sous-représentés : les personnages hispaniques étaient absents de 44 films sur les 100 étudiés, les personnages asiatiques parlants étaient invisibles dans 36 films, les Afro-Américains dans 15. Les rôles féminins, quant à eux, n’ont que légèrement augmenté au cours des 13 dernières années, atteignant 34 % en 2019. Pour chaque femme parlant à l’écran, on comptait près de deux hommes.

L’étude a recensé trois films avec des personnages transgenres dans des rôles parlants, pour environ deux minutes de temps d’écran au total. Seulement 1,4 % des personnages parlants étaient LGBTQ et 2,3 % étaient handicapés. Parmi les 112 réalisateurs des 100 films, 80 % étaient blancs.

« Ces chiffres révèlent vraiment qu’il n’y a pas de mesures en place pour contrer les préjugés dans la prise de décision », croit Mme Smith. « C’est vraiment ce qui est le plus nécessaire pour avancer, en particulier en cette ère de justice raciale que traverse le pays. »

L’Académie américaine du cinéma a annoncé cette semaine de nouvelles règles pour imposer un certain seuil de diversité dans les œuvres en nomination pour l’Oscar du meilleur film en 2024. Mme Smith aurait aimé qu’ils aillent beaucoup plus loin : sur les 100 films de 2019, seulement cinq ne répondraient pas à ces normes.