Claude Gagnon a présenté en primeur mo—diale – non sans une certaine é—otion – Les vieux chums, un film sur la pérennité de l’amitié. Avec ce film très personnel, dont les têtes d’affiche sont Patrick Labbé et Paul Doucet, le réalisateur de Kenny fait aussi écho à la première période de son cinéma.

(Rouyn-Noranda) Il ne s’y attendait pas. Quand il a pris la parole avant la présentation de son nouveau film, et en racontant ce qu’il l’avait inspiré, Claude Gagnon a été submergé d’émotion. « Ça m’a pris complètement par surprise, d’autant que j’ai vu mon film je ne sais plus combien de fois, ayant même fait le montage, a raconté le cinéaste après la projection. Mais revenir ici ramène des émotions, et j’ai eu un peu l’impression d’avoir raté ma présentation, dans la mesure où Les vieux chums n’est pas un gros drame. Il y a aussi des touches d’humour. »

L’émotion qu’a ressentie le cinéaste est quand même compréhensible et son film y fait bien écho. Les vieux chums est en effet inspiré de l’amitié qu’ont partagée depuis l’enfance Claude Gagnon et Luc Matte. Ce dernier reste connu des cinéphiles, puisqu’il était l’acteur principal de Visage pâle, un film que le réalisateur de Karakara a tourné en 1985. Trois ans auparavant, l’acteur était aussi de Larose, Pierrot et la Luce, le deuxième long métrage du cinéaste. Luc Matte est mort du cancer il y a 12 ans.

Dans Les vieux chums, le premier film que Claude Gagnon tourne en français depuis, justement, Visage pâle, le personnage qu’incarne Patrick Labbé est prénommé Pierrot. Celui que joue Paul Doucet se nomme Jacques Larose. Atteint d’un cancer incurable alors qu’il vient à peine de franchir la cinquantaine, Pierrot revient à Saint-Hyacinthe, sa ville natale, pour retrouver son monde. Son meilleur ami Larose veille sur lui, même s’il est parfois difficile de le faire.

« C’est davantage un film sur l’amitié, indique le cinéaste. Je voulais montrer comment la mort peut parfois aider ceux qui restent à apprendre à mieux vivre. »

Les vieux chums, dont on prévoit maintenant la sortie au début de 2021, offre en tout cas un très beau duo d’acteurs.

De Berlin à Rouyn

Sur la scène du Théâtre du Cuivre, avant la présentation de My Salinger Year, Philippe Falardeau a d’abord voulu exprimer sa reconnaissance à la direction du festival, ainsi qu’aux organisateurs d’autres évènements culturels tenus en Abitibi, notamment le Festival de musique émergente.

PHOTO FOURNIE PAR MÉTROPOLE FILMS

Sigourney Weaver dans My Salinger Year, un film de Philippe Falardeau

« Merci d’offrir au Québec un poumon culturel en ces temps peu commodes, alors que nos gouvernements ont décidé que certaines économies étaient moins valables que d’autres », a déclaré le cinéaste.

Ce rassemblement d’aujourd’hui est important, car il n’est pas possible dans le reste du Québec, où on a considéré que les rassemblements dans les IKEA et les Dollarama étaient plus valables que dans les théâtres et les cinémas. Alors merci de garder le fort pour le reste de la province !

Philippe Falardeau

Philippe Falardeau a accepté l’invitation du festival pour, d’abord, avoir enfin l’occasion de présenter My Salinger Year dans une salle au Québec devant un vrai public, même clairsemé. Mais au-delà de cette possibilité de voir enfin son film avec des spectateurs – ce qu’il n’avait pas pu faire à la Berlinale –, cette manifestation occupe une place importante dans son parcours professionnel, depuis le début. Les idées de quelques-uns de ses films sont nées grâce au FCIAT.

« Il y a exactement 20 ans, j’ai présenté ici La moitié gauche du frigo, a expliqué le cinéaste à La Presse. Je n’avais pas encore l’habitude de ce genre d’évènement, il s’agissait de mon deuxième festival à vie, après Toronto. Dans l’avion qui nous ramenait à Montréal, j’ai rencontré le cinéaste belge Pierre-Paul Renders, venu à l’époque présenter son film Thomas est amoureux. Il voyait une ressemblance entre Paul Ahmarani et Benoît Poelvoorde et on s’est mis à déconner en imaginant une histoire de frères dont l’un serait belge et l’autre québécois. De fil en aiguille, c’est devenu Congorama, un film auquel je n’aurais pas pensé, n’eût été cette rencontre ! »

Fréquentant le FCIAT assez régulièrement avec ses films, Philippe Falardeau rappelle aussi une édition mémorable, pendant laquelle est née l’idée d’une comédie politique.

« Quand je suis venu présenter Monsieur Lazhar au festival, j’ai pu faire le tour de l’Abitibi parce que des projections ont été organisées un peu partout. Marc Lemay, alors député au fédéral, m’a fait faire le tour du propriétaire dans sa voiture. Comme il connaissait tout le monde et tous les endroits, ça m’a inspiré Guibord s’en va-t-en guerre. Donc, pour moi, ce festival est plus qu’un endroit où je viens présenter mes films. »

Lancé au festival de Berlin, où il a été sélectionné comme film d’ouverture, My Salinger Year, dont les vedettes sont Sigourney Weaver et Margaret Qualley, a clôturé récemment le Festival du nouveau cinéma de Montréal grâce à une présentation virtuelle. Aux dernières nouvelles, le film de Philippe Falardeau devrait prendre l’affiche au Québec le 11 décembre, si les salles situées dans les zones rouges peuvent rouvrir d’ici là.

Pas de cinéma pour Robert Lepage, mais…

Robert Lepage était dimanche l’invité du traditionnel brunch-conférence, qu’organise chaque année le FCIAT avec une personnalité. Au cours de cet entretien diffusé en ligne, le célèbre metteur en scène a relaté les étapes de sa carrière et la vision de son art.

S’il n’a pas de projets à titre de cinéaste pour l’instant, celui qui joue le père de Martin et Denis Villeneuve dans Imelda 2 : Le notaire laisse quand même entrevoir la possibilité, peut-être un jour, de travailler une nouvelle version du Confessionnal, le premier long métrage qu’il a réalisé.

PHOTO FOURNIE PAR LE FCIAT

Robert Lepage a participé dimanche au brunch-conférence organisé par le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.

Je ne revois que les insatisfactions qui m’ont animé à l’époque. J’espère un jour pouvoir m’asseoir dans un café avec Denise Robert [productrice du film], d’ouvrir le frigidaire et de demander au distributeur de relâcher tous les négatifs, pour qu’on puisse faire un director’s cut !

Robert Lepage

N’ayant rien tourné à titre de cinéaste depuis Triptyque en 2013, Robert Lepage dit admirer les cinéastes animés d’une passion telle qu’ils sont prêts à investir plusieurs années de leur vie dans un seul projet.

« J’ai d’autres portes de sortie que le cinéma, donc je le laisse à ceux qui en mangent. Je suis très critique à propos de mes propres films parce qu’ils ne ressemblent pas à ce que je voulais faire au départ, même si j’estime avoir accompli de belles choses. Le cinéma m’a rarement amené des moments de bonheur ou des moments de fierté. Regarder un vieux film est comme regarder le fantôme de mes anciens idéaux. Je ne regarde pas beaucoup en arrière. »

Les frais de voyage ont été payés par le FCIAT.