(New York) La sélection des jurés a commencé mardi à Manhattan dans le procès ultramédiatisé d’Harvey Weinstein, après que le juge eut rejeté une demande de report de la défense et menacé le producteur déchu de détention s’il utilisait son portable à l’audience.

Au deuxième jour de ce procès crucial pour le mouvement #metoo, l’un des avocats du magnat hollywoodien, Arthur Aidala, a estimé que l’annonce la veille par le procureur de Los Angeles d’une nouvelle inculpation de l’ex-producteur pour agressions sexuelles sur deux femmes, était « sans précédent » et « incroyablement préjudiciable » pour M. Weinstein.

M. Aidala a estimé que cela constituait « un cadeau de Noël » pour l’accusation, et rendait impossible qu’un jury « équitable et impartial » puisse être sélectionné à ce stade. Il a demandé à ce que la sélection des jurés soit reportée.

Mais le juge James Burke a balayé sa demande, rétorquant que tout accusé était « présumé innocent » et que cela serait expliqué aux jurés.

La présélection des jurés dans le procès du magnat hollywoodien, prévu pour durer jusqu’au 6 mars, a commencé dans la foulée, avec la convocation de quelque 120 jurés potentiels.

Le juge a demandé à ce premier groupe de jurés potentiels si certains s’étaient « déjà fait une opinion » sur la culpabilité du producteur de 67 ans, qui se déplace difficilement avec un déambulateur.

M. Weinstein devra répondre lors du procès new-yorkais d’accusations pour un viol en 2013 et une agression sexuelle en 2006, sur deux femmes différentes. Il risque la perpétuité en cas de condamnation.

Quarante jurés potentiels ont déclaré mardi matin ne pas pouvoir être impartiaux, et ont été excusés.

Les autres devront revenir au tribunal le 16 janvier, pour une sélection resserrée et des questions plus poussées, y compris s’ils ont des proches ayant subi des agressions sexuelles. L’idée est d’écarter ceux dont l’objectivité serait affectée.

Le juge a indiqué qu’il espérait que les plaidoiries d’ouverture se tiendraient le 22 janvier.

Parallèlement à ce procès, le producteur déchu a été inculpé lundi à Los Angeles pour le viol d’une femme dans une chambre d’hôtel le 18 février 2013, et pour avoir agressé sexuellement une autre femme le lendemain.

Plus de 80 femmes ont, à ce jour, accusé publiquement Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle. Mais la plupart des faits allégués sont prescrits, ce qui explique les inculpations limitées dont il fait l’objet.

Vêtu d’un costume gris anthracite, l’ancien magnat de Hollywood a été sèchement réprimandé par le juge James Burke à l’audience mardi pour avoir utilisé son téléphone à l’ouverture des débats.

« Ça a été un problème à chaque audience », s’est emporté le magistrat, le menaçant d’ordonner son placement en détention provisoire.

« Est-ce que c’est vraiment comme ça que vous voulez finir en prison pour le reste de votre vie ? Pour des textos en violation d’un ordre du tribunal ? » a-t-il lancé.

M. Weinstein est en liberté surveillée dans l’attente de l’issue de son procès, moyennant port d’un bracelet électronique, déplacements limités et deux millions de dollars de caution.