Le coscénariste de Made in France, Éric Besnard, avait envie de changer complètement de registre à titre de cinéaste. Mettant en vedette Virginie Efira et Benjamin Lavernhe, Le goût des merveilles célèbre la capacité d'émerveillement de l'être humain à travers la rencontre inopinée d'une jeune femme, mère de deux enfants, et un inconnu qu'elle a failli écraser avec sa voiture.

D'où est venue l'idée de ce film ?

Je suis scénariste avant tout. J'ai écrit beaucoup de scripts que d'autres ont portés à l'écran. Le goût des merveilles est mon cinquième long métrage à titre de réalisateur. Les trois premiers étaient des films de genre, mais avec le temps, j'ai envie d'évoquer davantage un ressenti, d'explorer les choses de façon plus sensorielle. Ce film s'y prêtait complètement.

Votre personnage souffre d'un syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. Il entretient un rapport différent avec son environnement et les gens qui l'entourent.

Toute la construction dramatique du film repose sur le fait que, contrairement à ce qu'on retrouve habituellement, ce personnage n'évolue pas du tout. En fait, ce qui change, c'est le regard que les autres portent sur ce personnage différent, fragile, voire même gênant dans une première approche. Ce sont ceux qui entrent en contact avec lui qui évoluent. Je voulais faire un film sur l'émerveillement. La grande force de ce personnage, c'est qu'il a ça. Il a gardé cette capacité que la plupart d'entre nous perdent en devenant adultes. Nous l'avons pourtant tous déjà eue !

Avez-vous pensé à Rain Man au moment de l'écriture du scénario ?

Pas du tout. Rain Man mettait en lumière la vision d'une autre forme d'autisme, telle qu'on la voyait il y a près de 30 ans. Dans l'histoire de mon film, la différence du personnage n'est pas une pathologie. Elle évoque davantage la puissance de la fragilité. Et puis, il faut dire que notre regard et notre compréhension sur l'autisme ont beaucoup changé. 

Votre film est une oeuvre de fiction qui sublime parfois la réalité. Était-ce néanmoins une grande préoccupation de présenter la condition du personnage de façon crédible ? Au point d'aller voir sur le terrain ?

Je ne suis pas allé à la rencontre d'adultes atteints d'autisme parce que je me serais senti trop intrusif. Cela dit, je vis avec une psychologue qui travaille avec des enfants autistes. J'ai évidemment consulté plusieurs professionnels afin d'offrir le portrait le plus juste possible. Même si nous sommes dans une fiction totale, il faut que ce soit plausible, particulièrement sur cet aspect. Sinon, on sombre dans le ridicule. Une fois terminé, j'ai d'ailleurs montré le film à des spécialistes afin de m'assurer qu'il n'y ait pas d'erreurs fondamentales.

Avec Nicolas Boukhrief, vous avez signé le scénario de Made in France, un film sur la montée du djihadisme chez de jeunes Français. À la suite des attentats de Paris, il n'a jamais gagné les écrans en France.

L'idée de ce film nous est venue en 2012. Or, personne n'a voulu nous entendre à l'époque. Personne. Et quand nous évoquions les observations que font tous les médias maintenant, on nous répondait que nous allions nous faire égorger. Raison de plus pour faire le film alors ! Made in France n'est toutefois pas un film à thèse. Ça reste un polar, un film de genre, que la réalité est malheureusement venue rejoindre.

Le goût des merveilles prendra l'affiche le 8 juillet.

Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.