Jennifer Lawrence n'est pas la seule actrice actuellement au grand écran à savoir se servir d'un arc. Dans le deuxième volet des aventures du Hobbit (La désolation de Smaug - en salle demain), Evangeline Lilly tient le rôle d'une Elfe guerrière nommée Tauriel. Un personnage qui ne fait pas l'unanimité auprès des fans purs et durs de Tolkien.

Evangeline Lilly avait juré de prendre une pause. Après six ans à jouer Kate dans la série Lost et deux rôles mineurs au cinéma, l'actrice d'origine canadienne espérait se consacrer à son nouveau bébé et à sa vie de famille.

Mais quand on lui a proposé un rôle dans le nouveau film du Hobbit, elle ne pouvait tout simplement pas dire non.

«Je suis une fan de Bilbo depuis toujours, lance la femme de 35 ans, rencontrée la semaine dernière dans un hôtel de Toronto. C'est une offre que je ne pouvais pas refuser, même si je venais à peine d'accoucher.»

Dans The Desolation of Smaug, qui prend l'affiche demain, Evangeline Lilly tient le rôle de Tauriel, un personnage créé de toutes pièces par les scénaristes, qui voulaient ajouter une touche de féminité à cette histoire très masculine.

Cette jeune guerrière elfique (elle n'a que 600 ans!) est chef de la garde rapprochée du roi Thranduil, père d'un certain Legolas. Poussée par son courage et son idéalisme, elle va toutefois défier les ordres de son souverain pour aider Bilbo et les Nains dans leur périple vers la montagne Solitaire où dort Smaug le dragon. Elle sera accompagnée dans cet acte de dissidence par le fils de Thranduil... pour qui elle semble avoir un petit faible.

Un rôle difficile

La comédienne n'hésite pas à dire que Tauriel a été un de ses rôles les plus exigeants. En plus de porter une encombrante perruque rousse, elle a dû apprendre le maniement de l'arc et de la dague, ainsi que les rudiments de la langue elfique et le langage corporel de ce peuple mythologique.

«Je joue habituellement des filles dures, en jeans, avec des queues de cheval, alors que les Elfes sont plutôt élégants et gracieux. Ils ont de la prestance et maîtrisent tout ce qu'ils font avec exactitude. Tout le contraire de moi, qui suis plutôt intuitive.»

L'autre défi, dit-elle, était d'incarner un être fantastique, qui n'a d'humanoïde que l'apparence.

«Comment savoir si tu es juste quand tu joues un être aussi surnaturel? Après chaque scène, il fallait que j'aille voir la reprise dans les moniteurs, pour être sûre que j'étais sur la bonne voie. Peter [Jackson] me laissait expérimenter. Dès que je tenais le bon filon, il m'encourageait dans cette voie.»

Un personnage controversé

Incarner un personnage jusqu'ici inexistant lui a certes facilité la vie. Contrairement aux autres héros du film, Tauriel n'avait pas de comptes à rendre au livre culte de J.R.R Tolkien, ce qui lui a laissé une plus grande marge de manoeuvre.

Mais cette liberté n'a pas que de bons côtés. Car Tauriel est loin de faire l'unanimité auprès des fans purs et durs de Tolkien, qui voient dans cette invention un véritable crime de lèse-majesté.

Elle-même une grande fan du livre, Evangeline Lilly se dit sensible à ces critiques. Elle a d'ailleurs été la première à remettre son rôle en question.

«J'ai eu un mouvement de recul quand j'ai su que mon personnage n'était pas dans le livre. J'ai eu de longs débats avec Peter et les scénaristes. On s'est demandé comment faire vivre Tauriel tout en respectant l'oeuvre de Tolkien. Peter a fini par me convaincre. S'il a pu me faire changer d'idée, les sceptiques changeront peut-être d'idée eux aussi.»

L'actrice sait que ça barde actuellement sur les forums de discussions («J'ai entendu dire que les gens étaient vraiment fâchés»), mais espère que ces discussions vont enrichir le débat.

«Au fond, ça ne me dérange pas d'être au centre d'une controverse, ajoute-t-elle. Mieux vaut cela que de jouer un personnage marginal dont personne ne parle. Nous sommes des artistes, après tout, on se doit parfois de remuer la poussière.»

Des projets de livres

Plutôt discret dans La désolation de Smaug, le personnage de Tauriel devrait gagner en importance dans le troisième et dernier épisode de la série (déjà tourné), dont la sortie est prévue l'an prochain.

D'ici là, Evangeline Lilly poursuivra ses ambitions littéraires. Elle vient d'écrire un scénario de film et est actuellement en discussion avec un éditeur pour publier le premier d'une série de 18 livres pour enfants intitulée The Squickerwonkers.

Peut-être pourra-t-elle alors prendre ses distances du cinéma, qu'elle considère comme son deuxième amour après la littérature.

«Je me verrais bien faire un film par an et passer le reste de l'année à écrire des livres, dit-elle. Je ne pense pas que mon apparition dans le Hobbit me fera dévier de cette trajectoire. J'ai la tête dure. Quand je prends un chemin, je le suis. Pour moi, la gloire n'est pas vraiment importante...»

Les nouveaux personnages

Beorn (Mikael Persbrandt)

Parfois homme, parfois ours, ce personnage taciturne est le dernier survivant de la race des Change-peau. Parce qu'il déteste les Orques, il aidera les Nains à rejoindre la Forêt de Grand'Peur. Mais peut-on vraiment lui faire confiance? Le rôle est tenu par l'acteur suédois Mikael Persbrandt, vu dans Revenge, Oscar du meilleur film étranger en 2011.

Thranduil (Lee Pace)

Être cupide et arrogant, Thrandruil est le roi des Elfes de la Forêt de Grand'Peur. Le monde extérieur l'intéresse peu, si ce n'est pour le trésor du dragon Smaug. Alors que la Terre du Milieu s'assombrit, il choisit de se replier sur son royaume. Tout le contraire de son fils Legolas (Orlando Bloom, qui a un peu épaissi!), un jeune Elfe idéaliste qui partira avec Tauriel à la rescousse de Bilbo et des Nains.

Bard (Luke Evans)

Habitant la cité lacustre de Bourg-du-Lac, dernière halte avant la montagne Solitaire, «L'archer» est un mercenaire de la trempe d'Aragorn. Descendant (déchu) des anciens seigneurs du Val, il craint que l'expédition des Nains ne déchaîne la furie le dragon Smaug. Malgré ses mauvais côtés, cet homme foncièrement bon finira par jouer un rôle crucial, comme on le verra dans l'ultime volet de la trilogie. Il est joué par l'acteur gallois Luke Evans (Choc des Titans, Trois mousquetaires, l'Ombre du mal, Tamara Drewe).

Smaug (Benedict Cumberbatch)

Dans le premier volet de la trilogie, on ne voyait que son oeil reptilien. Dans le deuxième, on a enfin la chance de voir la bibitte au grand complet. Immense et terrifiant (quoique...), Smaug le dragon veille jalousement sur le butin qu'il a jadis volé aux Nains. Autant dire qu'il ne sera pas facile pour ces derniers de récupérer leur trésor, malgré l'aide de Bilbo et de son précieux anneau. Créé selon les règles de la «dragonologie», Smaug est entièrement conçu en images de synthèse. Mais c'est l'acteur Benedict Cumberbatch (Sherlock, La Taupe) qui lui a donné vie en lui prêtant sa voix et en portant des capteurs de mouvements. Sa performance, dit-il, serait directement inspirée de son paternel (l'acteur Timothy Carlton), qui lui lisait jadis Bilbo de façon particulièrement expressive.