En général vilipendée par les critiques, mais en majorité très appréciée par les fans qui en louent le respect des romans, The Twilight Saga, basée sur la série fantastico-romantique de Stephenie Meyer, a jusqu'ici rapporté plus de 2,5 milliards au box-office et près de 650 millions en DVD et Blu-ray. L'arrivée du cinquième volet, deuxième partie de l'adaptation par Bill Condon (Dreamgirls) du dernier tome, ajoutera sans aucun doute de l'eau au moulin. D'autant plus que l'enthousiasme, un peu en perte de vitesse, a repris du nerf quand a surgi la rumeur voulant que la finale de Breaking Dawn - Part 2 diffère de celle du bouquin.

C'est, d'une certaine manière, vrai. Et c'est surprenant.

Fruit de la complicité de Stephenie Meyer et de Melissa Rosenberg (qui a scénarisé tous les films), ces 20 minutes gagnent à ce qu'on en sache le moins possible pour mieux les goûter. Sans livrer le punch, disons qu'elles montrent le duel - en vain espéré dans le livre - entre les alliés des Cullen et le clan des Volturi.

Les deux femmes, rencontrées en conférence de presse, ont eu cette idée lorsqu'elles se demandaient toujours si l'adaptation de Breaking Dawn était faisable ou même souhaitable. «Si nous la faisions, il fallait "trouver" la fin, pas une finale différente, mais plus cinématographique», a indiqué Stephenie Meyer. A suivi un souper dans une grilladerie. Le vin rouge. «La viande saignante dans l'assiette», pouffe Melissa Rosenberg. Et soudain, le flash. Celui qui surgit comme un eurêka, après une partie de ping-pong pendant laquelle les idées sont échangées.

La scénariste a donc écrit cette bataille épique. C'était au réalisateur Bill Condon, qui a tourné les deux parties de ce très long métrage en même temps, de la mettre en images. «Dans ce genre de scène, il y a habituellement des chevaux, de grandes bannières, des armes. Il n'y a rien de tout ça ici puisque les créatures qui s'affrontent sont pour ainsi dire indestructibles.» Mais lui aussi avait son idée, peut-être inspirée par la page couverture de Breaking Dawn, où l'on voit des pièces d'échecs. «J'imaginais les Cullen et les Volturi avancer les uns vers les autres, comme autant de pions sur un grand échiquier blanc», formé par un lac gelé couvert de neige.

La scène en question a été tournée il y a deux ans. Mais elle est toujours fraîche dans l'esprit de Bill Condon. Moins, toutefois, que celles sur lesquelles il travaillait toujours quelques heures avant le début de la promotion du film, qui mettent en vedette la «plus ou moins jeune» Renesmee et qui sont, assure-t-il, le plus grand défi de cette aventure qui l'a occupé pendant presque trois années.

Rappelons ici que dans cet ultime volet de la saga, Bella et Edward se marient et l'impossible se produit: leur union est féconde! Bella tombe enceinte d'un hybride humain-vampire qui se développe à une vitesse folle et, au moment de la naissance, la tue. Ou presque: Edward sauve sa tendre et douce en la transformant en vampire. Fin de la première partie. La seconde suit les premiers pas de Bella dans sa nouvelle réalité et le conflit involontairement provoqué par l'enfant miracle, appelée Renesmee. Une loi vampirique dont toute infraction est passible de mort interdit de changer des enfants en vampires; or, pour qui ignore la vraie nature de la fillette, elle semble être le fruit de cet interdit. Aux yeux du clan Volturi, qui forme ce qu'on pourrait voir comme la royauté des vampires, la guerre est déclarée.

C'est le grand conflit de Breaking Dawn. Le grand défi, quant à lui, tient au fait que Renesmee, une fois née, poursuit sa croissance extraordinaire. «Chaque fois qu'on la voit, elle est différente, raconte le réalisateur. Elle semble avoir 4 mois, puis 6, puis 2 ans, 3, 4... jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge de Mackenzie Foy.» La comédienne de 10 ans, grâce aux effets spéciaux, aux images de synthèse et à la capture de mouvement, incarne le personnage à tous les âges. «Nous avons essayé d'imaginer puis de recréer ce dont elle avait l'air plus jeune, et de relier tout cela. Et ce qu'il y a de bien avec Renesmee, c'est qu'elle n'est pas complètement humaine. Donc, si quelque chose semble bizarre en elle, on peut l'attribuer à sa nature... surnaturelle.»

Laquelle ne détonne pas au sein du triangle formé par trois personnages qui, aux yeux des «Twihard», sont plus grands que nature. Et le deviennent plus encore ici.

Bella: enfin vampire!

Kristen Stewart se mourait d'incarner finalement un vampire. Comme Bella, elle n'en pouvait plus d'attendre. Mais il fallait le bon vouloir d'Edward pour que cela se produise. Trois romans et demi (et quatre films) ont été nécessaires pour le convaincre. «Edward a vu des gens être malheureux d'avoir été transformés en vampires et lui-même n'est pas particulièrement heureux de cet état. Or cet état est permanent, il n'y a pas de retour en arrière. D'où son hésitation à changer Bella», explique Stephenie Meyer.

Sauf que quand sa belle risque de mourir, il passe à l'action. Pas question de la perdre. «J'ai été chanceuse de jouer Bella humaine pendant aussi longtemps, croit aujourd'hui Kristen Stewart. Le meilleur aspect des vampires, ce qui les rend vraiment spéciaux, n'est pas seulement leurs pouvoirs, c'est qu'ils sont une version améliorée de ce qu'ils étaient quand ils étaient humains.» Passer si longtemps dans la peau de la Bella mortelle lui a permis de mieux trouver la Bella immortelle. De passer avec naturel de l'adolescente maladroite à la guerrière dure à cuire qui ne baisse ni les yeux ni les bras devant ceux qui voudraient s'en prendre aux gens qu'elle aime. Une belle revanche, croit-elle, contre ceux qui pensent que le personnage a, jusqu'ici, pris des décisions étranges. «Maintenant, tout cela a du sens et elle prouve que ça valait vraiment le coup», souligne celle qui, toutefois, n'aurait pas mis sa propre vie sur pause à 18 ans. À 22 ans, elle assure ne pas encore être rendue là où elle voudrait stopper le temps à jamais. Si jamais elle veut cela un jour, ce dont elle en doute.

À présent prête à passer à autre chose, Kristen Stewart lance: «Vous ne pouvez savoir à quel point je suis heureuse que l'histoire (de Twilight) ait été racontée. Habituellement, nous avons un horaire de cinq semaines ou de cinq mois. Là, ç'a été cinq ans. Je suis super excitée que nous n'ayons plus ce projet sur les épaules. Oui, je vais m'ennuyer de tout ça, mais il faut bouger, ne pas rester stagnant.» Prendre la route avec... On the Road de Walter Salles, par exemple, pour lequel elle fait aussi de la promotion.

Photo fournie par Films Séville

Kristen Stewart, alias Bella

Jacob: enfin l'amour!

Pauvre Jacob, épris d'une Bella qui n'a d'yeux que pour Edward! Sauf que le garçon-loup découvre dans Breaking Dawn que celle qui lui est destinée n'est pas la belle, mais... la fille de la belle! Il ne peut rien y faire, il est victime de ce «truc de loup» qu'est l'imprégnation: au premier regard avec Renesmee, il sait qu'elle est son âme soeur. Et que personne ne peut y faire quoi que ce soit, pas même une maman-vampire en furie. Taylor Lautner, qui incarne le personnage, a donc à jouer sur une ligne mince pour avoir l'air aimant sans être tordu. Après tout, l'objet de son amour est un bébé, puis une fillette de moins de 10 ans.

«Ça m'inquiétait», admet le comédien qui est reconnaissant envers Stephenie Meyer d'avoir été aussi présente pour lui. «Elle m'a dit: "Arrête d'extrapoler. Pense ici et maintenant." Elle m'a fait comprendre que l'imprégnation est un lien qui dure une vie entre deux personnes, mais qu'au moment où cela se produit entre Jacob et Renesmee, c'est quelque chose qui ressemble à ce que vivent un frère et une soeur, le plus grand protégeant la plus jeune. Je ne pouvais pas me permettre de penser plus loin.»

La situation donne quand même lieu à une scène très drôle entre Kristen Stewart et lui. Parce que Bella, quand elle découvre le lien entre sa fille et son meilleur ami, a besoin de se faire convaincre du... naturel de la chose. «C'est ma scène préférée du film», lance-t-il. Avec celle où, devant le père de Bella (Billy Burke), il enlève ses vêtements avant de se métamorphoser en loup. «C'était drôle mais, aussi, ça me rendait mal à l'aise parce que dans ces moments-là, je suis le seul à me déshabiller. En plus, il faisait toujours froid. Ils étaient tous sous leurs quatre couches de vêtements et moi, j'étais là, torse nu et en short!», rigole celui qui est entré dans l'univers de Twilight à l'âge de 15 ans, et qui en sort à 20 ans, «après avoir appris des tonnes de choses sur le métier et sur (lui)».

Photo fournie par Films Séville

Taylor Lautner, alias Jacob

Edward: enfin lui-même!

Tout en retenue avec sa Bella, humaine et fragile, pendant les trois premiers films et demi de The Twilight Saga, Edward peut se... «lâcher lousse», comme dirait l'autre, après avoir transformé sa femme en vampire. Bref, il se sent enfin serein dans son corps immortel. Au moment où Robert Pattinson, lui, doit laisser aller le personnage. «Ce qui est bien dans ce genre de série, surtout quand le personnage ne change pas, c'est d'avoir la chance de revenir à lui et d'améliorer des choses dont on n'était pas satisfait dans le film précédent», indique l'acteur qui, dans ses pauses de la saga, a flirté avec des univers plus sombres et adultes - Cosmopolis de David Cronenberg, Water for Elephants de Francis Lawrence ou Remember Me d'Allen Coulter.

Ces films ont été l'occasion, pour lui, de jouer du facteur humain qui lui était interdit dans la peau d'Edward. «Ç'a été l'aspect difficile de cette série, pour moi: interpréter quelqu'un qui ne peut pas mourir ni même être blessé ne nous donne aucun cadre. Il y a trop de possibilités, c'est étourdissant», affirme celui qui garde des souvenirs particulièrement heureux du tournage du premier film, synonyme de l'âge de l'innocence. «Personne ne savait vraiment à quoi s'attendre, mais nous voulions tous faire quelque chose de spécial. En plus, nous n'étions pas connus, nous étions une bande à avoir le même âge et nous étions excités de ce qui nous arrivait.»

Satisfait que l'aventure se termine, alors? Oui, d'une certaine manière. Il le dit sans dénigrer le travail fait: «Après le premier film, les gens ont commencé à parler de "franchise". Mais pour moi, une franchise, c'est Burger King ou Subway. Pas un long métrage. Pour un acteur, c'est quelque chose qui fait peur. On sent qu'on n'a plus aucun contrôle, ça devient un énorme mastodonte, on se sent pris au piège, on a peur de changer, ce qui est la pire chose qui puisse arriver si on désire être un artiste.»

Et là se trouvent les aspirations de Robert Pattinson, comme le prouvent les choix d'acteur qu'il a faits récemment.

Photo: AP

Robert Pattinson, alias Edward