José Saramago (1922-2010), journaliste et écrivain, monument de la littérature mondiale, Prix Nobel. Grand esprit du siècle dernier, célébré et honoré partout.



Comment aborder un tel sujet au cinéma? La réponse se trouve dans ce magnifique documentaire simplement intitulé José y Pilar, du prénom de la remarquable épouse qui a donné au maître les plus belles années de sa vie.

L’amour porte ce film qui se commence et se termine avec José Saramago s’adressant à la caméra et à sa femme: «Nous nous reverrons ailleurs.»

Lui le communiste athée, sans peur devant la mort. L’écrivain plus que lucide qui répète que l’humanité est un désastre, l’écrivain un citoyen comme les autres et que l’univers dans sa globalité ne saura jamais qu’Homère a écrit L’Iliade. Grâce à cette relation stimulante avec Pilar del Rio, donc, José Saramago aura touché à une part d’éternité.

Drôle, touchant, le film les suit pendant plus de trois ans, investit leur intimité, les traque dans leurs innombrables déplacements sur la planète, les montre, vulnérables, lors des grandes joies et des petits drames, dans le quotidien le plus ordinaire marqué par le culte presque surréaliste que porte à Saramago une foule pressante.

Savamment habillé d’une trame musicale pétillante, agrémenté d’images oniriques, d’animations et de détails savoureux – comme ces images de l’écrivain et de son collègue Gabriel Garcia Marquez somnolant lors d’un festival de littérature –, José y Pilar est un documentaire d’exception. Finalement, devant l’inéluctable, la fatigue, la maladie et la mort, personne n’a rien inventé de mieux ou de plus beau que la vie. C’est le message ultime du film et de José Saramago.

Avec sous-titres anglais et, à partir de vendredi prochain, avec sous-titres français.

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José y Pilar. Documentaire de Miguel Gonçalves Mendes. 1 h 57.