Impossible de ne pas entendre, dans The Amazing Spider-Man de Marc Webb, des échos de Spider-Man de Sam Raimi, qui ne date «que» d’une décennie. Après tout, les deux longs métrages se penchent sur les mêmes moments clés de la vie de Peter Parker/Spider-Man. Mais le point de vue et le ton sont assez différents pour faire la différence, justement. 







Nous sommes donc en présence de «la même chose, mais autrement». Et cet «autrement» vaut le détour, même si on a aimé le travail du tandem Sam Raimi-Tobey Maguire.




Ainsi, comme Joss Whedon qui a insufflé son humour à The Avengers et Chris Nolan, son côté sombre à ses «Dark Knight», Marc Webb a creusé ici les relations humaines à sa façon, qui est celle que l’on retrouve dans la comédie romantique (500) Days of Summer - avec laquelle il a fait ses débuts de réalisateur. Pour son deuxième film, il livre une histoire où l’émotion et l’action se déploient en un bel équilibre. Une histoire qui joue la corde «réaliste» plus que «bédé». Et qui est davantage celle des origines de Peter Parker que de Spider-Man.




Ce qui explique qu’il faille une bonne heure avant que Peter (Andrew Garfield, dans une performance d’une formidable justesse dans le drame comme dans l’humour et les émois amoureux) n’enfile le costume rouge et bleu. Auparavant, on le rencontre enfant, avec son père, scientifique qui étudie les araignées. Et qui disparaît après avoir confié le garçon à oncle Ben et tante May (Martin Sheen et Sally Field, touchants). 




Dix ans plus tard, Peter Parker, plus jeune que dans la trilogie de Sam Raimi (la différence de point de vue se trouve beaucoup dans ce choix), est un adolescent taciturne, mais pas sans humour, marqué par cet «abandon». Ce, malgré la présence, à l’école, de Gwen Stacy (Emma Stone, un peu trop mûre pour les 17 ans du personnage, mais que, son talent oblige, on finit par adopter comme telle), avec laquelle il tombe amoureux d’un premier amour terriblement bien rendu - et d’autant plus troublant pour ceux qui sont familiers avec la mythologie de Spider-Man.




Bref, quand il trouve des documents ayant appartenu à son père, Peter fonce. Rencontre le docteur Connors (Rhys Ifans, convainquant), qui fait des travaux sur les reptiles et tente de trouver une formule pour régénérer les membres amputés - lui-même étant manchot. C’est dans ce labo que le savant mènera sur lui-même une expérience qui le transformera en lézard géant; et que Peter se fera piquer par l’araignée mutante. Excellentes scènes, ici, dans lesquelles le garçon découvre ses pouvoirs, que ce soit dans le métro ou à l’école. Mais, aussi, impression de déjà-vu. Comme dans la scène du meurtre d’oncle Ben. 

Heureusement, l’ensemble possède sa propre couleur, son propre ton. La colère adolescente de Peter, son sentiment de culpabilité, son attitude dans un premier temps «baveuse», sa confrontation maladroite avec le capitaine Stacy (Denis Leary, excellent) qui est incidemment le père de Gwen : tout cela sent le neuf. Et le vrai. Comme la valse-hésitation des deux jeunes amoureux.

 


Et quand vient l’action, elle est fort bien servie par le 3D qui lui donne volume, vertige et vélocité, en particulier au moment du sauvetage spectaculaire sur un pont, des déplacements aériens de Spider-Man et du combat final au sommet d’un gratte-ciel. Les images de synthèse donnant naissance à Lizard sont, elles aussi, réussies, mais on regrette la décision d’avoir donné une double personnalité au personnage, qui rappelle ainsi trop le Green Goblin. Dommage aussi que la musique «pompier» de James Horner s’impose en tout temps. Et que le récit se boucle trop vite et facilement. 




N’empêche: il faut rester jusqu’à la scène post-générique. Elle donne des indices alléchants sur le prochain volet d’une franchise qui devrait cohabiter sans honte ni complexes avec celle de Sam Raimi.