À n’en point douter, Prometheus a fait saliver d’avance des millions de cinéphiles dans le monde. Pensez donc: le retour de Ridley Scott à la science-fiction, un genre qu’il a marqué de son empreinte il y a une trentaine d’années grâce à Alien et Blade Runner.







Le vétéran cinéaste s’est remis aux commandes de ce qui est, en quelque sorte, un prologue, réalisé cette fois dans une débauche d’effets spéciaux. Et le tout est servi en 3D. Le prétexte? Expliquer les événements qui ont mené à l’histoire racontée dans Alien en 1979. Après tout, si George Lucas s’est permis une série de prequels avec sa Guerre des étoiles, pourquoi Scott n’aurait-il pas le droit d’en faire autant?

Campée dans les années 2090, soit une vingtaine d’années avant l’époque décrite dans Alien, l’intrigue suit l’expédition intersidérale d’une équipe d’explorateurs, mandatée par un vieil homme très riche (Guy Pearce) pour aller sur une planète située aux confins de l’univers. Leur mission? Retracer l’histoire de l’humanité. Des indices, relevés sur une série de pictogrammes, laissent en effet croire à la révélation d’un secret sur un astre resté jusque-là inconnu. Peut-être y trouvera-t-on même l’accès à l’immortalité.

L’univers de Ridley Scott ne partageant pas grand-chose avec celui de James Cameron (qui avait quand même réalisé Aliens!), les créatures devant lesquelles se retrouvera cette bande de Terriens naïfs n’ont strictement rien des bestioles aimablement bleutées en quête de paix et d’harmonie. Ça glue, ça rugit, ça déploie une férocité inimaginable. Autrement dit, les chances de survie pour un être humain qui se retrouverait dans cet environnement, devant de telles créatures, sont à peu près nulles.

Récit sans profondeur

Le scénario suit le schéma habituel en réunissant un groupe de personnes dont les rapports, dans ce contexte, sont exacerbés. Dans ce microcosme spatial, on trouve notamment un couple de scientifiques (dont fait partie l’excellente Noomi Rapace, interprète de Lisbeth Salander dans la version originale de Millennium); la commandante au cœur de glace (Charlize Theron, impeccable); le pilote bourru (Idris Elba), sans oublier le personnage le plus intéressant, campé par Michael Fassbender. L’acteur anglais prête ses traits à un androïde majordome cinéphile, qui s’est fait un look à la Peter O’Toole afin d’émuler l’interprète de son film fétiche, Lawrence d’Arabie. Dommage que cette piste n’ait toutefois pas été mieux exploitée, à l’image de toutes ces questions qui restent en suspens dans ce film.

Sur le plan visuel et sonore, Prometheus en donne évidemment beaucoup à voir et à entendre (certains effets sonores sont d’ailleurs assourdissants). Les effets spéciaux sont de tout premier ordre, et la technologie 3D est ici judicieusement utilisée. Mais le bât blesse sur le plan du récit. Qui n’a aucune espèce de profondeur. Ridley Scott propose ici une superproduction de luxe, fort bien réalisée au demeurant, qui ne se distingue pourtant pas vraiment de toutes celles qui ont jalonné le cinéma hollywoodien depuis 30 ans. L’effet de surprise n’y est plus. Le cinéaste se serait-il laissé piéger par son propre mythe?

__________________________________________________________________

* * *


PROMETHEUS. Drame de science-fiction réalisé par Ridley Scott. Avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Guy Pearce. 2 h 03.