Il y a à peine 10 ans, les conducteurs de véhicules électriques pouvaient craindre de manquer d’énergie pour se rendre à destination, avec raison. Heureusement, la situation s’est nettement améliorée au cours de la dernière décennie, si bien que cette crainte n’a plus vraiment de fondement.

D’abord parce qu’au cours des 10 dernières années, le nombre des stations de recharge s’est accru considérablement, permettant d’améliorer le réseau et de sécuriser les automobilistes.

Pendant cette même période, les modèles de véhicules électriques ont par ailleurs gagné beaucoup d’autonomie. Rien à voir avec les premiers modèles.

Or, l’avenir semble prometteur aussi en ce sens, en raison de multiples innovations, la petite dernière étant particulièrement intéressante.

On parle ici d’une nouveauté qui, si elle voit le jour sur nos routes, devrait apaiser les conducteurs de véhicules électriques pour de bon. On l’appelle la recharge dynamique, et elle s’annonce révolutionnaire du fait que son procédé implique que les véhicules pourraient se recharger par eux-mêmes sur la route, en roulant sur des voies prévues à cet effet.

Ce séduisant procédé nous provient de nos cousins français et a fait l’objet d’essais cet automne, d’abord à Rouen, puis sur une autoroute française, l’A10, à proximité de Paris. Cette dernière période d’essai est réalisée par le groupe Vinci Autoroutes. Elle durera trois ans et bénéficiera d’un budget de 26 millions d’euros.

Les camions, les premiers visés

Comment vont-ils s’y prendre ? D’abord, il faut savoir que non pas une, mais deux technologies y seront à l’essai.

Primo, des bobines magnétiques ont été intégrées dans la chaussée, sous l’asphalte. Ce sont elles qui rechargeront les batteries, par induction, un peu par le même principe que les téléphones intelligents.

Secundo, on a testé des rails qui ont été encastrés dans l’asphalte, au niveau du sol, pour permettre aux véhicules de se connecter directement au sol afin de se recharger pendant la conduite.

Dans les deux cas, le conducteur devrait être tranquille pour une longue période d’autonomie, et donc ne pas avoir à se préoccuper d’interrompre son trajet pour trouver une borne de recharge et nourrir la batterie.

Autre avantage de ces technologies : elles impliquent des batteries qui pourront être plus légères et, par le fait même, qui seront moins fortes en consommation de matériaux rares.

Pour le moment, ces deux technologies visent toutefois particulièrement l’électrification des véhicules lourds, qui sont encore majoritairement alimentés au diesel, puisqu’ils sont trop gros pour être électriques. Cela dit, s’ils avaient accès au mode électrique et pouvaient devenir verts, on peut imaginer à quel point cette innovation serait géniale pour réduire les émissions du transport routier de longue distance.

Fait à souligner, cette technologie n’arrive pas de nulle part. Elle est grandement inspirée d’un procédé baptisé « mode attaque » qui est utilisé par les écuries de Formule E pour faire croître leur énergie au maximum durant les courses.

Pour utiliser ce « mode attaque », le pilote automobile traverse une zone précise sur le circuit pour l’activer, à l’image des procédés qui ont été mis à l’essai à Rouen et à proximité de Paris. À la différence, bien sûr, que la charge est effectuée par induction.

Technologies à l’essai

Ces essais se feront donc en deux temps. Les essais de Rouen ont été réalisés sur un sentier clos appartenant à un établissement public du ministère de la Transition écologique.

Sont venus ensuite les essais sur l’autoroute A10, à proximité de Paris. À cet endroit, les systèmes de charge ont été installés sur une section de quatre kilomètres de l’une des voies de l’autoroute. Sur cette voie spéciale, les chargeurs ne s’activeront toutefois qu’en présence de véhicules compatibles, bien sûr.

Cela dit, ces essais prévoient de tester ces technologies à une vitesse élevée, de manière à mettre les procédés au défi, à résoudre les problèmes qui pourraient survenir et à régler les détails, histoire de pouvoir déployer la technologie à grande échelle par la suite. On souhaite le faire sur des centaines, voire des milliers de kilomètres.

Une route encore parsemée de défis

Ces nouvelles technologies apparaissent emballantes, certes, mais demeurent porteuses de nombreux défis.

Pour le moment, quelques incertitudes subsistent quant au nombre de véhicules qui pourront être compatibles avec l’induction. On se questionne aussi sur la puissance de charge, qui pourrait être considérablement inférieure à une charge câblée.

Le coût élevé des installations n’est pas à dédaigner non plus et compte aussi parmi les inconvénients à considérer. Enfin, on estime que le rail conducteur peut se salir passablement et, le cas échéant, on craint qu’il puisse poser problème aux motocyclistes.

Quant à nous, restera à voir si cette technologie pourra être exportée du côté américain et, surtout, si elle conviendra à nos conditions de route en été comme en hiver…

N’empêche, dans tous les cas, il demeure indéniable que ces nouvelles technologies constituent une belle avancée dans le monde de la recharge de véhicules.