L’autonomie d’un véhicule électrique est extrêmement variable. Et plus encore quand le froid s’en mêle. Y a-t-il lieu de s’en inquiéter ?

L’autonomie d’un véhicule électrique demeure un sujet délicat. Surtout l’hiver. Combien de kilomètres seront perdus si le mercure dégringole sous les -20 oC ? « Entre 30 % et 50 % », avancent prudemment des propriétaires de véhicules électriques sur les forums en ligne. Difficile d’être plus précis considérant le nombre de paramètres à considérer. La vigueur de l’accélération, les conditions de la chaussée, la résistance des pneus, la vitesse, le vent et quoi encore ont une influence sur la sacro-sainte autonomie. Le chauffage aussi qui, à lui seul, consomme beaucoup d’énergie.

Chiffres à relativiser

Plusieurs tests réalisés ces dernières années ont quantifié l’impact de la température ambiante sur l’autonomie d’une série de véhicules électriques. Les conclusions, dans certains cas, pouvaient paraître plutôt alarmantes, il est vrai. C’est le cas notamment d’une étude publiée en 2018 par l’American Automobile Association (le pendant américain du CAA). Celle-ci concluait à l’époque que l’autonomie pouvait chuter de 41 % en moyenne lorsque la température de l’habitacle était maintenue à 21 oC.

Ces pertes d’autonomie demeurent encore d’actualité aujourd’hui, mais il est nécessaire de les relativiser. Dans le groupe de véhicules mis à l’essai, plusieurs étaient des véhicules électriques de première génération (avant 2018), donc moins efficaces. De plus, les progrès technologiques réalisés depuis la publication de cette étude (2018, rappelons-le) ont été exponentiels.

Les constructeurs ont non seulement mis au point des batteries plus puissantes, mais ils maîtrisent aussi aujourd’hui beaucoup mieux la gestion de la batterie. Laquelle est désormais optimisée par des mises à jour en direct et à distance (over-the-air ou OTA).

Pompe à chaleur

Outre une meilleure efficacité, les véhicules électriques actuels proposent (de série ou en option) une pompe à chaleur. Celle-ci se révèle – et pas juste pour les plus frileux – un incontournable pour éviter que l’habitacle ne se transforme en une chambre froide. Dès lors, les expériences vécues par les « pionniers » de l’électrique voulant que le chauffage devait impérativement être coupé pour préserver l’autonomie appartiennent à l’histoire. Enfin, presque. Le véhicule à essence (ou diesel) conserve pour l’heure l’avantage dans ce domaine et consacre une part plus importante de calories à réchauffer l’habitacle alors qu’un véhicule électrique les utilise principalement pour se mouvoir.

Toutefois, tout comme un véhicule doté d’un moteur à combustion interne, un propulseur électrique demeure sensible au froid. Pas au démarrage toutefois, lequel est, disons-le, pratiquement infaillible.

Pour maximiser l’autonomie en hiver, il est recommandé d’opter pour des pneus plus étroits et de vérifier régulièrement leur pression. Celle-ci doit être optimale pour réduire la résistance au roulement. Rappelons que la présence d’un coffre-toit augmente le coefficient de traînée aérodynamique (Cx), ce qui peut influer sur l’autonomie.

Pour tirer le maximum de l’autonomie

Plus sophistiqué que jamais, le véhicule électrique ne craint pas l’hiver, pour peu que l’on observe certaines consignes.

PHOTO FOURNIE PAR AUDI

Les constructeurs proposent des applications pour maximiser l’efficacité énergétique.

Avec une batterie plus performante enchâssée dans une architecture qui lui est propre, le véhicule électrique met à la disposition de son propriétaire des outils et des conseils pour mieux résister au froid. Cela dit, tout comme un véhicule à combustion interne, le véhicule électrique aura à se ravitailler plus fréquemment durant la saison froide. Et tout comme les moteurs à essence ou diesel, il est impératif de maintenir le réservoir d’électrons à un niveau supérieur à 20 % (c’est un minimum) en tout temps.

Pour minimiser l’impact du froid sur la batterie, il importe de se familiariser avec les différents outils offerts par les applications des constructeurs. Celles-ci se consultent sur un téléphone intelligent et permettent notamment de régler la température de l’habitacle alors que celui-ci se trouve toujours branché à une borne.

La montée en température sera plus rapide si le véhicule se trouve garé dans un garage.

L’énergie consommée pour ensuite maintenir cette température une fois en route sera généralement moins importante que celle nécessaire pour l’atteindre.

Il fait toujours froid ?

Difficile de maintenir la température ambiante sur un long parcours ? Possible, mais plutôt que de hausser la température, assurez-vous, le cas échéant, d’enclencher d’abord les fonctions chauffantes du volant et des sièges. Celles-ci sont moins énergivores. Aussi, si le véhicule est doté d’un système de climatisation/chauffage à zones multiples, veillez alors à hausser la température des zones occupées seulement. Ensuite, dirigez les aérateurs correspondants vers le buste et les bras. Actionnez le chauffage pour les pieds.

Enfin, une (re)lecture du manuel du propriétaire avant l’arrivée de l’hiver est toujours une bonne idée. Certains modèles ont un mode d’emploi bien particulier (laisser le véhicule branché en cas d’inactivité par temps très froid, par exemple).

Un ou deux moteurs ?

Pour circuler en toute confiance sur une chaussée à faible coefficient d’adhérence, quatre roues motrices valent mieux que deux. Un raisonnement qui ne s’applique pas forcément à un véhicule électrique.

PHOTO FOURNIE PAR PORSCHE

Le poids et la répartition de celui-ci sur un véhicule électrique favorisent la conduite hivernale. Toutefois, le rouage à quatre roues motrices demeure, même sur un véhicule électrique, le mode d’entraînement de choix pour nos hivers.

Ioniq 5, Volkswagen ID.4, Nissan Ariya, pour ne nommer que ces trois-là, proposent un mode d’entraînement à quatre roues motrices, c’est-à-dire un moteur électrique sur chaque essieu. Une aide à la conduite qui a, tout comme sur un véhicule à moteur thermique, un impact sur l’efficacité.

Les véhicules électriques comptant un moteur plutôt que deux parcourent en effet des distances plus importantes. En outre, ils sont financièrement plus abordables.

Dès lors et pour peu que l’efficacité énergétique figure en tête de vos critères et préoccupations, deux roues motrices devraient suffire.

Même si celles-ci se trouvent à l’arrière ? Oui, à la condition toutefois que le véhicule n’ait pas, par exemple, à gravir des pentes trop abruptes (la côte du Beaver Hall à Montréal ne compte pas).

L’importance des pneus

Le poids et la manière dont celui-ci est réparti contribuent à rendre la conduite électrique – même à deux roues motrices – parfaitement neutre et stable durant la saison blanche. Si telle devait être l’avenue que vous empruntez, alors ne lésinez pas sur la qualité des pneumatiques. Les meilleurs, rien de moins.

Le rouage intégral n’est toutefois pas un artifice inutile pour autant. Avec deux roues motrices (à l’avant ou à l’arrière), la puissance et l’instantanéité d’un propulseur électrique invitent à doser soigneusement l’accélérateur. La présence de quatre roues motrices permet de faire passer cette puissance plus aisément et procure de surcroît un filet de sécurité accru. Voilà qui explique pourquoi les véhicules électriques les plus puissants proposent d’emblée le rouage intégral.