Pas étonnant que de plus en plus de conducteurs optent pour les véhicules électriques. Les avantages sont nombreux quand on les compare aux voitures traditionnelles à essence. Ils sont plus efficaces, ils n’émettent pas de gaz carbonique, ils ont une accélération plus rapide et, surtout, ils exigent vraiment moins d’entretien pour conserver le véhicule en bon état.

Bien sûr, il y a toujours deux côtés à une médaille, et les voitures électriques présentent aussi deux inconvénients de taille. D’abord, ils demeurent chers à l’achat, et ce, même si nos gouvernements proposent certains crédits pour tenter de faire mousser leur acquisition. Deuxièmement, ils ont une autonomie qui demeure résolument inférieure à celle des voitures à essence.

La bonne nouvelle, c’est qu’on a déniché une plante prometteuse, puisqu’elle pourrait à elle seule venir résoudre ces deux problèmes d’un seul coup. On l’appelle l’algue marine, et je l’aime déjà.

Des batteries plus solides

Si on parle actuellement de ces algues marines, c’est pour leur utilisation dans la fabrication de nouvelles batteries au sodium. Il s’agirait en fait de batteries au sodium et aux algues, qui pourraient devenir une solution de rechange intéressante aux batteries au lithium pour les voitures électriques. Elles seraient d’ailleurs aussi moins coûteuses, ce qui n’est pas choquant non plus.

PHOTO IVAN ALVARADO, ARCHIVES REUTERS

Des hommes travaillent à extraire du lithium dans une installation au Chili.

Il faut savoir que l’une des raisons qui font que les voitures électriques sont toujours aussi chères est le coût élevé de production des blocs-batteries. Non seulement ils sont lourds et volumineux, mais la plupart d’entre eux utilisent aussi du lithium. Or, l’offre de lithium est plutôt limitée par les temps qui courent.

D’ailleurs, au cours de la dernière année, son prix a quintuplé, rien de moins. Par conséquent, on est en droit de s’attendre à ce que le coût des voitures grimpe lui aussi prochainement.

Voilà autant de facteurs qui ont incité les ingénieurs à se mettre au boulot pour trouver des solutions de rechange aux batteries au lithium, et dans cet élan, nombreux sont ceux qui se tournent désormais vers les batteries au sodium. Celles-ci seraient, en plus d’être moins coûteuses, plus respectueuses de l’environnement, tout en offrant une densité d’énergie plus élevée que les batteries au lithium.

Le hic, c’est que les batteries au sodium présentent actuellement un problème dérangeant, qui a même déjà retardé leur sortie sur le marché. On parle ici de la croissance incontrôlée des dendrites.

Vous avez dit… dendrites ?

Il s’agit d’une arborisation formée par de fins cristaux qui peuvent pénétrer dans le séparateur de la batterie à sodium, qui y cause un court-circuit et, par conséquent, qui provoque sa défaillance. Comme le but du séparateur est de séparer les parties fonctionnelles d’une batterie et de permettre le transport fluide de la charge, il se doit d’être protégé de toute intrusion du genre.

C’est ici qu’entrent en scène nos algues marines. Récemment, des chercheurs de l’Université de Bristol se sont aperçus que ces algues pouvaient résoudre le problème. Ils ont découvert que les nanomatériaux fabriqués à partir d’algues peuvent être utilisés dans une batterie au sodium pour créer un séparateur pas mal plus solide que celui qui est utilisé actuellement, suffisamment en tout cas pour empêcher les dendrites d’y pénétrer et d’y causer des dégâts.

Voilà qui fait beaucoup d’avantages générés par une seule forme d’algues.

Des batteries vertes

L’autre élément qui pèse fort dans la balance, c’est le côté vert des batteries aux algues, que l’on annonce plus bénéfiques pour l’environnement que ne le sont les batteries au lithium, dont l’extraction nécessite de grandes quantités d’eau et entraîne une pollution accrue de l’eau, de l’air et du sol.

Selon les chercheurs qui étudient les batteries aux algues, le stockage d’énergie pourra y être fait de manière plus responsable, tout comme la fabrication même des batteries.

Mais encore, la récolte des algues se fait elle-même de manière durable et responsable, ce qui va aussi dans le sens de la réduction de l’empreinte environnementale.

Enfin, comme les algues marines sont des végétaux qui se renouvellent constamment, les fabricants pourront utiliser cette ressource naturelle sans compromettre l’approvisionnement en nourriture, comme on l’observe dans certains pays qui se font exploiter au profit des mieux nantis. C’est le cas pour l’éthanol, par exemple, puisque celui-ci est fabriqué avec du maïs qui, autrement, pourrait nourrir les populations qui en ont besoin. Et c’est sans compter que l’extraction du lithium se fait aussi dans des régions pauvres, où les mineurs travaillent dans des conditions exécrables.

Vous en conviendrez, la piste des algues marines a beau en être à ses prémices, elle semble prometteuse sur bien des plans. Cela dit, la technologie n’est pas encore au point. Avant de la voir arriver sur le marché, il restera à prouver que son effet barrière contre les dendrites demeurera efficace à long terme et que la batterie présentera une bonne durabilité. Ce sera à suivre.