Le constructeur allemand Volkswagen joue gros avec le lancement de la sixième génération de sa voiture phare, la Golf: c'est son dernier projet mené seul avant le rachat annoncé par son compatriote Porsche.  

Le modèle en lui-même, présenté cette semaine en Islande et lancé en Europe en octobre, n'est pas une révolution: le design a été rajeuni, quelques innovations technologiques ont été ajoutées comme l'assistant parking, pour un prix de base de 16.500 euros (25 000 $CAN) en Allemagne.

Mais, cette fois, en dépit d'un marché automobile très morose, Volkswagen doit à tout prix éviter le cafouillage qui avait accompagné la sortie de la Golf V il y a cinq ans: les automobilistes avaient boudé le modèle, jugé trop cher. Conséquence, l'allemand avait finalement consenti des remises pour gonfler les ventes et sacrifié ses marges.

Retrouver des seuils de rentabilité plus élevés est d'ailleurs une des priorités de la Golf nouvelle génération. Les coûts de fabrication sont nettement plus bas, affirme VW, grâce des hausses de productivité en Allemagne de «plus de 10%».

Mais Martin Winterkorn, le patron du constructeur, se garde bien de donner des chiffres précis, y compris sur l'objectif de ventes pour 2009. L'an passé, VW a écoulé environ 600 000 unités de sa compacte. «Les temps sont durs pour l'industrie automobile», a-t-il expliqué lundi en Islande.

Pour Christoph Stürmer, analyste automobile chez Global Insight, «il y a de petites choses qui font douter» que la nouvelle Golf connaîtra la même augmentation des ventes que les autres nouveaux modèles, évaluée généralement à environ 20% sur un an.

«Volkswagen doit affronter deux facteurs contraires: la conjoncture automobile est très problématique en Europe de l'Ouest et les clients lambda risquent de ne voir dans la dite nouvelle Golf qu'une amélioration technique de la précédente», explique-t-il dans un entretien à l'AFP.

L'enjeu pour le constructeur allemand est pourtant crucial. D'abord, la Golf est son modèle le plus vendu avec 26 millions d'exemplaires écoulés depuis sa création en 1974 en remplacement de la fameuse coccinelle.

Sa valeur symbolique va même au-delà aux yeux des Allemands. «La Golf est une légende, une icône de l'industrie automobile», estime ainsi le chef du design du groupe, l'italien Walter de Silva.

Il s'agit aussi du plus important lancement depuis l'arrivée à la tête de Volkswagen de son patron, Martin Winterkorn. Et ce, alors que son principal actionnaire, le spécialiste des voitures de luxe Porsche, a annoncé vouloir en prendre le contrôle dans les prochaines semaines.

L'arrivée de son compatriote, réputé être le constructeur le plus rentable du monde, provoque des tensions chez Volkswagen, un groupe bien plus gros que son futur propriétaire et qui ambitionne de dépasser le japonais Toyota pour devenir le premier constructeur automobile mondial.

Les syndicats, par exemple, s'opposent au rachat et de nombreux cadres grincent des dents devant les critiques soulevées par le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, à l'encontre de Volkswagen.

La nouvelle Golf «est un pilier de Volkswagen», estime l'analyste Christoph Stürmer. Et «mieux la Golf marchera, moins Porsche sera dans l'obligation d'exercer son pouvoir chez VW, parce que celui-ci aura fait la preuve qu'il peut seul, et de façon indépendante» être rentable avec ses propres modèles, selon lui.