(Vancouver) Pour éviter de disparaître dans la cohue des utilitaires électriques, l’Ioniq 6 raconte une autre histoire.

Une bouffée de fraîcheur

On aurait pu la juger laide, pataude. Erreur : on lui trouve une sorte de grâce anticonformiste. En cette époque où tous les véhicules se ressemblent, l’Ioniq 6 apporte cette dose d’originalité et même cette pointe de marginalité qui attire les regards et menace l’hégémonie de la Tesla Model 3.

L’amère constatation selon laquelle « les voitures d’aujourd’hui se ressemblent toutes » ne date évidemment pas d’hier. Il faut toutefois admettre que la multiplication des modèles et, surtout, l’hégémonie des VUS accentuent cette impression. Personne n’osera émettre de tels commentaires en découvrant l’Ioniq 6. Bien que la recherche semble avoir prédéterminé la totalité de son design, cette berline a tout de même permis à ses concepteurs de faire preuve d’une salutaire fantaisie.

Audacieux déséquilibre architectural

La polyvalence de l’Ioniq 6 s’exprime surtout à travers ses lignes qui évoquent l’assemblage, plutôt que la synthèse, d’une berline et d’un coupé. La partie avant, plongeante, aussi bien que l’arrière, ramassé, célèbrent la hardiesse de la maison sud-coréenne. La singularité de ce modèle (l’anomalie, prétendront certains) vient de l’empattement qui allonge démesurément la section centrale. Cet audacieux déséquilibre architectural ne fait pas ombrage à la maniabilité ni au « toucher de route » de cette berline. Celle-ci se conduit du bout des doigts. Et dans le silence.

  • La polyvalence de l’Ioniq 6 s’exprime surtout à travers ses lignes qui évoquent l’assemblage, plutôt que la synthèse, d’une berline et d’un coupé.

    PHOTO FOURNIE PAR HYUNDAI

    La polyvalence de l’Ioniq 6 s’exprime surtout à travers ses lignes qui évoquent l’assemblage, plutôt que la synthèse, d’une berline et d’un coupé.

  • Le volume du coffre invite à privilégier l’essentiel au moment de boucler ses valises.

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    Le volume du coffre invite à privilégier l’essentiel au moment de boucler ses valises.

  • Le profil très décalé de cette berline se casse la figure dès que l’on ouvre les portes. On s’attendait à plus d’audace en matière de présentation qu’un copier-coller de l’habitacle de l’Ioniq 5.

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    Le profil très décalé de cette berline se casse la figure dès que l’on ouvre les portes. On s’attendait à plus d’audace en matière de présentation qu’un copier-coller de l’habitacle de l’Ioniq 5.

  • La singularité de ce modèle (l’anomalie, prétendront certains) vient de l’empattement qui allonge démesurément la section centrale.

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    La singularité de ce modèle (l’anomalie, prétendront certains) vient de l’empattement qui allonge démesurément la section centrale.

  • Le profil plutôt effilé de cette berline a un impact négatif sur la garde au toit à l’arrière. Les grands gabarits risquent de se lustrer le cuir chevelu contre le toit.

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    Le profil plutôt effilé de cette berline a un impact négatif sur la garde au toit à l’arrière. Les grands gabarits risquent de se lustrer le cuir chevelu contre le toit.

  • La console de l’Ioniq 6

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    La console de l’Ioniq 6

  • Le déflecteur de l’Ioniq 6

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    Le déflecteur de l’Ioniq 6

  • Le sélecteur de l’Ioniq 6

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    Le sélecteur de l’Ioniq 6

  • Les commandes de l’Ioniq 6

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    Les commandes de l’Ioniq 6

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Mais l’Ioniq 6 peut également se cabrer. Elle ne demande qu’à libérer les solides accélérations et reprises dont est capable sa double motorisation (version rouage intégral) qui lisse la poussée sans la brider jusqu’à 185 km/h, sa vitesse maximale. Pour cravacher la voiture, rien de plus simple. Il suffit de sélectionner le mode Sport qui réduit la course de l’accélérateur, durcit la direction et s’assure en permanence des services du rouage à quatre roues motrices (donc, des deux moteurs), et l’Ioniq 6 fonce.

Bien qu’elle reprenne à son compte l’architecture de l’Ioniq 5, les sensations de conduite de la 6 diffèrent. Avec quelques kilos en moins et un centre de gravité moins élevé, l’Ioniq 6 négocie avec plus de célérité les virages qui se jettent devant ses roues. Certes, la direction n’offre pas un meilleur ressenti pour autant, mais l’assiette du véhicule apparaît plus stable encore, ce qui concourt à donner plus d’assurance au volant. La suspension réalise, pour sa part, un très bon compromis entre confort et tenue de route. Quant au freinage, facile à moduler et suffisamment puissant, il se combine à un sélecteur qui règle le taux de récupération d’énergie. Cela permet de conduire la voiture sans pratiquement utiliser la pédale de frein dans des conditions normales.

Hormis le silence de fonctionnement et la fluidité de ses mouvements, c’est l’efficacité énergétique de cette Ioniq 6 qui retient le plus d’attention. Dans sa configuration à quatre roues motrices, cette berline taillée comme une goutte d’eau revendique une autonomie de plus de 500 km.

Un exploit que plusieurs marques dites à la fois traditionalistes et généralistes peinent à accomplir, même avec une batterie de plus forte densité. Une prouesse qui met aussi au premier plan l’importance des pneumatiques dans l’obtention de pareilles performances. Bien que le poids du véhicule joue ici un rôle, celui-ci a, dans le cas présent, une incidence négligeable par rapport à la dimension des pneus.

Spectacle pyrotechnique

Le profil très décalé de cette berline se casse la figure dès que l’on ouvre les portes. Bref, on s’attendait à plus d’audace en matière de présentation qu’un copier-coller de l’habitacle de l’Ioniq 5. Enfin, presque. Celui de l’Ioniq 6 autorise de modifier l’ambiance à l’aide d’un dispositif mêlant 4096 combinaisons de couleurs. Un véritable spectacle pyrotechnique. Ces signatures lumineuses sont une manière efficace et pas trop coûteuse d’afficher à bon compte le sacro-saint « contenu technologique » de l’Ioniq 6. Jusqu’à présent, ces guirlandes de diodes singulières, insolites, mais parfois aussi envahissantes, risquent d’être rapidement frappées d’obsolescence.

Même si nous saluons la place accordée aux commandes physiques à bord – moins distrayantes que celles intégrées dans l’arborescence de l’écran central –, on relève tout de même certains anachronismes. Comme ces rétroviseurs qui se téléguident à partir d’un panneau à gauche du volant.

Par ailleurs, le profil plutôt effilé de cette berline a un impact négatif sur la garde au toit à l’arrière. Les concepteurs de l’Ioniq 6 ont eu beau redessiner la banquette pour lui donner un angle plus prononcé et une assise plus basse, les grands gabarits risquent de se lustrer le cuir chevelu contre le ciel de toit. À cela s’ajoutent une entrée et une sortie plus acrobatiques. En revanche, le dégagement, tant pour les jambes, les hanches que les épaules, fait forte impression. Plus, en tout cas, que le volume du coffre, qui invite à privilégier l’essentiel au moment de boucler ses valises.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, cette berline ne recommande pas qu’on lui agrafe une quelconque remorque, contrairement à l’Ioniq 5 que d’aucuns jugeront plus accueillante. Plus fonctionnelle aussi. Pour ces deux raisons, plusieurs consommateurs lui préféreront la 5. Mais les acheteurs de la 6 n’en ont cure, ce qu’ils veulent, c’est une berline efficace sur le plan énergétique. Et surtout, une auto capable de rivaliser avec les Polestar 2 et Tesla Model 3.

Consultez le site de Hyundai Canada

Ioniq 6

Prix

De 54 999 $ à 63 999 $

Admissible aux remises gouvernementales

Oui

Autonomie présumée

  • Propulsion (1 moteur)/pneus 18 po : 581 km
  • Intégral (2 moteurs)/pneus 18 po : 509 km
  • Intégral (2 moteurs)/pneus 20 po : 435 km

On aime

  • Autonomie rassurante
  • Retour des commandes physiques
  • Style qui polarise l’attention

On aime moins

  • Volume du coffre
  • Influence marquée des pneus (autonomie)
  • Capacité de remorquage

Notre verdict

La fée électrique réenchantera-t-elle la berline ?

Fiche technique

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Ioniq 6

Moteur(s)

  • 1 moteur électrique (propulsion)
  • Puissance : 225 ch ; couple maximal : 258 lb-pi
  • 2 moteurs électriques (intégral)
  • Puissance combinée : 320 ch ; couple maximal : 446 lb-pi
  • Batterie : 77,4 kWh

Performances

  • Poids : de 1915 kg à 2094 kg
  • 0-100 km/h : 7,4 s (propulsion), 5,1 s (rouage intégral)
  • Capacité de remorquage : non recommandé

Boîte de vitesses

  • De série : automatique
  • Optionnelle : aucune
  • Modes d’entraînement : propulsion ou rouage intégral

Pneus

  • 225/55R18
  • 245/45R20

Consommation

  • 17,6 kWh/100 km (meilleure performance obtenue lors de l’essai)

Recharge

  • Niveau 2 (de 10 % à 100 %) : 7,10 heures
  • Rapide 50 kW (de 10 % à 80 %) : 73 minutes
  • Rapide 350 kW (de 10 % à 80 %) : 18 minutes

Dimensions

  • Empattement : 2950 mm
  • Longueur : 4855 mm
  • Hauteur : 1495 mm
  • Largeur : 1880 mm (rétroviseurs extérieurs exclus)

Les origines

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Prophecy Concept

On peut y voir un air de ressemblance avec la Porsche Panamera ou la défunte Infiniti J30. Pour la petite histoire, il faut rappeler que l’Ioniq 6 fut initialement présentée sous le nom de Prophecy. Celle-ci devait faire sa première apparition publique dans le cadre du Salon automobile de Genève en mars 2020. La crise sanitaire en a décidé autrement. Dans sa forme conceptuelle, la Prophecy comportait des portières antagonistes et deux manettes en guise de volant.

5, 6, 7…

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Ioniq 7

D’ici un an, la famille Ioniq accueillera un nouveau membre : la 7. Cette dernière, présentée sous une forme conceptuelle, donne un avant-goût de la mobilité de demain, où nos véhicules ressembleront à nos résidences. Les rangements ont été multipliés et deviennent presque les placards d’une maison roulante. Des fauteuils qui se déplacent, une causeuse en U qui permet de contempler les étoiles à travers un plafond vitré. Contrairement à la Seven, toutefois, la version définitive ne proposera pas aux passagers de vivre dans pareil espace convivial où l’on peut tout faire sans regarder la route. La 7 ne sera donc pas équipée d’un dispositif de conduite entièrement autonome. Du moins, pas pour l’instant.

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La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Alfa Romeo Tonale, Ford Mustang, Porsche Cayenne et Toyota GR Corolla. Si vous possédez l’un de ces véhicules ou en attendez la livraison, nous aimerions bien vous lire.

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