Au-delà de son légendaire palmarès sportif, Maserati a fondamentalement construit sa notoriété sur ses coupés et berlines de grand tourisme sculpturaux. Fière anticonformiste, l’emblématique marque italienne, vieille de 109 ans, a également traversé des périodes passablement tumultueuses sous divers propriétaires, ce qui a donné lieu à d’intrigantes créations. Maintenant que les eaux se font moins agitées sous le contrôle de Stellantis, Maserati voit plus grand. Le VUS compact Grecale est au centre de cette stratégie de croissance, mais doit-on s’en réjouir ?

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR MASERATI

L’identité de ce Grecale se forge à l’avant avec sa calandre ovale à baguettes verticales sur laquelle trône le prestigieux logo.

Le Grecale est le deuxième VUS à arborer le logo au trident. Il est basé sur la plateforme à propulsion Giorgio utilisée par entre autres l’Alfa Romeo Stelvio et dont l’empattement a été augmenté de 8 cm comparativement à celui-ci. Visuellement, les proportions restent tout de même semblables, avec l’accent mis sur un long museau, signe du positionnement longitudinal des mécaniques. Les porte-à-faux sont aussi écourtés pour ramasser le tout et assurer le dynamisme. L’identité de ce Grecale se forge à l’avant avec sa calandre ovale à baguettes verticales sur laquelle trône le prestigieux logo. Les phares complètent des ailes plutôt galbées et coiffées sur le plan latéral de trois « fausses » ouvertures comme référence historique. Il se dégage de ce design une belle assurance, surtout si l’on opte pour les livrées Modena ou Trofeo qui élargissent les voies arrière. Cela dit, sur la forme, on décèle un conformisme pouvant se confondre avec... un Porsche Macan.

À bord 

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La position de conduite plutôt basse du Maserati Grecale permet de rendre sa conduite plus immersive que celle de bien des VUS.

Maserati a longtemps cultivé son image romantique par ses habitacles. Si ses créations des dernières années empruntaient trop de pièces aux modèles FCA, sa nouvelle vague veut s’en affranchir. Le Grecale est particulièrement convaincant en ce sens, larguant toute référence tangible à d’autres modèles Stellantis. Cette fraîcheur s’accompagne d’effluves de cuirs surpiqués de belle qualité dont les contrastes de noir et de rouge s’harmonisent plutôt bien avec la fibre de carbone texturée de l’exemplaire essayé. L’assemblage est néanmoins un peu inégal. Du reste, on emprunte l’ère numérique avec un écran tactile inférieur qui contrôle presque tout. Une horloge numérique trônant au-dessus de l’écran tactile signe aussi le changement de garde. Certes, cette réorientation vers la modernité est en vogue, mais nous fait aussi regretter l’aspect tactile et la richesse des diverses matières qui composaient il n’y a pas si longtemps les véhicules de luxe.

Sous le capot 

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Le quatre-cylindres de 2 L turbocompressé de la déclinaison essayée produit 325 ch.

Le Grecale débarque avec une offre à trois moteurs. Deux quatre-cylindres turbocompressés hybrides légers de 2 L produisant 296 ch et 325 ch animent respectivement les versions GT et Modena. La livrée Trofeo reçoit rien d’autre que le cœur – moins puissant – de la supervoiture MC20, un V6 biturbo de 3 L Nettuno de 523 ch. C’est la variante médiane qui a été mise à l’essai. D’emblée, au démarrage, le caractère de cette mécanique d’origine Fiat dégage une étonnante expressivité. Rugueuse par moments, elle nécessite qu’on la brusque quelque peu pour en extirper toutes les ressources. Après un délai de réponse plutôt marqué avant les 3500 tr/min malgré l’appui électrique, elle s’active jusqu’au rupteur avec une sonorité mécanique fortifiée par le cillement du turbocompresseur. Ce quatre-cylindres n’a rien d’un foudre de guerre, avec un 0-100 km/h estimé à 5,3 s, mais arrive tout de même à nous divertir.

Derrière le volant 

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L’exemplaire Modena mis à l’essai absorbe les inégalités avec aplomb et constance, mais non sans éliminer certaines oscillations secondaires.

Malgré un partage évident de nombreux composants avec l’Alfa Romeo Stelvio, le Maserati Grecale réussit tout de même à asseoir sa propre personnalité. Sans avoir l’hyperactivité du Stelvio, sa direction semble au premier contact très légère au toucher, mais place avec progressivité le VUS en virage. Ce Grecale étale en outre nettement plus de raffinement que son cousin italien sur le plan de l’amortissement et de l’insonorisation du train roulant. Sans bénéficier de ressorts pneumatiques, l’exemplaire Modena mis à l’essai absorbe les inégalités avec aplomb et constance, mais non sans éliminer certaines oscillations secondaires. En ce sens, ce Grecale est expressif, communiquant continuellement où les transferts de poids s’opèrent. C’est exceptionnel pour un VUS. La transmission à huit rapports appuie l’agrément de conduite au moyen de larges palettes fixes en aluminium. Le freinage, pour sa part, demeure puissant et tout de même modulable pour un système à assistance électrique.

Les technologies embarquées

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Le système multimédia du Maserati Grecale

Comme bien des VUS compacts de luxe de dernière mouture, ce Grecale saute à pieds joints dans le numérique, faisant l’impasse sur l’ensemble des commandes physique, hormis sur son volant. Le noyau central de cette démarche est un nouveau système multimédia sur base Android nommé Maserati Intelligent Assistant. Il est accessible par un écran tactile de 12,3 po. En dépit d’un graphisme d’excellente qualité, ce système souffre de lenteurs passagères lorsqu’on sélectionne certains menus. La caméra de recul est aussi affectée par une image plutôt saccadée. Bref, il y a des améliorations à apporter, mais les bases sont solides grâce à une belle intuitivité et une proposition de fonctionnalités plutôt complète. L’écran secondaire de commandes intègre le contrôle tactile du volume à droite, un curieux positionnement qui n’est pas très visible à la clarté. En regard à sa sonorité, la chaîne du fabricant italien Sonus faber étale une belle profondeur sonore.

Le verdict 

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Pour certains, l’attrait d’une marque par son exotisme vaut son pesant d’or.

Pour tous les petits constructeurs, le VUS est une voie de transition incontournable pour assurer leur survivance et continuer d’offrir leurs sportives à faible diffusion. Maserati ne fait pas exception à ce principe fondamental qui guide la destinée de bien des marques. Avec le Grecale, la marque au trident diverge sans doute de sa mission première, mais non sans y insuffler un caractère séduisant. Fort équilibré sur le plan dynamique sans nous secouer comme un prunier, il étale une finesse dans la confection de son habitacle que peu de VUS compacts parviennent à atteindre. À 77 300 $ comme ticket d’entrée, la proposition est toutefois très coûteuse et la note gonfle allègrement d’une livrée à l’autre. Il y a aussi cette promiscuité technique avec le très compétent et plus abordable Alfa Romeo Stelvio. Mais, pour certains, l’attrait d’une marque par son exotisme vaut son pesant d’or.

Carnet de notes

Pourquoi Grecale ?

À l’instar de plusieurs modèles de la marque nommés en référence à un vent, le nom Grecale vient d’un vent soufflant sur le nord-est de la Méditerranée.

L’électrique en vue

Alors que Maserati opère sa réorientation vers le tout-électrique, le Grecale aura bientôt sa propre version sans moteur thermique. Nommée Folgore, elle sera la variante la plus puissante avec 557 ch et une autonomie estimée de 500 km en cycle européen.

Des quatre-cylindres soutenus par des électrons

Pour rendre les quatre-cylindres turbo du Grecale plus vifs, un compresseur électrique intervient à bas régime, là où le turbocompresseur présente un creux. Le résultat n’est pas toujours convaincant, mais la puissance est généralement progressive.

Un bel accueil pour les passagers arrière

Avec une ouverture amplement suffisante ainsi qu’un grand dégagement pour les jambes et la tête, les passagers arrière sont nettement plus choyés qu’à bord de l’Alfa Romeo Stelvio.

Cachez-moi ces poignées !

Dans un dessein d’efficacité aérodynamique, les poignées extérieures des portières sont incurvées, ce qui est a priori contre-intuitif, car on doit les actionner du bas.

Fiche technique 

  • Modèle à l’essai : Maserati Grecale Modena
  • Moteur : L4 SACT 2 L turbocompressé hybride léger
  • Puissance : 325 ch à 5750 tr/min
  • Couple : 332 lb-pi de 2000 à 4000 tr/min
  • Transmission : automatique à huit rapports avec mode manuel
  • Architecture motrice : moteur longitudinal avant, transmission intégrale
  • Consommation (ÉnerGuide) : 9,4 L/100 km (octane 91 recommandé)
  • Prix (avec options) : 109 350 $ (fourchette de prix entre 77 300 $ et 133 100 $ pour toutes les versions)
  • Concurrents : Alfa Romeo Stelvio, Audi Q5, BMW X3, Genesis GV70, Jaguar F-Pace, Land Rover Range Rover Velar, Mercedes-Benz GLC, Porsche Macan et Volvo XC60
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