(Cologne, Allemagne) « Nous ne vous montrerons pas tout », préviennent dans un grand éclat de rire nos hôtes. Dans les locaux de Gazoo Racing, filiale sportive de Toyota, la discrétion est de rigueur. Si le musée de fortune aménagé dans un local trop exigu et trop bas (attention à la tête si vous faites plus de 1,80 m) est le seul endroit où il est permis de circuler en toute liberté, les autres lieux demeurent hors de portée des visiteurs.

Dans ces secteurs de cet énorme bâtiment dissimulé dans un quartier industriel de Cologne, on aime les secrets. Au point de ne révéler qu’avec parcimonie la nature des travaux en cours ou le nom de certains clients. Parmi ceux-ci, on retrouve une entreprise nautique dont on ne connaîtra jamais l’identité, mais aussi l’écurie de course McLaren. Celle-ci utilise principalement l’immense soufflerie qui, jadis, modelait l’épure des Toyota engagées dans le Championnat du monde de Formule 1.

50 ans d’histoire

Fondée en 1972 par le pilote de rallye suédois Ove Andersson, Gazoo Racing s’appelait le Toyota Team Europe (TTE). Il s’agissait d’une entité qui avait alors pignon sur rue à Bruxelles avant d’être relocalisée, en 1979, à Cologne, en Allemagne, où elle n’a depuis cessé de croître. Pour mieux répondre aux besoins de Toyota, bien sûr, mais aussi à ceux de ses équipes clientes qui défendent ses couleurs en compétition. C’est ici que sont développés les prototypes d’endurance (WEC) et du championnat du monde des rallyes (WRC). Un petit atelier de production composé d’un groupe de techniciens spécialisés assemble ici une vingtaine de mécaniques de course destinées à la Yaris du World Rally Championship (WRC). Le montage nécessite 14 jours de travail.

De la Formule 1, il ne reste plus grand-chose. À part une demi-douzaine de monoplaces, des moteurs grimpés sur des socles et quelques trophées qu’on dépoussière rarement. Contrairement à ces cinq autres trophées sur lesquels tous les projecteurs sont braqués pour nous rappeler les triomphes (2018-2022) du constructeur japonais aux 24 Heures du Mans.

PHOTO ÉRIC LEFRANÇOIS, COLLABORATION SPÉCIALE

De la présence de Toyota en Formule 1 (2002-2009), il ne reste plus grand-chose. Quelques monoplaces, une poignée de moteurs et de rares trophées.

Outre la soufflerie qui fait envie, le siège de Gazoo Racing abrite également un simulateur de conduite à la fine pointe de la technologie. Bien que les pilotes d’usine aient chacun leur casier pour y remiser gants, casque et bottes, le simulateur ne leur est pas exclusif. Des équipes privées peuvent s’en servir moyennant un débours pouvant atteindre 20 000 euros par jour (environ 29 000 $ CAN).

Tourné vers l’avenir

Mais la raison d’être de Gazoo Racing ne se limite pas à rendre uniquement des services au monde extérieur.

Quelque 430 employés provenant de 32 nationalités différentes y travaillent. Tous ont pour objectif d’éprouver des technologies futures de Toyota.

C’est ici que le système hybride de la marque a été peaufiné après avoir été intégré aux prototypes d’endurance.

À l’heure actuelle, Gazoo Racing gère 60 projets internes, et bien malin qui pourra dire lesquels. Mais, chose certaine, plusieurs gravitent autour de recherches vers une alimentation plus verte de nos autos. De l’électricité, bien sûr, mais aussi des carburants de synthèse et de l’hydrogène, source d’énergie qui pourrait très bien propulser les futurs prototypes d’endurance de Toyota lors des 24 Heures du Mans 2025. En parallèle, Gazoo Racing poursuit ses études pour remplacer la fibre de carbone (fortement utilisée en compétition et, dans une moindre mesure, dans les véhicules de monsieur et madame Tout-le-Monde) par un procédé plus naturel, plus écologique et (presque) tout aussi résistant. Des travaux, des recherches qui visent à assurer les transferts de technologies de la course vers la grande série. Et vice-versa.

Le travail de Gazoo Racing se manifeste déjà sur notre continent avec les Toyota 86, Supra et, plus récemment, Corolla. Trois modèles qui, pour obtenir le label GR (Gazoo Racing), ont transité par les ateliers de Cologne avant d’entreprendre une carrière commerciale. Au menu, des performances plus relevées, un comportement plus dynamique et une présentation plus incisive. Cette dernière particularité a visiblement ses adeptes, puisqu’en Europe, plusieurs produits de la marque sont offerts avec l’ensemble GR Sport, qui rallie une clientèle plus soucieuse des apparences que des prestations.