Comment répondre aux demandes massives d’énergie tout en misant sur la carboneutralité ? Ces années-ci, voilà l’un des grands défis auxquels font face les chefs d’État des pays du monde entier, qui se creusent les méninges pour trouver des solutions afin de concilier le tout...

Or, tout indique que l’hydrogène vert pourrait présenter un potentiel susceptible de leur venir en aide. C’est du moins ce qui ressort d’une étude menée en Afrique qui a été commandée par la Banque européenne d’investissement, l’Alliance solaire internationale et l’Union africaine pour vérifier la faisabilité du développement de ce mode d’énergie.

Les résultats sont très intéressants. Selon cette étude, non seulement l’hydrogène vert est prometteur, mais il pourrait aisément être exporté partout dans le monde. Voilà un avantage qui n’est pas banal pour ce continent qui en a bien besoin. L’hydrogène vert permettrait enfin de placer l’Afrique à égalité avec les grandes puissances mondiales.

Un investissement de plusieurs milliards

Au cours des prochaines années, il est déjà prévu que des milliards de dollars seront investis pour soutenir le développement de l’hydrogène vert. D’où l’initiative de commander cette étude, histoire d’aider les autorités à guider leurs futures décisions.

Le rapport qui en est ressorti a pour titre L’extraordinaire potentiel de l’Afrique dans le domaine de l’hydrogène vert, et il démontre que cette ressource énergétique serait économiquement viable, pourvu que son coût de production demeure sous les 2 euros le kilo (l’équivalent ici de moins de 3 $ CAN).

De ce fait, l’hydrogène vert aurait la capacité de stimuler la croissance économique sur l’ensemble du continent africain, tout en réduisant de 40 % les émissions de CO₂ sur son territoire.

L’énergie des sources renouvelables et de l’hydrogène vert

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Cette Mirai, de Toyota, est une voiture à hydrogène.

Quand on songe aux besoins socio-économiques des pays africains et au potentiel de production d’hydrogène vert qu’ils recèlent, il apparaît logique que ceux-ci démontrent un intérêt marqué pour ce combustible.

Sur leur continent, les Africains possèdent des sources d’énergies renouvelables impressionnantes, que l’on pense à l’énergie solaire, à la géothermie ou à l’éolien. Or, on retrouve aussi là-bas en abondance certaines matières premières essentielles à l’électrolyse, qui sert à séparer l’eau en hydrogène et en oxygène.

L’un des grands avantages de l’hydrogène vert est qu’il est très propre. Il ne génère pas de dioxyde de carbone, ni aucun autre gaz à effet de serre (GES) d’ailleurs, en plus de receler une belle capacité de stockage et de transport pour disposer de l’excédent d’hydrogène.

Par ailleurs, le surplus pourrait aussi être utilisé comme source d’énergie supplémentaire pour compléter les énergies renouvelables qui ne peuvent être produites que pendant certaines heures de la journée et de la nuit. Voilà qui pourrait donc permettre de garantir un approvisionnement régulier et adéquat en électricité, et ce, en toutes circonstances.

Dans le cas de la technologie solaire photovoltaïque, par exemple, il est démontré que le monde pourrait bénéficier de l’électricité la moins chère. En effet, dans beaucoup de pays africains, il serait possible de produire de l’électricité à un coût de moins de 2 euros par kilogramme, et ce, d’ici à 2030. Or, 2030, c’est demain...

Pas mal comparativement aux coûts astronomiques de 60 à 70 $ US que les acheteurs doivent débourser pour un baril de pétrole.

Bref, c’est dire que l’Afrique, avec cette électricité, pourrait passer à l’étape suivante, celle de fournir un carburant beaucoup plus respectueux de l’environnement que les combustibles fossiles actuels, tout en étant moins coûteux.

Des facteurs fondamentaux 

L’étude se projette dans le temps. Elle estime que pour atteindre l’objectif de production de 50 millions de tonnes d’hydrogène vert en Afrique d’ici l’année 2035, il sera toutefois nécessaire de tenir compte de certains facteurs incontournables.

Tout d’abord, on indique qu’il faudra mettre en place des programmes spécifiques pour encourager les investissements et pour mener des projets pilotes qui sauront démontrer le succès de la production, du stockage, de la distribution et de l’utilisation de l’hydrogène vert.

Il sera par ailleurs important de renforcer la coopération partout dans le monde pour vaquer à la construction et à l’exploitation des infrastructures, en créant des partenariats à l’échelle nationale et internationale.

Le cas échéant, si l’on se fie à cette étude, l’Afrique pourrait devenir un acteur important. En investissant dans l’hydrogène vert, il serait effectivement possible de réduire de 40 % les émissions de dioxyde de carbone sur le seul continent africain, en évitant le rejet de 500 millions de tonnes de CO₂ chaque année.

Grâce à son approvisionnement en hydrogène vert, le continent serait en mesure de fournir 25 millions de tonnes aux marchés mondiaux de l’énergie, et pourrait jouer un rôle fondamental dans la transformation de l’Afrique, bien sûr, mais également à l’échelle mondiale.