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Debbie Lynch-White l’avoue d’emblée et sans hésiter : jamais dans toute sa carrière d’interprète elle n’a eu à composer avec une partition aussi intense que celle du solo Tremblements, présenté à compter du 14 novembre à Espace Go.

« L’intensité est à broil, du début à la fin », lance l’actrice en riant.

Cette pièce écrite par le Torontois Christopher Morris raconte les questionnements et les traumatismes de Marie, infirmière montréalaise de retour d’une mission humanitaire en Afrique avec Médecins sans frontières. Pour écrire son texte, le dramaturge a suivi pendant des années une infirmière du nom de Lisa, qui a participé à sa première mission d’aide à l’étranger. Il l’a même accompagnée sur le terrain, en situation de conflit. La pièce est une fiction documentée librement inspirée de l’histoire de cette Montréalaise.

« Lorsqu’on rencontre le personnage de Marie, elle est au milieu du trauma, ajoute Debbie Lynch-White. Elle est revenue d’Afrique complètement démolie. Elle y a vu les pires horreurs. Elle est en choc post-traumatique et se pose de grandes questions. Elle veut dépêtrer le bien et le mal dans ses souvenirs. Pour essayer d’aller mieux. »

C’est le genre de pièce qui t’agrippe, te tire dans le magma et te recrache au bout. C’est chargé dès la première minute !

Édith Patenaude, metteure en scène de Tremblements

« C’est un vrai choc de rentrer dans ce texte très confrontant, ajoute la metteure en scène Édith Patenaude. Comment être en sachant tout ce qu’on sait sur le monde et ses iniquités ? Comment aider vraiment dans ces circonstances ? Est-ce que l’impact est forcément positif si les intentions de départ sont bonnes ? Ce sont des questions extrêmement complexes. »

« Avant de lire cette pièce, je ne mesurais pas le niveau de danger auquel les travailleurs humanitaires sont exposés, avoue Debbie Lynch-White. L’adrénaline, la solidarité qui se construit, le sentiment d’impuissance. Tout est exacerbé. Aujourd’hui, je me demande comment on peut revenir à une vie normale après ça… »

Un projet au long cours

Debbie Lynch-White est impliquée dans ce projet depuis cinq ans déjà. À l’époque, Christopher Morris cherchait une interprète montréalaise pour porter Tremblements sur scène. « Il m’a approchée alors que sa pièce ne tenait que sur deux pages. Il a fait plusieurs allers-retours entre Toronto et Montréal. On a fait beaucoup d’exploration, la pièce est passée par plusieurs voies. »

Comment décrire le résultat final ? « Le texte est un flot, un souffle. C’est cru, c’est direct. L’écriture ne passe pas par quatre chemins. Je n’ai pas peur de le dire : je suis terrorisée par ce projet. Mais cette terreur est pour moi un moteur. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Debbie Lynch-White (à gauche) travaille avec la metteure en scène Édith Patenaude sur ce projet « terrorisant. »

Édith Patenaude éprouve un peu le même sentiment. « Je me sens en danger comme metteure en scène, car il y a quelque chose de radical dans l’écriture. On n’est pas dans le confort. Même s’il y a de l’humour, le texte est inconfortable et frontal. On n’a pas le choix d’embarquer pleinement. Parce que c’est là que ça existe. »

« Pour Debbie, cette pièce est de l’ordre de la performance. Il faut du courage pour jouer ce texte. Je lui dis toujours ‟Bonne chance” avant que ça commence ! », ajoute-t-elle.

Ces mots ne sont pas anodins. Car soir après soir, Debbie Lynch-White va se lancer à corps perdu dans un torrent qui l’emportera comme un bouchon de liège.

Après chaque répétition, je suis épuisée physiquement et émotionnellement. La charge sur le corps est spéciale, immense. Ça me prend du temps pour revenir de ça. Je vais avoir besoin que l’équipe me prenne dans ses bras après chaque représentation.

Debbie Lynch-White

Ce nouveau projet théâtral suit de près la fin du tournage du film Les belles-sœurs, dans lequel Debbie Lynch-White incarne Des-Neiges Verrette, « la vierge romantique amoureuse de son marchand de brosses ».

« Tu le sais quand la mayo pogne ou pas sur un tournage et ici, on travaillait avec le crème de tous les départements. J’assume de mettre la barre haute : ce film-là va être écœurant ! J’ai très, très hâte de voir le résultat final. »

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Tremblements

Tremblements

Texte de Christopher Morris, mise en scène d’Édith Patenaude. Avec Debbie Lynch-White.

Espace Go, Du 14 novembre au 2 décembre

Aussi à l’affiche

Pompières et pyromanes

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

L’autrice et essayiste Martine Delvaux verra son essai adapté au théâtre à Québec.

Pour clore 2023, le Trident à Québec présente Pompières et pyromanes, une pièce d’après l’essai du même nom de Martine Delvaux. L’autrice et essayiste y interroge le legs de sa génération dans une lettre adressée à sa fille, Éléonore Delvaux-Beaudoin. Celle-ci fait partie de la distribution avec huit autres interprètes. La mise en scène est signée par le bureau de l’APA, reconnu pour son « théâtre indiscipliné ». Ce groupuscule d’artistes polyvalents de la Capitale-Nationale signe des œuvres qui visent à nous secouer dans nos certitudes. Dans ce spectacle, « il sera non seulement question d’urgence climatique, mais également d’amour filial, de sorcières et d’une centaine de conifères qui ne cherchent qu’à vivre », écrit-on dans le communiqué.

Jusqu’au 2 décembre, au Grand Théâtre de Québec

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Luc Boulanger, La Presse

Le roi danse

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Mattis Savard-Verhoeven (Louis XIV) au centre, Simon Landry-Désy (Lully) et Jean-François Nadeau (Molière)

La 60saison du Théâtre Denise-Pelletier se poursuit avec la pièce Le roi danse, d’Emmanuelle Jimenez. Celle-ci a adapté pour la scène le film à succès de Gérard Corbiau, sorti en 2000, lui-même inspiré du roman Lully ou le musicien du soleil. L’histoire raconte la rencontre entre le Roi-Soleil, le compositeur Lully et Molière. Sous la direction de Michel-Maxime Legault, l’œuvre illustre la passion de ce trio qui se consacre à la perfection de son art, entre musique, danse et théâtre. Avec Mattis Savard-Verhoeven (Louis XIV), Simon Landry-Désy (Lully), Jean-François Nadeau (Molière), ainsi que Sharon Ibgui, Marie-Thérèse Fortin et Marcel Pomerlo.

Du 14 novembre au 9 décembre, au Théâtre Denise-Pelletier

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Luc Boulanger, La Presse

Mascarades

PHOTO JUSTINE LATOUR, FOURNIE PAR L’AGORA DE LA DANSE

Mascarades, de Katia-Marie Germain

Présenté dans une première ébauche à Tangente en 2021, la pièce Mascarades sera créée la semaine prochaine. Le spectacle réunit six interprètes féminines dans un huis clos inspiré des codes du cinéma et de la peinture. Dans cette œuvre scénique se déploie l’écriture chorégraphique « quasi graphique » de Katia-Marie Germain, dans un décor qui recrée les pièces d’une demeure fictive où l’on présente des portraits de femmes. « Dans un mouvement épuré empreint de pudeur, tantôt fragiles et fortes, ces femmes se livrent à une délicate énigme teintée de culpabilité, de simulacre et de disparition. »

Du 15 au 18 novembre, à l’Agora de la danse

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Luc Boulanger, La Presse

Palomar

IMAGE FOURNIE PAR CASTELIERS

Palomar

Casteliers accueille cette semaine les créatrices et marionnettistes Raquel Silva et Alessandra Solimene avec l’adaptation en théâtre de papier de Palomar. Une œuvre de l’auteur Italo Calvino, dont on souligne le 100anniversaire de naissance. Une production de la compagnie Pensée visible (France-Italie). « Palomar est un spectacle brillant d’intelligence et de charme […] un théâtre visuel de qualité », a écrit le critique Mathieu Dochtermann, sur le site Toutelaculture. Spectacle pour adultes (14 ans et plus) présenté du 9 au 11 novembre à la Maison des arts de la marionnette. Par ailleurs, Casteliers présentera aussi aux Écuries, les 15 et 16 novembre, le solo L’ivresse des profondeurs de la marionnettiste iranienne Sayeh Sirvani.

Les 9, 10 et 11 novembre, à la Maison des arts de la marionnette

Consultez le site de Casteliers

Luc Boulanger, La Presse

From the Circus to the Cemetery

PHOTO FOURNIE PAR L’USINE C

The Tiger Lillies, un trio légendaire qui célèbre ses 35 ans de création.

Après avoir tourné partout dans le monde, le trio The Tiger Lillies revient au Québec avec un spectacle fidèle à son esthétique macabre et grinçante, intitulé From the Circus to the Cemetery. Le groupe britannique fondé par le compositeur et chanteur Martyn Jacques continue de secouer le public avec des performances multi-instrumentales, jonglant avec l’accordéon, le piano, la batterie, la basse, la scie musicale et le ukulélé. Une proposition underground et punk propre au style unique des Tiger Lillies.

Du 9 au 11 novembre, à l’Usine C

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Luc Boulanger, La Presse