La famille Addams reçoit ces jours-ci au Théâtre St-Denis. Sous la gouverne avisée du metteur en scène René Simard, l’étrange clan a mis les petits plats dans les grands. Résultat : la comédie musicale qui leur est consacrée est un pur (et réjouissant) divertissement.

Les personnages créés par Charles Addams il y a presque 100 ans n’en finissent plus de renaître de leurs cendres. La série télévisée Wednesday, imaginée par Tim Burton, a remis cette macabre famille sous les projecteurs, comme en témoignaient les nombreuses fillettes affublées des tresses sombres de Mercredi le soir de la première, lundi, au St-Denis.

Difficile donc de trouver un meilleur moment pour offrir la version française de ce spectacle présenté avec succès à Broadway. Les diffuseurs ont eu du flair, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais le succès assuré qui attend La famille Addams est plus qu’une affaire de timing gagnant.

Cette production à grand déploiement – qui réunit sur scène une distribution de 28 interprètes-danseurs et 7 musiciens – tranche avec les spectacles plus minimalistes présentés récemment à Montréal.

D’ailleurs, dès le tableau d’ouverture, le public a compris que cette fois, on avait fait les choses en grand. Au milieu d’un décor spectaculaire qui émerge des quatre coins de la scène, les membres de la famille Addams se présentent dans une chorégraphie minutieusement rodée, pendant que les spectres de leurs ancêtres (tous vêtus de blanc, mais chacun rappelant une époque historique précise) n’en finissent plus de sortir du caveau familial. Ça tourbillonne dans tous les coins pendant que la musique nous emporte.

Cinq minutes et les spectateurs sont conquis. Et le fait de ne connaître aucune des chansons n’entame en rien le plaisir !

Les qualités vocales des interprètes ajoutent beaucoup au pouvoir de séduction de ce spectacle. Tous sont d’une justesse et d’une puissance qui forcent l’admiration. Dans le rôle de Mercredi, l’aînée tombée amoureuse d’un garçon on ne peut plus ordinaire, Alexandra Sicard oscille parfaitement entre morbidité assumée et désir d’être aimée. Rita Tabbakh est une Morticia tout en sensualité. Et Luc Guérin ? Il est un Gomez Addams plus drôle qu’inquiétant, avec sa partition de père déchiré entre la promesse faite à sa fille et les exigences de sa femme.

  • Cette production à grand déploiement en met plein les yeux et les oreilles.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Cette production à grand déploiement en met plein les yeux et les oreilles.

  • Tommy Joubert interprète avec beaucoup de drôlerie et de tendresse le rôle de l’oncle Fétide.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Tommy Joubert interprète avec beaucoup de drôlerie et de tendresse le rôle de l’oncle Fétide.

  • La chorégraphie d’ouverture est rodée au quart de tour.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    La chorégraphie d’ouverture est rodée au quart de tour.

  • Luc Guérin et Alexandra Sicard sont tous deux d’une grande justesse dans le rôle d’un père et de sa fille en quête d’émancipation.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Luc Guérin et Alexandra Sicard sont tous deux d’une grande justesse dans le rôle d’un père et de sa fille en quête d’émancipation.

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Toutefois, notre coup de cœur reste Tommy Joubert, dans le rôle de l’oncle Fétide, un personnage délicieusement décalé et attendrissant qui veillera à ce que les amours de sa nièce ne soient pas déçues.

Pour enfants et adultes

S’il faut trouver une faille dans cette belle réussite, elle est peut-être dans la durée du spectacle qui s’étire sur presque trois heures (entracte compris). C’est beaucoup, surtout pour un spectacle qui attirera sûrement bien des enfants déguisés en Mercredi (ou en son frère Pugsley). Certains duos auraient pu être écourtés, voire carrément retirés sans qu’on y perde beaucoup au change.

D’ailleurs, les thèmes abordés dans La famille Addams risquent de refroidir un peu les petits spectateurs. Disons-le, ce spectacle n’a pas vraiment été écrit pour eux. Il est beaucoup question ici de relations amoureuses, d’acceptation de la différence, d’usure du couple… Il y a aussi quelques blagues salaces qui les laisseront perplexes devant les éclats de rire des adultes.

Mais hormis ce bémol, cette comédie musicale a de quoi réconcilier avec le genre ceux que de récentes productions de moindre envergure avaient laissés sur leur faim.

Consultez le site du spectacle
La famille Addams

La famille Addams

Comédie musicale de Marshall Brickman et Rick Elice. Musique et paroles Andrew Lippa. Mise en scène René Simard.

Au Théâtre St-Denis jusqu’au 5 novembre, puis du 21 décembre au 7 janvier ; à la salle Albert-Rousseau, à Québec, à la fin 2024

8,5/10