Avec un univers et un langage ancrés dans le Montréal d’aujourd’hui, Miro Chino propose avec Bons Times Bad Times un premier album actuel qui mêle le hip-hop à une foule d’autres influences. Portrait en quatre points d’un nouveau venu intelligent et ambitieux.

Le personnage

Quand on demande à Miro Chino de se décrire, son premier réflexe est de dire qu’il est né et qu’il a grandi à Montréal. « Ça fait vraiment partie de mon identité », dit le jeune homme de 23 ans qui a déménagé souvent dans sa vie. « Être toujours un peu sur le fly, rencontrer du monde de plusieurs milieux, ça fait partie de moi. » La musique est entrée dans sa vie quand il était au secondaire, et il a vite compris qu’elle pourrait lui permettre de s’exprimer tout en canalisant ses énergies. Après avoir tâté du gros rock, des ballades folk et chanté en anglais, il s’est tourné vers le hip-hop en français… pour l’instant. « C’est ma phase actuelle », dit celui qui ne se décrit pas comme un rappeur, mais comme un artiste. « Le rap, c’est une culture que j’admire et consomme, mais je ne sens pas que j’y appartiens. J’emprunte des éléments, comme j’en emprunte au jazz. » Miro Chino a été finaliste au Festival international de la chanson de Granby en 2022, et c’est là que son personnage, qui existe depuis deux ans, s’est cristallisé. Mais qui est Miro Chino ? « Ce n’est pas un personnage fictif. C’est comme si je prenais ma propre vie et que je la magnifiais un peu. Sur scène et dans l’album, je me permets d’aller aux extrêmes de ma personnalité. »

La musique

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Il y a de la programmation et des beats sur Bons Times Bad Times, mais aussi de vrais instruments sur toutes les pièces : de la guitare, de la basse et de la batterie, des cuivres, des cordes… « Ça a toujours été dans mes plans de faire un album de rap orchestral, avec de l’instrumentation. » Le réalisateur Philippe Brault, qui a travaillé aussi bien en musique pop qu’en théâtre et au cinéma, lui a permis de concrétiser ce qu’il avait en tête. « Il y a des tounes pour lesquelles j’avais programmé des beats, mais ça manquait de profondeur. Philippe a composé des parties de quatuor à cordes par-dessus. Je rêvais de ça, que quelqu’un mette de la musique de film sur mes chansons. » Miro Chino est un autodidacte de la musique qui a compris en faisant l’album que l’important était de bien s’entourer. La plupart de ses musiciens ont d’ailleurs une formation en jazz du cégep de Saint-Laurent. Il est très fier de les avoir recrutés lui-même – « ce sont tous des gens que j’ai rencontrés de manière organique » – et d’avoir su leur transmettre sa vision. Quelle était-elle ? « J’écoute de tout dans ma vie, et j’avais envie de tout mettre. L’exercice était de dire : « OK, comment on peut concentrer toutes ces influences et faire un tout cohérent, avoir ma couleur ? » »

Le propos

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On peut s’arrêter aux anglicismes et aux expressions qu’utilisent les jeunes entre eux, mais les textes de Miro Chino sont aussi bourrés de jeux avec la langue et de références, ils ont du rythme et du punch. « J’écrivais avant de faire de la musique. Pour moi, 50 % de la chose, c’est les mots. » C’est parce qu’il veut faire un compte rendu authentique du monde qui l’entoure qu’il a choisi ce langage : c’est celui qu’il utilise tous les jours, dans le Montréal qu’il connaît. Et il a fait le choix du français justement pour être au plus près de ce qu’il est. « Chaque parole que je dis est sincère. En anglais, j’avais tendance à écrire des trucs plus imaginaires. » La langue choisie est en phase avec le propos, puisque Bons Times Bad Times est un journal intime qui le ramène à une période de sa vie « qui va de l’avant-pandémie à la pandémie », pendant laquelle il était parfois déprimé et où il consommait beaucoup. « Là, je ne suis plus pantoute là-dedans ! Mais chaque chanson est rattachée à un souvenir. » De bons ou de mauvais souvenirs ? « Les deux. C’est pour ça que l’album s’appelle Bons Times Bad Times ! Je remarque que les bons times et les bad times vont de pair. J’aurais raté ces apprentissages qui viennent avec les mauvaises expériences. »

La suite

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Miro Chino

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Maintenant que l’album est sorti, Miro Chino pense d’abord aux spectacles, en particulier son lancement qui aura lieu le 25 octobre. « C’est pas mal mon évènement de l’année. Sinon, à moyen terme, j’ai déjà commencé à écrire le deuxième album. » Il va aussi travailler sur sa voix – son registre très grave, qui est sa signature, est aussi un frein. « La réalité est que… j’ai toujours eu de la misère à chanter ! dit-il en souriant. Mais si je veux explorer d’autres styles de musique, si je veux aller dans du plus mélodieux, je vais devoir apprendre à aller plus haut. » Il n’a aucunement l’intention de s’en tenir à un seul genre musical, tout comme il aimerait élargir ses horizons artistiques. « J’adore la musique, mais plein d’autres choses me passionnent, la mode, les arts visuels, le cinéma. À long terme, mon grand projet, ce serait d’écrire une comédie musicale. »

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