Que sont nos « mutants » devenus, 12 ans après la création des Mutants ? Difficile de répondre à la question, car les acteurs de la nouvelle mouture ne le savent pas eux-mêmes…

À l’invitation du metteur en scène et directeur artistique du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, Sylvain Bélanger, les membres du Théâtre de la Banquette arrière proposent, jusqu’au 14 octobre, une nouvelle pièce inspirée des Mutants, un spectacle créé en 2011 qui avait connu un beau succès public et critique.

Ni suite ni reprise, Les mutant.es 2023 (on a ajouté un point inclusif dans le titre) regroupe une douzaine d’élèves dans une classe. Mais cette fois, sans maître ni professeur. Livrés à eux-mêmes dans une série de tableaux ludiques, ces élèves, désormais dans la quarantaine, vont tour à tour effectuer des jeux et des épreuves autour de thèmes assez larges : je m’adapte ; je compte ; je m’oriente ; je me situe, etc. Ainsi qu’une dictée, un exercice d’art oratoire et un jeu de citations : le groupe doit deviner si elle est authentique ou empruntée à un écrivain…

Les thématiques de ce spectacle abordent plusieurs éléments du Québec actuel. Ses enjeux sociaux, culturels, économiques, politiques et même… toponymiques.

Au cœur de cette proposition : la quête de sens. Ces jeunes membres de la génération X veulent se défaire de l’étiquette de « génération sacrifiée » qui lui colle à la peau. Et laisser un legs intergénérationnel : « Qu’ont-ils pris au monde ? Que lui ont-ils donné ? Que leur reste-t-il ? » Tant de questions !

PHOTO VALÉRIE REMISE, FOURNIE PAR LE CENTRE DU THÉÂTRE D’AUJOURD’HUI

Que sont donc nos mutants devenus, 12 ans plus tard ?

Chemins de traverse

Le spectacle aborde trop de pistes et de formes scéniques, sans jamais trouver un fil rouge. Une ligne dramatique directrice. Si la devise du Québec est « Je me souviens », celle des Mutant.es serait : « Qui suis-je ? » Le noyau de La Banquette arrière provient de la promotion 2001 du Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Ce sont donc les enfants du 11-Septembre, du virage numérique, des catastrophes climatiques et environnementales. On peut comprendre leurs nombreux questionnements, face à une époque qui leur glisse entre les doigts. Mais on dirait que ces « mutant.es » s’excusent de prendre leur place dans la Cité…

PHOTO VALÉRIE REMISE, FOURNIE PAR LE CENTRE DU THÉÂTRE D’AUJOURD’HUI

Lise Martin, Sophie Cadieux et Simon Rousseau dans Les mutant.es

Certes, on est devant une démarche performatrice et collective. Le texte est crédité à Sylvain Bélanger et Sophie Cadieux, en collaboration avec les dix interprètes de la troupe. Il y a derrière cette proposition un énorme travail de recherche et un bel esprit créatif. Or, à force de trop chercher sur « les chemins de traverse », la troupe a oublié d’emprunter la voie principale de la création artistique. Celle qui tend un théâtre-miroir de ce qui nous ressemble et nous différencie dans la grande et belle aventure humaine. Un sens commun, en somme.

Les mutant.es

Les mutant.es

Mise en scène par Sylvain Bélanger. Interprétation : Amélie Bonenfant, Sébastien Dodge, Mathieu Gosselin, Sharon Ibgui, Anne-Marie Levasseur, Lise Martin, Nicolas Michon, Olivia Palacci, Éric Paulhus, Simon Rousseau et Sophie Cadieux, en alternance avec Rose-Maïté Erkoreka.

Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, Jusqu’au 14 octobre

6/10

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