Mariana Mazza aime la mode. Sur les plateaux télévisés, elle exhibe des tenues colorées, exubérantes et toujours différentes. Dans le documentaire Le prix de la mode, diffusé mercredi à Télé-Québec, l’humoriste prend conscience de l’impact de sa consommation vestimentaire et tente de redonner une réelle seconde vie à des morceaux qu’elle a en trop.

« Je ne pense pas qu’il y a assez d’occasions dans une vie pour porter tous les vêtements que j’ai. C’est la plus grande tristesse de ma vie. » Cette déclaration de Mariana Mazza survient dès les premières minutes du documentaire, alors qu’elle dévoile sans gêne l’ampleur de ses possessions vestimentaires, rangées dans différentes pièces de sa nouvelle demeure. Ici, les dizaines de paires de chaussures, classées par marque, par couleur et par style. Là, des chandails à manches longues et shorts d’été dont elle a oublié l’existence. Sans oublier les tenues extravagantes qu’elle n’a pas encore portées à la télé.

« Des fois, je me dis : “Je n’ai rien à porter.” C’est ça le plus terrible, dit-elle en entrevue par visioconférence, vêtue d’une robe rayée plutôt classique. Comme quelqu’un qui a 10 voitures puis qui ne sait pas laquelle choisir ! C’est là où ça devient gênant, où je fais : “Oh ! je ne suis pas une bonne citoyenne.” »

Amoureuse de la mode depuis qu’elle est jeune – « je n’achète pas par désir, mais par passion », précise-t-elle –, Mariana Mazza a vu cette flamme grandir, de même qu’un intérêt pour les maisons de couture, avec l’aura de son métier et son pouvoir d’achat. Désormais, celle qui a grandi à Montréal-Nord a les moyens d’entrer chez Louis Vuitton et d’en ressortir avec une valise, comme elle l’a raconté avec fierté à Patricia Paquin à l’émission L’autre midi à la table d’à côté.

PHOTO PIERRE MANNING, FOURNIE PAR TÉLÉ-QUÉBEC

La relation de Mariana Mazza avec les vêtements est au cœur du documentaire Le prix de la mode.

J’ai toujours aimé les vêtements. J’aime m’habiller, j’aime les textures, les couleurs. Dans mon entourage, je suis pas mal celle qui consomme le plus et je le fais encore plus depuis que j’ai les moyens de le faire.

Mariana Mazza

Elle se voyait donc comme la candidate parfaite pour ce projet que la boîte de production Trinome & filles voulait voir porté par une surconsommatrice de mode en questionnement.

« Ça a été un enjeu très longtemps dans ma vie et ça l’est encore, souligne-t-elle. Si je ne ferme pas toutes mes applications et si je ne me parle pas, je vais être en train d’acheter tous les jours. » Elle ne parle toutefois pas de dépendance. « Ce n’est pas un besoin, c’est que j’aime ça. Ce n’est pas la même chose. Je peux vivre sans acheter de vêtements, mais je ne vais pas le faire parce qu’il n’y a pas d’impact… Jusqu’à ce que je fasse un documentaire. »

Des tonnes de vêtements au dépotoir

Avec ce film, réalisé par Félix Trépanier, elle a poussé son questionnement en allant à la rencontre de divers experts en mode et en marketing pour comprendre comment elle et nous, collectivement, sommes arrivés à consommer autant. Le documentaire aborde également les façons de se vêtir plus responsablement et, ce qui a été la plus grande révélation pour elle : la fin de vie de nos vêtements.

Le constat est choquant. Seulement 6 % des vêtements qui transitent par un centre de dons sont mis sur les rayons, indique Claude Maheux-Picard, directrice générale du Centre de transfert technologique en écologie industrielle. Où va le reste ? À l’enfouissement.

Dans les centres de dons, les morceaux tachés, troués, étirés sont généralement écartés au tri. Combinés aux surplus de vêtements en bon état, ils sont envoyés à des récupérateurs textiles dont le travail ne consiste pas à recycler la matière, mais à la trier pour l’acheminer bien souvent en Afrique.

Devant les piles et ballots de vêtements qui s’accumulent dans l’entrepôt d’un récupérateur qu’elle visite, Mariana est secouée. Celui-ci lui explique que plusieurs articles, qui ne peuvent être exportés en Afrique et en Asie, ses principaux marchés d’exportation, finiront à l’enfouissement. C’est le cas non seulement pour les vêtements de mauvaise qualité, mais aussi pour les manteaux et bottes d’hiver qui n’ont là-bas aucune utilité.

Un non-sens, selon elle, alors qu’ici, de nouveaux arrivants n’ont pas d’argent pour se vêtir à l’approche de l’hiver. « Après ce documentaire, j’aimerais qu’il y ait un organisme qui dise : “Si vous nous apportez vos vêtements, on a la main-d’œuvre, on les redonne.” Sur le marché de la revente, il y en a trop. Il faut donner des vêtements de qualité à des gens qui n’ont pas les moyens de s’en acheter. J’espère aussi que les gens vont faire de bons tris, qu’ils vont réparer leurs vêtements avant de les donner et j’espère qu’ils vont arrêter d’aller dans les magasins de fast fashion. Je pense que si tout le monde fait un effort, on est capable d’avoir quelque chose de beau. »

Depuis la fin du tournage, sa consommation de vêtements a « beaucoup » diminué. « Je rechute occasionnellement, c’est sûr, mais j’achète vraiment moins qu’avant. » Même si les tenues flamboyantes continuent de la définir, elle tente de faire des choix plus classiques, de prendre davantage soin de ses vêtements et quand vient le temps de les donner, elle le fait directement auprès de gens qui en ont besoin. Qui veut un une-pièce à paillettes ?

Le 20 septembre, à 20 h, à Télé-Québec et sur telequebec.tv