Parce que son entente avec la Ville de Laval prend fin et qu’elle n’a pu être prolongée, l’équipe d’Illumi a annoncé avec « tristesse » jeudi que l’édition en cours, qui prend fin le 7 janvier, sera la dernière. Une autre installation sera développée en Californie, mais l’équipe ne perd pas espoir de maintenir le parcours Illumi au Québec.

« Je trouve ça triste, et un peu surprenant, dit à La Presse le fondateur de Cavalia et créateur d’Illumi, Normand Latourelle, à propos de l’impossibilité de prolonger l’entente à Laval. C’est un évènement populaire, et ça ne coûte rien, à Laval, qu’on soit là. »

Depuis sa première édition, en 2019, Illumi a attiré pas moins de 2 millions de visiteurs dans son parcours nocturne ponctué de tableaux illuminés par des millions d’ampoules DEL. L’évènement-phare génère des retombées économiques directes d’environ 10 millions par année, indique Normand Latourelle, qui se base sur l’évaluation de la firme KPMG. « On ne comprend pas », résume-t-il.

IMAGE TIRÉE DU SITE INTERNET DE LA VILLE DE LAVAL

Le projet du Carré Laval

Le terrain où est installé Illumi, situé en bordure de l’autoroute 15, appartient à la Ville de Laval, et l’entente se termine en septembre 2024. La Ville de Laval souhaite y installer le Carré Laval, « un quartier d’innovation mixte » incluant un parc, un plan d’eau et des projets immobiliers. « Dès 2019, il avait été convenu que la ville recouvrerait l’usage et le plein accès au terrain en 2024 », indique par courriel Jonathan Lévesque, conseiller aux affaires publiques à la Ville de Laval.

Normand Latourelle convient qu’il était clair, depuis le début, que le terrain serait un jour développé, mais il croyait pouvoir néanmoins y tenir encore quelques éditions d’Illumi. Il y a un an et demi, dit-il, le maire de Laval, Stéphane Boyer était d’accord pour prolonger de deux ans l’entente. Ce n’est que récemment que M. Latourelle a su qu’Illumi devait partir au terme du contrat, et que même une prolongation de six mois (pour permettre la tenue de l’évènement l’hiver prochain) n’était pas possible.

À l’automne 2024, la Ville de Laval veut mener « des analyses géotechniques » sur le terrain – des travaux préparatoires dans la cadre de la première phase du projet. « La nature de ces études est incompatible avec une occupation ou des activités sur le site », indique Jonathan Lévesque. Ces travaux, explique-t-il, sont notamment financés par le gouvernement du Québec, et l’échéancier pour les mener à bien est arrimé à la fin de l’entente. Le projet du Carré Laval, annoncé en 2020, « s’inscrit comme étant la pierre angulaire d’une transformation durable du territoire », et ses perspectives de développement et de retombées économiques sont « majeures », assure-t-il.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Normand Latourelle

Normand Latourelle croit qu’il aurait été possible de mener ces expertises (des « carottes de terre ») tout en maintenant Illumi pour une dernière saison froide, l’an prochain. « Je vous gage n’importe quoi que le terrain ne sera pas développé avant les 5 ou 10 prochaines années », laisse-t-il tomber. Il ne cache pas que, financièrement, ce départ est aussi un coup dur, l’entreprise ayant beaucoup investi pour maintenir Illumi pendant la pandémie.

Los Angeles

Du même souffle, Cavalia a annoncé jeudi avoir signé un contrat pour Illumi à Los Angeles, en Californie, à l’invitation d’une compagnie. Ce sera une toute nouvelle installation, et les détails seront annoncés après la période des Fêtes.

« Notre vie ne s’arrêtera pas là, dit Normand Latourelle. On se fait inviter partout. Encore hier, je recevais une invitation du Brésil, j’arrive de la Belgique, on a des discussions pour la France, le Moyen-Orient… Ce qui est triste, c’est que j’ai grandi à Laval. Et un jour, j’ai décidé que j’allais en faire un peu pour la ville où j’ai grandi », poursuit le créateur, qui a d’abord amené le spectacle équestre Cavalia à Laval, puis Illumi.

Pourquoi ne pas déménager l’installation permanente de Laval ailleurs au Québec, comme à Terrebonne, où a eu lieu un spectacle d’Illumi Symphonie des fleurs, cet été ? « On n’a pas été invités, c’est aussi simple que ça », répond Normand Latourelle, qui souligne avoir aussi regardé du côté de Montréal. « Si jamais une municipalité est intéressée à nous soutenir… »

D’ici septembre, il faudra donc démonter les installations, les entreposer, et (qui sait) les remonter ailleurs, et tout cela a un coût. « Si quelqu’un me dit : demain matin, venez dans notre ville, on a trois, quatre millions pour vous, on va regarder ça sérieusement », conclut Normand Latourelle.