PHOTO RENAUD LABELLE, COLLABORATION SPÉCIALE
À la nuit tombée, lorsque tous les clients sont partis, Le Bon Marché Rive-Gauche, grand magasin situé dans le 7e arrondissement à Paris, se métamorphose. Entre les parfums chers et les accessoires de luxe, huit acrobates sortent d’un grand mur blanc pour entraîner les spectateurs dans leur monde fantasmagorique.
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C’est la troisième année que des artistes investissent l’iconique institution parisienne de cette manière. Après une pièce de théâtre immersive en 2022, la troupe du Cirque Le Roux a été invitée à concevoir un spectacle complet de 1 h 20 min. Entre chiens et louves est présenté depuis septembre et se terminera le 31 décembre.
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Le Cirque Le Roux est une troupe de cirque contemporain de haut niveau, formée de huit acrobates qui se sont presque tous connus il y a une douzaine d’années à l’École nationale de cirque de Montréal. Très actifs, deux des fondateurs, Gregory Arsenal et Philip Rosenberg, ont parmi leurs activités connexes la conception de la scénographie et de la mise en scène des deux spectacles d’Alexandra Stréliski, Inscape et Neo-Romance. Une collaboration dans les deux sens, puisque c’est elle qui a composé la musique du précédent spectacle du Cirque Le Roux, La nuit du cerf.
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Il était logique que le Cirque Le Roux demande encore à la pianiste québécoise de composer la trame sonore pour son nouveau spectacle. Elle est normalement enregistrée – ce serait beaucoup demander qu’elle soit sur place pendant trois mois ! –, mais comme Alexandra Stréliski était de passage à Paris quelques jours au mois de novembre, elle en a profité pour venir jouer deux soirs avec eux, accompagnée des deux violonistes qui la suivent en tournée. Sa présence a certainement ajouté à la magie de la représentation.
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Entre chiens et louves raconte trois histoires de couple dans trois temporalités différentes, 1850, 1960 et aujourd’hui. Les personnages se côtoient et se croisent dans une ambiance cinématographique un peu surréaliste, mais le récit ne se fait pas au détriment du cirque pur – au contraire, il le nourrit, et le résultat est aussi poétique que spectaculaire. Les numéros de danse, d’acrobatie au sol ou d’équilibre se déroulent dans un clair-obscur onirique et les performances sont à la fois belles et relevées.
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Le Cirque Le Roux s’est adapté au lieu – une superficie restreinte, mais avec beaucoup de hauteur. Pour chaque représentation, on tasse sur le côté les étalages de parfums pour monter un grand mur blanc texturé. C’est l’élément central du spectacle, à la fois décor, plateau à différents niveaux, et même parfois mur d’escalade humain – les prises sont en fait des mains et des pieds qui apparaissent et disparaissent en suivant le parcours de l’acrobate. Une idée brillante, magnifique… et à couper le souffle !
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Il y a un agréable côté artisanal dans la scénographie du Cirque Le Roux, qui est particulièrement évident lors du numéro final. Un peu comme un jeu de Meccano, les acrobates construisent eux-mêmes la roue sur laquelle ils vont faire toutes sortes de manœuvres dangereuses pendant qu’elle tourne – le genre de numéro qu’affectionne par exemple le Cirque du Soleil, sauf qu’ici, la roue grince un peu en tournant. Ce parti pris de simplicité est à l’image de ce spectacle ingénieux, raffiné dans ses moindres détails et charmant d’un bout à l’autre.
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Environ 450 personnes peuvent assister au spectacle, et ce soir-là la salle pleine a réservé un accueil chaleureux à la prestation du cirque, mais aussi musicale. Le précédent spectacle du Cirque Le Roux, La nuit du cerf, a été présenté à La TOHU à Montréal au printemps dernier. On ne peut qu’espérer que celui-ci traversera aussi l’Atlantique, et pourquoi pas, qu’on lui trouvera un lieu aussi particulier pour le présenter.