« Changement de style, changement de thème, changement de rime, calme saine et sereine », chantait MC Solaar dans À la claire fontaine. C’est à ce changement de cap et de style que nous invite la compagnie argentine Proyecto Migra avec ce spectacle ovni à mi-chemin entre le théâtre de l’absurde et la comédie acrobatique.

Lorsque le personnage de Tomas a traversé le théâtre avec un chou-fleur dans les mains et qu’il l’a timidement offert à sa dulcinée, on a tout de suite su qu’Un domingo ne serait pas un dimanche comme les autres.

Quand la dulcinée en question (Sofia Galliano) s’est mise à tournoyer autour de lui avec sa théière, tirée par le chignon – dans un numéro de suspension capillaire –, on a compris qu’on venait d’être projeté – malgré nous – dans l’univers surréaliste argentin.

La trame narrative se résume en quelques mots : un jeune homme est invité à souper chez sa belle-famille par un beau dimanche. Mais dès son arrivée, tout va se morpionner.

Son futur beau-père le défiera dans un duel (à l’épée) avant de tenter de l’empoisonner… Sa belle-mère lui fera des avances, même le domestique se jouera de lui… En fait, le beau-père (très drôle Tato Villanueva) s’en prendra à tout le monde, et tout cela virera en foire d’empoigne.

Telenovela adaptée aux planches

Impossible de ne pas faire de parallèle avec les telenovelas. Avec ses dialogues joliment décalés et son scénario faussement dramatique, Un domingo se présente comme une parodie de ces feuilletons télévisés archi populaires en Amérique du Sud. Musique de film en prime.

PHOTO ALEXANDRE GALLIEZ, FOURNIE PAR MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CIRQUE

Gabriela Parigi fait des figures d’équilibre sur la table de la salle à manger, juste au-dessus de son mari, allongé.

Le spectacle mis en scène par le Français Florent Bergal est d’abord et avant tout théâtral. Et les six interprètes s’illustrent ici par leur jeu physique, flirtant avec le burlesque, clins d’œil à Chaplin ou à Keaton.

La dimension acrobatique est ici un moyen, pas une fin.

Tout le brouhaha d’Un domingo, avec sa succession de tableaux absurdes – parfois difficiles à suivre –, n’est pas sans rappeler non plus les saynètes du film argentino-espagnol Les nouveaux sauvages, qui explorait avec humour (noir) les thèmes de la dérape et de la vengeance.

On ressort d’Un domingo légèrement perplexe, avec un millier d’images absurdes (et non essentielles) dans la tête et en même temps, avec cette impression, tenace, d’avoir assisté à une représentation unique.

Un domingo

Un domingo

Une production de Galpon de Guevara et Proyecto Migra

Au Théâtre Outremont, Jusqu’au 16 juillet

7,5/10