Le Théâtre Advienne que pourra présente ces jours-ci à Repentigny une fable théâtrale acrobatique d’une infinie douceur. Une pièce mise en scène par Frédéric Bélanger, conçue avec l’artiste de cirque Émilie Émiroglou.

Paperplane s’ouvre sur un court monologue évoquant la perte d’un être cher… La suite est une sorte de long voyage dans le temps afin de célébrer sa vie. LA vie. Parce que le temps s’envole… Et qu’en un claquement de doigts, on ressort de chez soi les pieds devant. Vaut donc mieux en profiter. Dont acte.

Il y a beaucoup de douceur et de poésie dans cette pièce acrobatique nourrie par la musique. Des pièces musicales originales interprétées sur scène par Sarah Leblanc-Gosselin – au piano –, mais aussi par les artistes de cirque eux-mêmes – notamment au violon et à la guitare.

Parmi les interprètes, notons la présence d’Evelyne Laforest et de Stéphane Gentilini, qui ont tous deux travaillé de près avec le metteur en scène helvético-italien Daniele Finzi Pasca – Nebbia, La verità, Per te, Donka. On retrouve d’ailleurs dans Paperplane la touche poétique et la sensibilité de Finzi Pasca. Un beau legs (conscient ou pas) qu’ils portent en eux.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Un des moments forts de Paperplane : ce numéro au cerceau de Katarína Sobinkovičova

Sur scène, de petits bouts de papier virevoltent. On en fera des avions. Entre autres. Une belle image du caractère éphémère de notre passage sur terre.

Trame narrative

Eh oui, nos huit comédiens-acrobates nous mènent adroitement dans ces réflexions existentielles avec ce Paperplane qui plane doucement, sans turbulences, vers des destinations inconnues.

Ne dit-on pas d’ailleurs que c’est le voyage qui compte ? C’est précisément à ce voyage intérieur que le metteur en scène Frédéric Bélanger nous convie.

Et même si, comme mon voisin de droite, vous ne semblez pas tout comprendre, ce n’est pas plus grave, vous pouvez vous raconter votre propre histoire, la matière est foisonnante.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Evelyne Laforest fait des figures d’équilibre sur le piano, qui rythme le spectacle du début à la fin.

Plusieurs numéros s’inscrivent parfaitement dans cette trame narrative ouverte où, finalement, les créateurs nous invitent de toute évidence à vivre le moment présent. Qu’il s’agisse du magnifique numéro de cerceau de Katarína Sobinkovičova, du numéro de roue Cyr de Bobby Cookson, des sangles d’Augustin Rodriguez ou du duo de main à main de Samuel Charlton et Myriam Deraiche.

Un segment plus humoristique met en scène une équipe de baseball, un tableau un peu champ gauche (scusez-la), mais plutôt divertissant, à l’origine de très bons flashs acrobatiques – le jongleur de bâtons, le voleur de buts, etc.

Enfin, un très beau numéro sur ce temps qui passe met en scène un couple – vieillissant en accéléré – dans le décor d’une gare ou d’un aéroport, lieux par excellence de toutes les arrivées et de tous les départs. La finale, jubilatoire, nous montre l’ensemble jongler avec des pièces de vêtements sorties d’une valise. D’autres belles images pour une histoire à se raconter.

Consultez le site du Théâtre Alphonse-Desjardins
Paperplane

Paperplane

Création : Émilie Émiroglou. Mise en scène : Frédéric Bélanger.

Au Théâtre Alphonse-Desjardins de Repentigny. Jusqu’au 22 juillet. Puis en tournée.

7,5/10