Jouer dans une comédie musicale, Delphine Morissette en rêvait depuis l’enfance, lorsque la petite « showgirl » qu’elle était donnait des spectacles dans son salon « à. tous. les. jours », se remémore-t-elle, rieuse, en insistant sur chaque mot. Devenue grande, elle n’aurait pu espérer plus fulgurant baptême que celui qu’elle connaît actuellement dans les costumes hippies de Hair.

Membre de l’ensemble élargi comptant plus d’une vingtaine de voix, Delphine Morissette s’exécute dans à peu près tous les tableaux du feu roulant de chorégraphies qu’est Hair et pousse la note un peu partout, n’interprétant pas de personnage défini. Une initiation idéale pour celle qui, gamine, s’était échauffée pendant sept ans dans les décors de la fresque Décembre, de Québec Issime, et qui, l’an dernier, coachait dans les coulisses les fillettes en vedette dans Annie, précédent opus musical de Juste pour rire.

« C’est mon premier rôle dans une comédie musicale. Je ne demande pas grand-chose ! Juste d’avoir quelques phrases en solo, par-ci, par-là, j’étais bien comblée », avance une Delphine aux yeux brillants, rencontrée dans le hall du Théâtre St-Denis avant une représentation.

Pour relever ce défi, elle s’est astreinte à des leçons de chant, l’aspect vocal l’intimidant davantage que le reste. Pour le mouvement, ça allait. « Ma mère m’a rentrée dans un studio de danse quand j’avais 2 ans », dit-elle en rigolant. Forte de ses apprentissages des derniers mois, elle se dit fière de montrer qu’elle peut, d’un même souffle, jouer, chanter et danser. « C’est une grande réussite pour moi d’être dans ce projet-là ! »

Le metteur en scène Serge Denoncourt parle de sa nouvelle protégée, découverte grâce à Annie, comme d’une « grande travaillante », très humble.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le metteur en scène de Hair, Serge Denoncourt, lors d’une répétition

Au point où j’ai été obligé de lui dire, à un moment donné, que si je l’ai choisie, c’est parce qu’elle a tout ce qu’il faut pour le faire.

Serge Denoncourt, metteur en scène de Hair

Sage, se surnommant elle-même « matante Delphine », la vieille âme de 20 ans vit par procuration dans Hair les folies de l’adolescence des années 1960, le sexe, la drogue et les pantalons pattes d’éléphant. Même un court extrait de nudité frontale inclus à mi-chemin de l’enchaînement. « C’était un pensez-y-bien ! Se dénuder au Théâtre St-Denis, ce n’est pas rien. Mais c’était tellement bien abordé par Serge. Il savait ce que ça représentait pour nous. Et tout le monde le fait dans le respect. On ne se juge pas… »

Future artiste… et productrice ?

La présence de Delphine Morissette dans Hair aux côtés des Éléonore Lagacé, Philippe Touzel, Kevin Houle et Sarah-Maude Desgagnés relève-t-elle de la savante entourloupette de marketing ? Non, assure Serge Denoncourt en riant.

« Il y a la moitié de la troupe qui ne sait même pas que c’est ‟la fille de”. Elle n’en parle pas du tout. Le seul qui fait des blagues là-dessus, c’est moi. »

« Je n’ai pas un rôle principal, relativise pour sa part Delphine. Je ne suis pas sur le poster ! »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Delphine Morissette

Je fais partie d’un spectacle, la petite fille en moi est super contente, et je vis mon rêve pour moi, pas pour le public. Mon but n’est pas de me faire remarquer ou de me faire utiliser pour des publicités.

Delphine Morissette

Voilà, le troupeau d’éléphants dans la pièce est lâché. Mais la principale intéressée en a vu d’autres. Les questions sur l’implication de ses parents dans sa jeune carrière – ils l’encouragent, sans la pousser –, sur les privilèges qu’ils pourraient lui apporter – elle tient à auditionner comme ses collègues et n’espère aucun passe-droit, multipliant cours et formations –, l’aînée de Véronique Cloutier et Louis Morissette y a déjà répondu mille fois, et un peu plus.

Le statut de ses géniteurs émoustille apparemment davantage les interlocuteurs de la jeune femme qu’elle-même, qui mène son bonhomme de chemin en toute simplicité, misant d’abord sur ses études en gestion à l’université pour se forger un avenir. Les propositions comme ses chroniques à Bonsoir bonsoir ! l’an dernier et ses autres engagements dans le milieu artistique sont un bonbon qu’elle déguste comme un à-côté.

L’étudiante, qui est le portrait craché de sa tante Stéphanie (on le lui rappelle souvent), semble dotée du parfait mélange du tempérament d’artiste de maman et des forces entrepreneuriales et rationnelles de papa.

« Tout ce que touche ma mère dans le milieu artistique, être de l’avant, les variétés, m’intéresse, et c’est l’un de mes buts, explique-t-elle. Et j’ai le même caractère que mon père, je sais où je m’en vais. Tassez-vous ! [rires] Je pense que mon père et moi, on travaillerait super bien ensemble à cause de ça. »

Son frère Justin (18 ans), sa sœur Raphaëlle (13 ans) et elle s’impliquent déjà à la mesure de leurs capacités dans la Fondation Véro & Louis, qui travaille à ériger des milieux de vie pour les adultes autistes, notamment en participant aux activités de financement. Leur père ne cache pas son intention de les convier éventuellement à des rencontres administratives. N’empêche qu’à long terme, c’est à la télévision que « Del » aimerait se faire un nid, devant ou derrière la caméra, et pourquoi pas les deux ?

Hair est à l’affiche du Théâtre St-Denis jusqu’au 30 juillet dans le cadre de Juste pour rire, puis se transportera à la salle Albert-Rousseau, à Québec, en décembre.

Consultez le site du spectacle