Les Aussies de Gravity & Other Myths sont de retour en ville avec une nouvelle création, The Pulse, qui donnera le coup d’envoi du festival Montréal Complètement cirque cette semaine. Un spectacle-évènement qui réunira sur scène 60 acrobates et choristes. La Presse s’est entretenue avec le metteur en scène Darcy Grant.

Il faut se souvenir de l’été 2014. Les Australiens de Gravity & Other Myths se trouvaient à Montréal pour la première fois afin de présenter A Simple Space. Une petite forme d’un peu plus d’une heure programmée à l’Agora de la danse en milieu de festival. On se demandait même si on allait couvrir le spectacle…

Les sept interprètes ont fait leur apparition sur la petite scène dénuée de tout décor. Il n’y avait ni agrès ni appareil de cirque en vue… À peine quelques tapis de sol disposés au centre.

Et pourtant… Après quelques minutes, le public était conquis. Par leur charisme et leur humour d’abord, mais aussi par les défis improbables (et risqués !) qu’ils se lançaient à qui mieux mieux. Un mélange d’acrosport et d’acrobatie avec un seul but : défier les lois de la gravité. Et s’amuser.

À la fin, les spectateurs se sont levés d’un bond et ont applaudi la petite troupe avec la ferveur des parents qui acclament leurs enfants. La rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre… et le passage de Gravity s’est conclu par un triomphe.

Deux ans plus tard, la troupe a repris sa pièce dans un plus grand théâtre – au Centaur. Backbone a suivi en 2018, une création du même genre, avec une dizaine d’artistes qui se lançaient d’autres défis tout aussi téméraires, à la fois ludiques et insensés. Toujours dans un cadre intime. Sans appareil. Des acrobates à l’état pur. Sans tricherie.

Trouver l’intimité avec 60 artistes

L’étonnement était donc assez grand quand nous avons appris que The Pulse réunirait sur scène 60 artistes, dont 24 acrobates et 36 choristes.

« Déjà à l’époque, Backbone nous semblait gigantesque, alors imaginez ce spectacle-ci, avec 60 artistes ! nous dit le metteur en scène Darcy Grant, joint par Zoom.

La pandémie est responsable de ce spectacle à grand déploiement.

Darcy Grant

Tous les artistes de la compagnie – environ une trentaine – ont mis fin à leurs trois tournées et sont rentrés en Australie. Grâce à un programme gouvernemental, Gravity a obtenu le financement pour faire une création.

« On ne s’était jamais retrouvés tout le monde ensemble, nous explique Darcy Grant. On s’est demandé : qu’est-ce qu’on peut faire avec autant de corps ? Ç’a été notre point de départ. Le thème des vagues et des cycles s’est rapidement imposé. En prenant du recul par rapport à la pandémie, on s’est dit que tout dans la vie peut être décrit comme une vague, un cycle, un pouls. »

PHOTO FOURNIE PAR GRAVITY & OTHER MYTHS

On retrouve sur scène 60 artistes, soit 24 acrobates et 36 choristes.

L’impression d’intimité, Darcy Grant croit qu’on la ressentira malgré le nombre d’artistes sur scène, justement parce que le groupe d’acrobates livre une performance très « humaine ». Encore une fois, les acrobates se servent de leurs corps pour seuls instruments, mêlés cette fois aux voix du chœur de filles d’Orfeò Català, venu d’Espagne.

Les voix et les corps ont des qualités similaires, des ambitions égales, une recherche de vérité aussi. La relation entre les deux est vraiment intéressante. Il y aura des solos corps et voix, ainsi que des mouvements de groupe, tout ça sur la musique d’Ekrem Eli Phoenix, qui est sublime.

Darcy Grant

Créée en 2021, The Pulse s’est fait remarquer au Festival d’Édimbourg l’été dernier, avec un chœur écossais en plus du chœur espagnol. C’est à ce moment-là que la Tohu – ainsi que d’autres diffuseurs – l’a repéré. L’équipe de The Pulse a choisi de faire une petite tournée avec cette production. Barcelone, en Espagne, et Montréal, puis l’Irlande et l’Autriche.

Après The Pulse

Comment rebondit-on d’une production aussi costaude que The Pulse ? Que fait-on après ?

« Pour notre nouvelle création 10 000 hours, qui sera mise en scène par un des fondateurs de la compagnie, on revient à un plus petit ensemble, nous dit Darcy Grant. On a entamé un processus de régénération pour trouver exactement les bonnes personnes qui sauront répondre aux besoins spécifiques de ce spectacle. On travaille aussi de plus en plus avec des artistes et musiciens étrangers, donc notre objectif est de mettre en place de nouvelles collaborations. »

PHOTO FOURNIE PAR GRAVITY & OTHER MYTHS

Le metteur en scène Darcy Grant

Darcy Grant, lui-même ex-acrobate, dit avoir été influencé par le cirque montréalais. Il mentionne les spectacles Traces, des 7 Doigts, et Nebbia, d’Éloize, par exemple. Parmi les 24 acrobates de The Pulse, 4 sont d’ailleurs des artistes américains diplômés de l’École nationale de cirque de Montréal, dont Kevin Beverley, qu’on a vu dans quelques spectacles des 7 Doigts.

Le metteur en scène australien vante la formation professionnelle montréalaise. Durant son séjour à Montréal, des auditions auront lieu pour intégrer des artistes aux spectacles de tournée de Gravity, qui veut diversifier ses troupes, amener du sang neuf.

Et quelles sont donc les qualités requises pour être membre de la confrérie de Gravity ?

Darcy Grant sourit. « Il faut avoir de l’humour, bien sûr, répond-il. C’est la base. Mais il faut surtout arriver en disant aux autres : “De quoi as-tu besoin ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?” C’est ce genre d’attitude qui permet de créer un climat de confiance et d’amitié, des qualités essentielles pour évoluer avec notre troupe qui veut toujours pousser les limites plus loin. »

The Pulse est présenté du 5 au 8 juillet à la Tohu.

Visitez le site de Montréal Complètement cirque

À ne pas manquer

Cabaret du Jugement dernier

PHOTO JFSAVARIA, FOURNIE PAR LE CABARET DU MONASTÈRE

Un des numéros présentés l’été dernier au Cabaret du Jugement dernier

Avec le beau temps, les cabarets de cirque du Monastère organisés par Rosalie Beauchamp et Guillaume Blais s’organisent en plein air. Dans le jardin magnifique de l’église néogothique St Jax de Montréal – rue Sainte-Catherine, angle Bishop, – certains des meilleurs artistes de cirque montréalais se livreront une compétition amicale afin de mettre la main sur le Calice d’or. À la fin de chaque représentation, le public peut voter pour son numéro préféré.

Au Monastère du 6 au 15 juillet.

Dirty Laundry

PHOTO JASON MATZ, FOURNIE PAR BRIEFS FACTORY

Extrait du spectacle Dirty Laundry

Le collectif australien Briefs Factory, qui fait référence aux caleçons pour hommes, est en ville pour la première fois avec un cabaret de strass et de paillettes qu’on nous promet « irrévérencieux ». Le spectacle au confluent du cirque, de la danse, du burlesque et de la drag sera animé par Fez Faanana, épaulé par notre artiste drag Barbada. Dirty Laundry est clairement un spectacle pour adultes. On nous annonce d’ailleurs de la nudité.

À l’Espace St-Denis du 6 au 16 juillet.

Brave Space

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ALOFT CIRCUS ARTS

Extrait de Brave Space

La troupe de cirque américaine Aloft Circus Arts arrive à Montréal avec ce spectacle intime – sous chapiteau – centré sur six acrobates. Six femmes qui multiplieront les numéros au sol (roue Cyr, jonglerie, etc.) autant que les numéros aériens (corde lisse, mât chinois, etc.), avec pour objectif de célébrer « la force, la beauté et la bravoure ». On nous dit également que les spectateurs seront invités à se déplacer pendant la représentation, et même de passer de la position assise à la position allongée. Vous êtes partant ? Nous, oui.

Au Chapiteau l’Esplanade, à l’extérieur de la Tohu, du 8 au 16 juillet.