Les artistes qui seront du grand spectacle de la fête nationale à Montréal jugent que la controverse entourant la nomination d’Émile Bilodeau et le Parti québécois n’a pas sa place

Les artistes qui participeront au grand spectacle de samedi au parc Maisonneuve, pour souligner la fête nationale du Québec, qualifient de « tempête dans un verre d’eau » l’affaire opposant Émile Bilodeau au Parti québécois (PQ). « Parlez-vous ! s’est exclamée Marjo en entrevue. C’est ridicule de faire ça. On est en train de fêter. »

Comme plusieurs chanteurs et chanteuses sondés par La Presse jeudi, lors des répétitions du concert montréalais, la rockeuse trouve la situation exaspérante.

Lundi dernier, le PQ a annoncé qu’il refusait de participer à la cérémonie protocolaire du spectacle de Québec, qui doit avoir lieu sur les plaines d’Abraham ce vendredi. Le parti proteste contre le choix d’Émile Bilodeau à titre d’animateur de l’évènement, après que l’auteur-compositeur-interprète a manqué de respect à la formation politique dirigée par Paul St-Pierre Plamondon et a attaqué la Loi sur la laïcité de l’État (dite « loi 21 »).

Pour Marjo, le rôle des artistes qui participent aux célébrations entourant la fête nationale consiste à « donner du plaisir, faire danser et faire chanter » les gens, et non à « faire réfléchir ». La chanteuse a invité le PQ et Émile Bilodeau à « régler leurs comptes à part, pas quand on est en train de fêter ».

« Célébrer notre nation »

De nombreuses têtes d’affiche de l’édition montréalaise du spectacle du 24 juin paraissaient peu ébranlées par toute cette controverse.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Isabelle Boulay

Pour Isabelle Boulay, cette polémique est « lassante ». L’interprète préfère consacrer ses énergies à « célébrer notre nation », ses « particularités » et « sa grande hospitalité ».

« J’aime beaucoup Paul St-Pierre Plamondon, j’aime aussi vraiment beaucoup Émile Bilodeau. Je me dis qu’ils ne sont peut-être pas si éloignés que ça dans leur pensée », a ajouté la chanteuse.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Scott-Pien Picard

« On fait de la musique, a commenté Scott-Pien Picard. Ça ne sert à rien de se chicaner. »

Pour sa part, FouKi souhaite tout simplement éviter la chicane en public.

« Je n’ai rien contre Émile Bilodeau, a signalé le rappeur. Je le trouve super allumé, super drôle. Mais moi, si j’ai une position à prendre, ça va être dans une chanson que je vais la proposer. Ça ne va pas être en entrevue ou en faisant une publication. »

Traitement « contre-productif »

Les réactions comme celle du PQ contribuent au manque d’engagement politique des jeunes artistes, dénonce Lydia Képinski.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Lydia Képinski en répétition jeudi

« Aujourd’hui, personne [ne s’engage] parce que tout le monde a peur, a commenté l’interprète. C’est sûr que si des affaires comme ça arrivent à Émile, imagine à n’importe qui d’autre. »

Lydia Képinski juge « dichotomique » l’attitude du PQ.

On salue les artistes qui s’expriment d’un point de vue politique quand ça fait l’affaire du politicien, mais quand ça ne fait pas l’affaire, c’est un ennemi.

Lydia Képinski

L’artiste qualifie d’ailleurs de « contre-productif » le traitement réservé au chanteur.

« Je trouve ça ridicule du PQ de s’attaquer au seul jeune artiste ouvertement souverainiste du Québec », a affirmé la chanteuse indie pop.

Comme ses collègues, Lydia Képinski a souligné qu’avant tout, la fête nationale est « la journée où on se dit qu’on est tous québécois, qu’on fait tous partie d’un projet qui nous unit, et c’est ça qui est beau ».

Le grand spectacle de la fête nationale du Québec à Montréal se tiendra au parc Maisonneuve le 24 juin à 20 h.

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