Lizzo était enfin de retour à Montréal dimanche, un peu plus d’un mois après avoir dû reporter son concert au Centre Bell en raison de problèmes de santé. La chanteuse américaine a offert un flamboyant spectacle à quelques milliers d’admirateurs, dont plusieurs n’auraient manqué cela pour rien au monde.

On sait que les artistes internationaux populaires savent déployer des spectacles de grande envergure, qui en mettent plein la vue. Certaines vedettes décident toutefois de garder les choses plus simples, plus intimes, sans grands artifices… Lizzo n’est pas de ceux-là.

La chanteuse de Houston est arrivée tout en voix sur la magnifique chanson Cuz I Love You, dans un imposant décor, dont des portes qui se sont ouvertes pour la laisser apparaître sur une scène surélevée. La fête a ensuite débuté avec Juice, durant laquelle les fameuses big grrrls (les danseuses qui l’accompagnent) l’ont rejoint sur scène. Lizzo a dansé, elle a twerké, elle a chanté avec force. La musique a quelque peu enterré sa voix à certains moments, mais la plupart du temps, il n’a été pas difficile de constater que Lizzo, en concert, est à la hauteur de ce que l’on entend sur enregistrement. Pas de raccourci pour pouvoir plus facilement interpréter ses morceaux. Pas quand on a la capacité vocale de Lizzo.

Tout est dans la positivité dans le monde de la radieuse chanteuse. Elle prône l’acceptation, l’amour de soi et des autres, la diversité sous toutes ses formes. Sans même qu’elle ait à le dire, on le sent dans ses chansons, dans sa mise en scène, dans son énergie. Même avec son costume de scène, jaune fluo et scintillant, Lizzo s’est assurée de nous mettre de bonne humeur.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, LA PRESSE

Lizzo

Sur la chanson Soulmate, chanson d’émancipation où elle affirme être sa propre âme-sœur, le visuel sur l’écran géant en arrière-scène était époustouflant. Durant tout le spectacle, les vidéos colorées qui ont accompagné la chanteuse étaient un grand ajout à la scénographie. La majorité du contenu vidéo de ce spectacle a été conçu par des Montréalais. Les studios Noisy Head et Eltoro ont réalisé un travail énorme pour que le contenu visuel soit à la hauteur du reste du spectacle.

Des admirateurs fébriles

Il suffisait de prendre le temps d’écouter les cris dans le Centre Bell pour comprendre toute la fébrilité du public durant cette superbe performance de près de deux heures. Pour la plupart des admirateurs présents, il s’agissait d’un moment plus qu’attendu, puisque la chanteuse devait être au Centre Bell au début du mois de mai. Le soir même, avec deux heures de préavis seulement, Lizzo avait dû annuler sa performance en raison de problème de santé.

« J’en avais braillé », nous a dit Véronique Babin, rencontrée dimanche devant le Centre Bell, juste avant le concert. La jeune femme était venue du Nouveau-Brunswick pour assister à ce concert. Après des heures de trajet, elle avait appris, « alors qu’on était à deux minutes du Centre Bell », que le concert était reporté à une date ultérieure.

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Matthew Johnson et Véronique Babin, au concert de Lizzo.

Si certains avaient confié à La Presse le soir du report du spectacle qu’ils ne comptaient plus assister au concert, « c’était sûr à 100 % qu’on allait revenir », affirmait Véronique dimanche, visiblement excitée de pouvoir finalement voir celle dont elle est « une immense fan ». « C’est vraiment une bonne humaine, a affirmé Véronique, pour expliquer son affection pour la chanteuse. J’aime sa musique et surtout les valeurs qu’elle défend. »

L’humeur radieuse de Véronique Babin était palpable chez bien d’autres personnes en file devant l’entrée de l’aréna. Holly Anderson et Rosalie-Mae Gionet, respectivement de Montréal et Rawdon, avaient elles aussi versé des larmes en apprenant, dans le taxi vers le Centre Bell, que le concert de Lizzo n’aurait pas lieu, début mai.

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Rosalie-Mae Gionet et Holly Anderson au concert de Lizzo.

Heureusement, la chanteuse avait assuré qu’elle serait à Montréal dès que possible pour se reprendre et elle a tenu sa promesse. « Pendant la COVID, j’ai pris l’habitude de voir des artistes simplement annuler leurs concerts, alors c’était une belle surprise qu’elle vienne aussi vite », a constaté Holly.

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Marie-Claude Barriault et sa fille Léana au concert de Lizzo.

Marie-Claude Barriault avait quant à elle offert des billets pour aller voir Lizzo à sa fille Léana, pour ses 9 ans. Elles avaient été déçues en apprenant, à la porte du Centre Bell, que Lizzo était trop malade pour chanter, mais Marie-Claude savait qu’elles tenteraient de revenir si la nouvelle date convenait à leurs horaires. « C’est vraiment une artiste qu’on aime bien, qui a de belles valeurs », a affirmé la maman.

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Michelle (à droite) et sa fille Zara, au concert de Lizzo.

Une autre maman, Michelle, était arrivée dimanche de Toronto, après un long voyage en voiture. Le duo mère-fille s’est donné à fond pour que leur maquillage et leurs vêtements soient dans la thématique flamboyante d’un concert de Lizzo, comme bien des gens dans le public dimanche. « Tant qu’à venir, [Léana] tenait à ce que ce soit Lizzo worthy [digne de Lizzo] », s’est esclaffée Michelle.

Lizzo et Sasha

Il y a fort à parier que les admirateurs de la chanteuse n’ont pas été déçus. Lizzo, sur scène, a donné un spectacle qui a largement valu l’attente.

La première partie de la soirée a été un feu roulant, presque sans pause. Mais après un changement de costume, Lizzo nous est revenue dans une somptueuse combinaison dorée à paillette pour interpréter la parfaite et douce « chanson de rupture », Jerome, sur une plateforme devant la scène. Elle a enchaîné avec Break Up Twice, toujours accompagnée de ses trois talentueuses choristes. Ce moment où l’on a pu profiter à fond du talent d’interprète de Lizzo était le bienvenu.

Lizzo la rappeuse a ensuite pris l’avant-scène pour une reprise de Doo Wop (That Thing) de Lauryn Hill. Elle a poursuivi avec Special, l’une de ses plus récentes, sur laquelle elle dit à tous ceux qui l’écoutent qu’ils ne doivent jamais oublier leur unicité, le fait qu’ils sont spéciaux. Elle s’est alors permis l’un des plus beaux moments de voix, de ceux qui font dresser le poil sur les bras. « I’m so glad you’re still here », a-t-elle chanté, a capella, avant une nouvelle ovation de la foule.

Après une rapide reprise de I Am Every Woman (de Whitney Houston), elle est passée à Like A Girl, succès de son premier album, puis Birthday Girl, Everybody’s Gay (un drapeau inclusif sur les épaules) et Water Me.

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Concert de Lizzo au Centre Bell.

Une vidéo de méditation (« bad bitch meditation », pour être précis), où elle nous a invités à respirer et faire le vide avec elle, lui a permis d’introduire Water Me. S’en est suivi une reprise de Yellow, de Coldplay. Puis est venu la très populaire Truth Hurts. Mais avant, Lizzo s’est muni d’un objet presque aussi connu qu’elle (il a même son propre compte Instagram) : sa flûte traversière, Sasha, grâce à laquelle elle a présenté un moment hautement divertissant.

I Love You Bitch a débuté, puis elle a enchaîné sur Good As Hell. Rareté durant un spectacle de cette envergure, Lizzo a alors pris un bon quart d’heure a simplement… discuter avec ses admirateurs. Ce fut l’un des moments les plus agréables de la soirée. Elle a lu des pancartes, a fait des dessins pour une fan, en a amené un autre à côté de la scène pour lui signer la poitrine, a participé à la vidéo TikTok de deux amies et a signé des affiches… « Je pourrais faire ça toute la soirée ! »

Elle a finalement repris le centre de la scène du Centre Bell pour chanter et le spectacle s’est conclu sur son plus récent succès, About Damn Time (solo de flûte en prime !). Du début à la fin, Lizzo a été fantastique.