Le secteur des arts de la scène devrait retrouver son niveau d’activité prépandémique d’ici le printemps 2024, selon un sondage réalisé par l’Institut de la statistique du Québec. L’organisme note par ailleurs que le milieu artistique a déployé avec succès de nombreuses stratégies d’adaptation pendant la crise sanitaire.

Si l’on en croit le plus récent coup de sonde de l’Institut de la statistique du Québec, le printemps prochain marquera le début d’un retour à la normale dans le milieu des arts de la scène. Notamment en ce qui concerne les cycles de création – 56 % des répondants estimant qu’ils retrouveront leur rythme d’avant la pandémie « avant un an » – tout comme leurs partenariats d’affaires (51 %).

En revanche, 51 % des répondants estiment qu’il faudra attendre encore plus ou moins deux ans avant que les lieux de diffusion puissent remplir les salles de spectacles avec un taux d’occupation équivalent à celui qui prévalait avant la pandémie, mais aussi pour que les compagnies retrouvent leur nombre d’abonnements (49 %) et leurs revenus autonomes (55 %) et pour que les artistes reprennent avec la même vigueur qu’en 2019 leurs tournées hors Québec (46 %).

Une bonne nouvelle, mais pas encore un véritable retour à la normale. Ce que confirment les intervenants du milieu à qui La Presse a parlé. En somme, on voit le bout du tunnel, mais on n’est pas encore prêt à sabler le champagne.

La directrice générale du Regroupement québécois de la danse, Nadine Medawar, estime qu’il y a encore « beaucoup de rattrapage » à faire, notamment pour les tournées, essentielles en danse, mais de plus en plus coûteuses.

Les diffuseurs prennent moins de risques, donc ici ils ont programmé des “valeurs sûres” et ailleurs, il y a eu une programmation locale importante. Maintenant, on recommence à tourner, mais c’est progressif.

Nadine Medawar, Regroupement québécois de la danse

Nadine Medawar croit également que les coûts de survie et d’opération des compagnies de danse québécoises sont de plus en plus élevés et qu’elles continueront d’avoir besoin du soutien gouvernemental.

Du côté de RIDEAU, qui réunit 350 salles de spectacles au Québec, on n’est pas prêts à festoyer, même si sa directrice générale, Julie-Anne Richard, demeure optimiste. « C’est sûr qu’avec la reprise, on s’est retrouvé avec une très grande quantité de spectacles à l’affiche, pour rattraper le retard. Mais ça commence à se stabiliser et on voit les taux d’occupation de nos salles et nos abonnements augmenter tranquillement. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Une représentation théâtrale à La Licorne, en 2020, lors de la pandémie

L’apport des programmes d’aide

Le rapport de l’Institut de la statistique du Québec souligne aussi – sans surprise – que le maintien des emplois et des activités des compagnies et organismes artistiques pendant la pandémie a pu se faire grâce aux programmes d’aide d’urgence et aux subventions publiques.

Ce sont en effet 90 % des organisations du milieu des arts de la scène qui ont poursuivi leurs activités de création, de production ou de diffusion pendant la crise sanitaire, que ce soit en ligne ou hors des salles de spectacles, indique l’Enquête sur les effets de la pandémie de COVID-19 sur les entreprises et organismes du secteur des arts de la scène au Québec.

Au cours de la pandémie, 68 % des compagnies du milieu des arts de la scène ont organisé des activités en ligne pour la première fois (incluant des captations). Parmi elles, 84 % estiment que ces activités leur ont permis de rester en contact avec leur clientèle et même de rejoindre de nouveaux publics (63 %), mais seulement 20 % d’entre elles ont l’intention de maintenir une offre de spectacles en ligne – ou même hybride – après la pandémie.

Cette donnée n’a pas surpris Rachel Morse, coprésidente du Conseil québécois du théâtre (CQT). « Globalement, tout le monde s’est prêté au jeu des activités en ligne, mais à long terme, ce ne sont pas des activités qui sont viables », estime-t-elle.

L’expertise et les coûts de production nécessaires pour transformer une œuvre théâtrale en œuvre audiovisuelle de qualité sont beaucoup trop élevés, on n’a pas les moyens de faire ça.

Rachel Morse, coprésidente du Conseil québécois du théâtre

Julie-Anne Richard estime de son côté que le fait d’avoir rejoint de nouveaux publics en pleine pandémie (les 63 % indiqués ci-dessus) est en soi quelque chose d’extraordinaire. « C’est la preuve qu’on peut être audacieux et créatif, même si on aurait souhaité le démontrer dans un autre contexte. »

Concernant les abonnements, Rachel Morse croit que la pandémie a changé durablement les habitudes de consommation des Québécois. « Les gens achètent à la dernière minute, d’autant plus que l’offre de spectacles a beaucoup augmenté depuis un an, donc même si les compagnies retrouvent un certain nombre d’abonnés, il faut s’habituer à cette nouvelle réalité. »

Consultez l’étude de l’ISQ
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  • 91 %
    Proportion des organisations du secteur des arts de la scène qui ont eu recours aux programmes d’aide d’urgence et aux subventions publiques lors de la pandémie
    SOURCE : Institut de la Statistique du Québec