Maude Sabourin a déjà été une méchante belle-mère. Vraiment méchante. Elle est maintenant une mère aimante, une fée bienveillante.

Originaire de Terrebonne, elle a longtemps dansé à l’étranger, essentiellement avec les Ballets de Monte-Carlo. Elle y a notamment interprété la marâtre et les deux méchantes belles-sœurs de Cendrillon. Au cours des prochains jours, elle interprétera la mère et fée marraine de Cendrillon dans la toute nouvelle production des Grands Ballets Canadiens, en alternance avec Anya Nesvitaylo.

« Dans la version de Jean-Christophe Maillot [des Ballets de Monte-Carlo], j’étais dans l’autre camp complètement, raconte la danseuse, rencontrée quelques jours avant la grande première de Cendrillon. C’était des personnages qui étaient très méchants, mais c’est super le fun de faire des personnages qui ne sont pas très sympathiques sur scène. »

Elle explique que tout est dans les gestes, les regards, l’attaque, la dynamique utilisée pour bouger.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La fée marraine Maude Sabourin, dans un costume resplendissant créé par Marie-Chantale Vaillancourt

« C’est plus sec, plus sharp, ce n’est pas dans le lyrisme. »

Cette fois-ci, ce sera plus doux. Surtout compte tenu de la version concoctée par la chorégraphe australienne Jayne Smeulders pour les Grands Ballets. Parce que dans cette version, inspirée du Cendrillon des frères Grimm plutôt que de celui de Charles Perrault, la fée marraine est en fait la maman morte de la petite Cendrillon.

« C’est la même personne, commente Maude Sabourin. Je trouve ça assez joli comme connexion. Il y a quelque chose de plus intime comme relation, il y a des gestes qui reviennent tout au long du ballet, c’est l’esprit de sa maman dans la fée marraine qui lui rappelle de ne pas perdre espoir, d’avoir de la bonté, de l’amour. »

Jayne Smeulders a créé sa vision de Cendrillon en 2011 pour le West Australian Ballet, sous la direction artistique d’Ivan Cavallari. Elle aimait la version des frères Grimm, notamment parce qu’elle faisait appel à des oiseaux, une belle source d’inspiration.

« Aussi, les belles-sœurs y étaient décrites comme étant très belles à l’extérieur, mais très laides à l’intérieur, et c’est ce que je voulais, raconte Jayne Smeulders. J’ai eu beaucoup de plaisir avec elles. Parfois, je pense que le ballet devrait être appelé Les Belles-sœurs plutôt que Cendrillon. »

Ivan Cavallari, maintenant directeur artistique des Grands Ballets Canadiens, a demandé à Jayne Smeulders de monter à nouveau Cendrillon pour la compagnie montréalaise.

PHOTO JAMES LYTTLE, FOURNIE PAR LES GRANDS BALLETS CANADIENS

Le directeur artistique des Grands Ballets, Ivan Cavallari, a demandé à la chorégraphe australienne Jayne Smeulders de monter Cendrillon au Québec.

J’étais très excitée, je voulais vraiment travailler à nouveau avec [Ivan Cavallari]. Et puis, il y avait le fait de travailler avec une compagnie différente, de réimaginer quelque peu les choses.

Jayne Smeulders

Elle a notamment ajouté des rôles supplémentaires dans la scène du jardin magique.

« Tout a l’air très différent parce qu’il s’agit de nouveaux décors et de nouveaux costumes, poursuit-elle. Les décors et les costumes de la production originale étaient liés à une époque spécifique. Ici, le ballet n’est pas ancré dans une période spécifique, les années 1930 ou 1940. C’est plutôt intemporel, magique. »

La touche de Sept-Îles

C’est une Québécoise originaire de Sept-Îles, Marie-Chantale Vaillancourt, qui a conçu les costumes de ce nouveau Cendrillon.

Elle a suivi une formation en dessin de mode avant d’étudier au Conservatoire d’art dramatique de Québec en scénographie.

« En troisième année, on a eu un prof invité qui s’appelait Robert Lepage, raconte-t-elle. Avant même que je sois sortie de l’école, il m’a approchée pour faire une conception de costumes pour lui au CNA [Centre national des Arts, à Ottawa]. »

Il y a eu la Visite de la vieille dame, puis Les sept branches de la rivière Ōta.

« Ma collaboration avec Robert nous a amenés au Cirque du Soleil pour Kâ, poursuit-elle. J’ai adoré cette expérience parce que je crée bien dans la contrainte, qu’il s’agisse de contraintes physiques ou techniques. »

Cendrillon est son premier ballet classique.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marie-Chantale Vaillancourt a conçu des costumes intemporels pour Cendrillon.

J’ai l’impression que je reviens à mes 25 ans, quand je suis sortie de l’école et que je partais de zéro. Mais je ne pars pas de zéro, j’ai des bases assez solides pour être capable de comprendre les codes, de questionner les besoins aussi.

Marie-Chantale Vaillancourt

C’est ainsi qu’elle a remis en question la fameuse baguette de la fée marraine.

« Quand on la voit arriver, il y a déjà une magie à cause de son costume, on n’a pas besoin d’y aller avec une baguette. »

Elle se réjouit que Les Grands Ballets fassent appel à des concepteurs québécois, comme elle et le scénographe Simon Guilbault.

« J’espère que ça va devenir une tradition d’avoir au moins une production par année dessinée ici, créée ici. »

Maude Sabourin se réjouit de danser ce classique au Québec, chez elle.

« Il y a des gens qui vont venir qui ne m’ont pas vu danser depuis que je suis toute petite, indique-t-elle. Quand il y a quelqu’un que tu connais dans la salle, ce n’est pas pareil. »

À la Place des Arts, du 31 mai au 4 juin, et les 8 et 9 septembre

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