Deux fois par mois, La Presse présente les actualités dans le monde du théâtre, du cirque et de la danse, à Montréal et à Québec.

Vingt ans déjà que le chorégraphe Victor Quijada conjugue danse de rue et ballet classique au sein de RUBBERBAND. Pour souligner cet anniversaire, le Québécois d’origine américaine offre à la compagnie qu’il a lui-même fondée un de ses projets les plus ambitieux, Reckless Underdog.

Douze interprètes partageront la scène dans cette toute nouvelle création qui se déploie en trois volets. Chaque partie de ce triptyque s’abreuve à une des sources qui a inspiré le vocabulaire gestuel unique de RUBBERBAND. Ballet classique, breakdance et danse contemporaine se feront ainsi écho sur des musiques signées Kid Koala, Chilly Gonzalez ou Vlooper d’Alaclair Ensemble.

Ici, chaque partie sera traversée par une énergie distincte, comme si les styles qui ont façonné Victor Quijada s’imposaient d’eux-mêmes en laissant transparaître ce qui fait leur essence.

« Depuis 20 ans, je construis un pont entre mes expériences et mes connaissances de différents mondes de la danse, explique le chorégraphe. Pour Reckless Underdog, j’ai voulu me déplacer du centre et revisiter les diverses influences au cœur de ma pratique. »

Reckless Underdog en répétition
  • Les danseurs de la compagnie Rubberband ont été formés à différents styles.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Les danseurs de la compagnie Rubberband ont été formés à différents styles.

  • Victor Quijada donne ses explications aux danseurs.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Victor Quijada donne ses explications aux danseurs.

  • Avec 12 interprètes sur scène, Reckless Underdog est l’un des projets les plus ambitieux de la compagnie.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Avec 12 interprètes sur scène, Reckless Underdog est l’un des projets les plus ambitieux de la compagnie.

1/3
  •  
  •  
  •  

Cinq ans après le succès du spectacle Vraiment doucement, Victor Quijada a eu envie d’observer le chemin parcouru depuis ses débuts comme danseur hip-hop dans des boîtes de nuit de Los Angeles. Car son parcours n’est pas banal. Né dans la Ville des anges de parents mexicains, il a trempé dans la culture hip-hop dès son plus jeune âge. Ses premiers cours de danse, il les a vécus à 16 ans, à l’école secondaire. Un monde s’est alors ouvert devant lui.

Dans les années 1990, il a fait ses classes. Avec Rudy Perez d’abord, un des pères du mouvement post-moderne en danse, puis à New York, alors qu’il travaille avec la compagnie Tharp, qui mélange ballet et danse contemporaine. En 2000, il a débarqué à Montréal pour parfaire son éducation classique aux Grands Ballets canadiens.

« J’avais besoin de me prouver que je pouvais être un danseur classique, mais aussi, je voulais présenter mes propres chorégraphies, ce qui était possible avec les Grands Ballets. Avec le recul, je suis fier de réaliser que le courage et la curiosité du hip-hop m’ont permis de survivre dans le monde du classique. »

Réunir deux mondes

Longtemps, Victor Quijada s’est senti tiraillé entre ces deux mondes, celui de la danse hip-hop et celui du ballet classique. Comme si un style devait obligatoirement chasser l’autre. Ce n’est qu’à la fondation de RUBBERBAND, en 2002, qu’il a compris que loin d’être un handicap, ce tiraillement pouvait devenir une force. Résultat : il a décidé de créer un langage qui lui est propre.

À l’époque, je ne pensais pas que ce langage pouvait exister. Le hip-hop était sous le radar. On le regardait de haut, comme un simple divertissement.

Victor Quijada, chorégraphe

Dès les débuts de RUBBERBAND, le chorégraphe s’est interrogé sur la façon de garder l’essence du hip-hop tel que vécu dans les clubs de L. A. Comment garder la relation avec le public dans un contexte plus formel ? « Je ne voulais pas simplement présenter du hip-hop sur une scène de théâtre. Quelque chose devait changer, c’était évident pour moi. Je voulais développer un style différent, un nouveau vocabulaire. »

Il poursuit : « Comme un enfant qui prend la génétique de l’un et l’autre de ses parents, RUBBERBAND est une nouvelle proposition qui a des racines dans différentes formes et influences. C’est un mélange unique. C’est l’énergie du break qui s’ajoute au ballet, et vice versa. »

Victor Quijada a encore l’impression d’être parfois entre deux mondes — notamment comme Américain vivant au Québec. Mais il se soigne. « J’ai une fille qui parle les trois langues à la maison : français, anglais et espagnol. Je représente bien ce qu’il est possible de réussir à Montréal. Je n’aurais pas eu les mêmes opportunités à New York ou à L. A. Ici, la culture a une grande valeur. »

L’artiste de 46 ans continue parfois de se sous-estimer, malgré les succès et les prix qu’il a remportés au fil des années. « L’underdog du titre, c’est moi. Je me suis toujours senti un peu comme cela. De plus, il y a eu une époque où je travaillais comme si je n’avais rien à perdre. J’étais reckless. Et avec le spectacle, je fais un clin d’œil à cette époque. »

Consultez le site de RUBBERBAND

Aussi à l’affiche

Tout inclus, l’intégrale

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Francois Grisé et Alexandre Fecteau, les artisans de Tout inclus, en août 2021

Le Théâtre La Bordée, à Québec, présente jusqu’au 8 avril la version intégrale de ce spectacle-documentaire fort émouvant, écrit par l’auteur et comédien François Grisé. Une pièce drôle, lucide et touchante mise en scène par Alexandre Fecteau. Du théâtre qui propose une réflexion essentielle sur la place des aînés dans notre société. La première mouture a été créée en 2019, à La Licorne ; elle a été reprise avec de nouveaux chapitres chez Duceppe deux ans plus tard. Après les représentations à La Bordée, Tout inclus amorcera une petite tournée dans trois autres villes au Québec en avril. Pour les billets, on se rend sur le site de la compagnie Porte Parole.

Consultez le site de la compagnie Porte Parole

Wollstonecraft au Quat’Sous

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le duo artistiquement complice formé par Édith Patenaude et l’autrice et traductrice Sarah Berthiaume, en mars 2020

Après leur fructueuse collaboration pour les adaptations des Sorcières de Salem et d’Un ennemi du peuple, l’autrice Sarah Berthiaume renoue avec la metteure en scène Édith Patenaude, cette fois au Quat’Sous, pour la création de la pièce Wollstonecraft. Une œuvre au réalisme magique qui met en scène un trio d’artistes : une autrice, un poète et une comédienne désabusée. « Et où la création deviendra plus grande que sa créatrice… » Avec Ariane Castellanos, Jean-Christophe Leblanc et Ève Pressault.

Du 18 avril au 16 mai, au Quat’Sous.

Consultez le site du Quat’Sous

Bonnes Bonnes

PHOTO SVELTA ATANASOVA, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Dans cette adaptation libre de la pièce de Genet Les Bonnes, Sophie Gee « offre une œuvre intime qui porte sur la complexité de l’identité chinoise, la rage, le désir de vengeance et la nécessité de guérir les blessures liées à son identité », résume le communiqué.

Le Théâtre Aux Écuries et Nervous Hunter présentent, en grande première, Bonnes Bonnes, une création de Tamara Nguyen et Sophie Gee. Avec cette adaptation libre du classique de Jean Genet Les Bonnes, Sophie Gee « offre une œuvre qui porte sur la complexité de l’identité chinoise, la rage, le désir de vengeance et la nécessité de guérir les blessures liées à son identité », résume le communiqué. La coautrice, metteure en scène et interprète a découvert le texte de Genet en 2002, durant ses études. Elle a notamment été happée par l’importance du jeu de domination entre les bonnes dans la pièce ; ces deux servantes qui se révoltent contre leur rang social représenté par Madame, leur patronne.

Du 11 au 22 avril, au Théâtre Aux Écuries.

Consultez le site du Théâtre Aux Écuries

Beating Choir/Chœur battant

PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON THÉÂTRE

Six interprètes belges et québécois (Romain Accoe, Aurélie Brassard, Lahja Demoustier, Oumi Niang, Maura Tepperman et Mathieu Thibodeau) forment la distribution de Beating Choir/Chœur Battant.

À partir de rencontres et de discussions avec des adolescents et des adolescentes, deux compagnies de théâtre jeunesse – Le Carrousel, à Montréal, et BRONKS, en Belgique — ont créé l’œuvre Beating Choir/Chœur Battant. Un spectacle de 60 minutes qui marie la danse et le théâtre, en laissant toute la place aux corps et aux mouvements fébriles de six jeunes interprètes. Les chorégraphies et la mise en scène sont réalisées par Zoë Demoustier, et Marie-Ève Huot est à la dramaturgie.

Du 14 au 23 avril, à la Maison Théâtre. (Le public visé est les jeunes de 12 à 17 ans.)

Consultez le site de la Maison Théâtre

Reprise des Dix commandements de Dorothy Dix

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La comédienne Julie Le Breton avant la création de la pièce en 2022 à Espace Go

« On ne saurait imaginer plus belle façon de renouer avec l’art vivant que la pièce Les dix commandements de Dorothy Dix. Dans un texte fulgurant signé Stéphanie Jasmin, Julie Le Breton livre possiblement la plus grande performance de sa carrière », a écrit la collègue Stéphanie Morin, au lendemain de la première de la production, en février 2022. Ô bonheur, la comédienne reprend son solo mis en scène par Denis Marleau, en avril, toujours à Espace Go. Le texte de la pièce est aussi publié aux Éditions Somme toute.

Du 12 au 23 avril, à Espace Go.

Consultez le site d’Espace Go

Une version antérieure de ce texte désignait nommait la compagnie de danse de Victor Quijada comme Rubberband Dance. Or, elle s'appelle tout simplement RUBBERBAND.