Les programmations théâtrales ont maintenant toutes été annoncées. Cette semaine, place à Espace Libre et aux Écuries qui offrent du théâtre engagé dans leur quartier, la ville et la société en général. Geoffrey Gaquère et Marcelle Dubois nous en parlent.

L'automne à Espace libre

Le projet Camillien Houde (intitulé Camillien Houde, le p'tit gars de Sainte-Marie, et qui sera sur les planches en 2017) «n'est pas de la médiation culturelle comme on peut en voir de façon traditionnelle», précise le directeur artistique Geoffrey Gaquère. «On veut faire d'Espace Libre et du quartier Centre-Sud un territoire d'exploration pour les artistes qui veulent aller vers les citoyens, mais il faut que ce soit toujours l'art qui soit de l'avant. Nous avons par exemple un tarif pour les "voisins", et nous avons mis sur pied un comité de spectateurs où chaque année, on accueille gratuitement 15 citoyens qui assistent aux spectacles, rencontrent les artistes et discutent après les représentations.» La prochaine saison à Espace Libre ira en ce sens. 

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MA(G)MA


Création de Castel Blast

Du 31 août au 10 septembre

«C'est un collectif d'artistes, et c'est vraiment extraordinaire, tout en force et en sensations. Une suite de tableaux avec 30 à 40 interprètes de la relève sur scène, qui nous parlent des relations hommes femmes aujourd'hui, de la société pornographique dans laquelle on baigne, de notre besoin de se doter de nouvelles idoles. Un spectacle à cheval entre la danse et le théâtre. On n'ouvre pas la saison avec ce spectacle coup-de-poing, on la défonce!»

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SOUNJATA 

Du Nouveau Théâtre Expérimental, en collaboration avec Sogolon et Awaln'art

Du 20 septembre au 8 octobre

«Un spectacle qui mêle l'art de la marionnette malienne et notre savoir-faire québécois. Alexis Martin, qui signe la mise en scène, a créé avec des artistes maliens et marocains une pièce qui raconte l'histoire de Soundiata Keïta [fondateur du Mali], qui prônait l'égalité et la liberté pour tous.»

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Photo fournie par Espace Libre

ALBUM DE FINISSANTS 

De Mathieu Arsenault, création de Michelle Parent et d'Anne-Sophie Rouleau

Du 13 au 29 octobre

«C'est notre deuxième spectacle de quartier, avant Camillien Houde. On y mêle la danse, la poésie, la vidéo, le théâtre, des acteurs professionnels et des finissants de l'école secondaire Pierre-Dupuy, pour y découvrir la perception des jeunes d'aujourd'hui du monde dans lequel ils vivent. C'est vraiment un show d'utilité publique, qui nous fait connecter avec la jeunesse.»

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Photo fournie par Espace Libre

LES LETTRES ARABES 2 

De Geoffrey Gaquère, d'Olivier Kemeid et de Mani Soleymanlou

Du 3 au 19 novembre

«En 2011, Olivier Kemeid et moi avions décidé de mettre en scène un spectacle qui s'inspirait des Lettres persanes de Montesquieu. C'était deux jeunes Arabes des banlieues françaises qui débarquaient au Québec au temps des accommodements raisonnables. Le but était de rire de nos peurs, et avec tout ce qui se passe avec les attentats, il y avait matière à explorer de nouveau cette thématique de l'autre. Dans ces nouvelles aventures, ils vont aller en vacances pour se retrouver dans un camp d'entraînement djihadiste, débarquer à Montréal avec des réfugiés syriens... Il faut affûter encore plus notre rire, et on veut se rapprocher de cette communauté qui est montrée du doigt et victime des intégristes.»

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photo fournie par Espace Libre

DOCTEUR B. 

D'Ève-Chems de Brouwer et de Charles Behr

Du 23 novembre au 3 décembre

«C'est une plongée dans le monde du cerveau, à la fois par la danse et le théâtre. Il s'agit d'une chorégraphe qui a travaillé avec son mari neurologue. Un spectacle présenté deux fois au FTA. Très beau, impressionniste, qui nous fait voyager dans le cerveau de la créatrice, avec ses zones d'ombres et de folie, et ses mécanismes.»

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photo fournie par Espace Libre

Théâtre Aux Écuries: l'année des trilogies

Deux trilogies marquent la saison du Théâtre Aux Écuries, qui accueillera également au moment des élections américaines une pièce irrévérencieuse sur la droite made in USA.

Les trilogies sont des reprises: Le triptyque de la Pire espèce (VillesPetit bonhomme de papier carbone et Ubu sur la table) ainsi que La trilogie du futur (L'assassinat du présidentÉpopée Nord et Clotaire Rapaille, l'opéra rock), des pièces conçues en grande partie aux Écuries.

«Nous sommes avant tout un centre de création, explique Marcelle Dubois, l'une des neuf directrices artistiques du centre de la rue Chabot. Nous cherchons à accompagner les artistes pour répondre à leurs besoins. Les reprises permettent de faire vivre les artistes.»

«Nous présentons aussi Non finito qui est une nouvelle création d'Anne-Marie Guilmaine, en préparation depuis deux ans. C'est une très belle réflexion sur le fait d'avoir des projets inachevés.»

White like me, par ailleurs, est un théâtre de marionnettes tout à fait irrévérencieux sur la société américaine, qui sera présenté en novembre, au moment où les États-Unis auront à choisir entre Hillary Clinton et Donald Trump.

Engagé, différent, le Théâtre Aux Écuries en est à sa cinquième année et il est désormais bien implanté dans son quartier.

«Nous sommes conscients de l'écologie théâtrale à Montréal et résistons à l'idée de mise en marché du théâtre. Nous faisons les choses autrement pour mieux accompagner les créateurs et le public», conclut Marcelle Dubois.

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Photo Marco Campanozzi, La Presse

Marcelle Dubois est l'une des neuf directrices artistiques du Théâtre Aux Écuries.

Dramaturgies en direct

Pour partir du bon pied sur les planches, l'amateur de théâtre peut dès maintenant s'en remettre au festival Dramaturgies en dialogue, qui est en cours au Théâtre d'Aujourd'hui. D'ici au 31 août, on pourra entendre, notamment, des textes de Marie-Ève Milot, Marie-Claude St-Laurent et Marie-Claude Verdier, mis en lecture par Claude Poissant, Marc Beaupré et Gaétan Paré et interprétés par Violette Chauveau, Patrice Dubois et Stéphane Crête.

> Consultez le site de Dramaturgies en dialogue