Le clin d'oeil de David Greig au Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare, tient sans doute à la quête amoureuse de ses deux personnages, Bob et Helena, qui nous font le récit de leur rencontre. Une «comédie folk» qui met en vedette deux comédiens-musiciens: Pierre-Luc Brillant et Isabelle Blais.

La pièce découverte par Jean-Denis Leduc (fondateur du Théâtre de la Manufacture) au Festival d'Édimbourg est une comédie romantique pleine d'esprit. Traduite par Olivier Choinière, Midsummer (une pièce en neuf chansons) se déroule au cours d'un long week-end pluvieux, comme dit la didascalie. Bob et Helena nous racontent leur histoire à la troisième personne. Ils jouent en quelque sorte leurs propres rôles.

«C'est une pièce sur la liberté, détaille le metteur en scène Philippe Lambert, adjoint à la direction artistique depuis six ans à La Licorne. Une pièce sur les choix qu'on fait dans la vie. Les personnages ont 35 ans, ils proviennent de milieux complètement différents. Elle est avocate, lui est un mafieux qui vend des chars. Mais ils se rencontrent et ils se demandent chacun s'ils peuvent se réinventer.»

L'auteur écossais (qui a aussi écrit Yellow Moon, présentée ici il y a deux ans), signe un texte assez déjanté, réaliste, mais empruntant aussi la forme de la fable. «Les deux personnages s'amusent à nous raconter leur histoire. Avec des reconstitutions qui prennent la forme de petits numéros. C'est pour ça que j'ai voulu créer une ambiance de cabaret», ajoute le metteur en scène.

Il y a bien sûr tout un concours de circonstances qui mène à la rencontre de Bob et Helena, qui d'ailleurs se repoussent tout le temps, dans un incessant jeu de valse-hésitation. Et puis la pièce est ponctuée de numéros où les comédiens s'accompagnent à la guitare. Les chansons font partie du scénario, la musique a été composée par Gordon McIntyre et légèrement adaptée par les interprètes.

C'est Isabelle Blais qui interprétera le personnage d'Helena. «C'est un texte dans lequel je me suis tout de suite retrouvée, explique la comédienne et chanteuse du groupe Caïman Fu. Le thème du vieillissement, l'idée de savoir où on s'en va, si on peut encore changer notre parcours, si on est capable de se laisser aller, ce sont des questions qui nous traversent tous à un moment ou un autre, en particulier dans la trentaine.»

La comédienne, qui enregistrera son quatrième album à la fin du mois d'avril prochain, donnera la réplique à Pierre-Luc Brillant, musicien de formation, membre du groupe Les Batteux-Slaques, bachelier en philosophie et acteur de cinéma (C.R.AZ.Y., Tout est parfait, Ma fille, mon ange). Il reste que l'artiste de 34 ans fait ses premiers pas sur les planches de théâtre. «J'ai joué dans ma première pièce de théâtre dans L'opéra de quat'sous mise en scène par Brigitte Haentjens (au mois de janvier dernier, où il jouait à la fois de la basse et le rôle de Vandal, le mendiant). Midsummer est ma deuxième pièce...»

Le texte de David Greig l'a tout de suite interpellé. «J'ai tout de suite été séduit par la pièce, par sa simplicité, son côté loufoque et décalé, mais en même temps, son côté très réaliste», explique Pierre-Luc Brillant, qui sortira son premier album solo au mois d'avril. Un album de chansons folk country. Mais il n'en a pas fini avec le théâtre. «C'est sûr que j'ai envie d'en faire plus maintenant. J'ai vraiment eu la piqûre. J'aime le jeu théâtral et j'apprends beaucoup en ce moment.»

À la fin, le metteur en scène des Points tournants et de J'aurais voulu être un artiste apprécie le fait que cette histoire ne soit ni cynique ni tragique. «Le parti pris que j'ai choisi, dit Philippe Lambert, c'est que oui, ils se sont réinventés. Ils sont là, heureux, libres sur scène et ils s'amusent à rire de leur histoire. C'est ce qu'ils disent au public. Regardez comment nous étions pris dans notre histoire. Comment on se résistait. Mais au fond, ils ont fait des choix, et ils les assument.»

Midsummer (une pièce et neuf chansons), à la Petite Licorne, du 5 mars au 13 avril.