Pas moins de neuf spectacles ont déjà pris l'affiche ce week-end à l'occasion du cinquième rendez-vous annuel des tout-petits. Et ça se poursuit jusqu'au 10 mai. Musique, danse, théâtre, arts visuels, c'est au tour des moins de 6 ans de sortir! Malgré des salles clairsemées, et en dépit du nombre élevé de reprises dans la programmation, Petits Bonheurs fait de petits heureux, c'est clair. Voici un bref compte-rendu de cinq de ces spectacles que La Presse a vus. Pour tous les détails de la programmation: www.petitsbonheurs.ca

L'abécédaire, de Paul Kunigis : des lettres et des notes

On connaît Paul Kunigis l'auteur-compositeur-interprète d'origine polonaise et sa musique klezmer teintée de jazz. Mais on connaît sans doute moins le chanteur et pianiste de L'abécédaire, un spectacle destiné aux enfants de 4 à 6 ans et programmé vendredi dernier à Petits Bonheurs. Seul avec son piano, Paul Kunigis s'adresse le plus simplement du monde aux enfants et passe en revue toutes les lettres de l'alphabet. Chaque lettre évoque un mot que le musicien transforme en courte chansonnette, qu'il interprète (textes de Christiane Duchesne). Ainsi, «C» nous raconte l'histoire d'Edgar le canard, «F» raconte l'histoire du fantôme à vélo, «V» celle du ver de terre, roi de la Terre, etc., jusqu'à Z, pour «Zut, c'est terminé». Le tout est finalement plutôt sympathique, quoique un peu prévisible. La participation des enfants à la recherche des mots qui leur viennent en tête est amusante, mais la formule a quand même ses limites. À la lettre J, les popotins ne tenaient déjà plus sur leurs chaises...

Bach... à sable, du Théâtre La Guimbarde (Belgique) : pas de sable dans l'engrenage

Ce spectacle de musique et de danse pour les enfants de 18 mois à 4 ans est drôlement bien fait. Deux interprètes apparaissent sur scène. On remarque près d'elles un beau tas de sable fin... L'une danse, l'autre joue du violoncelle. Le spectacle sans paroles met quelques minutes à prendre son envol. On y évoque l'histoire d'un oiseau (tirée d'un grand livre), de deux enfants dans un parc, enfin, tout ça demeure très sensoriel. Tranquillement, on commence à faire glisser le sable entre les doigts, à lancer deux ou trois petites poignées dans les airs. Et hop! Ça décolle! Pendant que la violoncelliste interprète la musique de Bach, la danseuse lance le sable à pleines mains dans les airs tout en dansant, laissant échapper autour d'elle des nuages de poussière. Un spectacle fantaisiste de 30 minutes qui donne envie de se trouver un carré de sable au plus vite!

Ce matin, à 11 h, à la Maison de la culture de Montréal-Nord. Mercredi, 6 mai, à 10 h, à la Maison de la culture Marie-Uguay.

La couturière, du Théâtre Bouches décousues : voyage intérieur

Jasmine Dubé a créé La couturière en 2004. Cette pièce, qui mélange habilement le récit et les arts visuels, propose un parcours en cinq stations. Ariane, une jeune peintre (interprétée par Sylvie Gosselin), nous parle de sa grand-mère, Blanche. Et nous invite à visiter son atelier de couture. La grande salle du Centre communautaire Hochelaga dans laquelle nous nous trouvons est plongée dans l'obscurité. Seule la station visitée est éclairée. Ariane parle à ses jeunes invités à voix basse, ce qui ajoute à l'intimité de l'expérience... et nous force à tendre l'oreille. On y découvre d'abord toute l'affection d'Ariane pour sa grand-mère, et puis toute l'admiration pour la grande couturière qu'elle était. La métaphore de la courtepointe, faite de bouts de vêtements qui nous ont marqués et qui revivent une deuxième vie, est joliment amenée. Le tout se termine par un atelier de bricolage. Bouches décousues présentait également la populaire pièce Le bain, créée en 1997 et reprise à la Maison-Théâtre cette saison avec Julie McClemens dans le rôle de Mme Pin-Pon.

Parade Issimo, des Sages fous : marionnettes en délire

Théâtre forain aux sonorités carnavalesques, théâtre de masques et de marionnettes sauvages, la proposition des Sages fous, Parade Issimo, est complètement délirante. Ce court spectacle sans paroles, présenté au Jardin botanique samedi soir, est complètement hors norme. Une oiselière nous rejoint à l'entrée du sentier qui mène aux jardins. Elle tire une charrette remplie de cages d'oiseaux. Nous fait comprendre qu'elle est à la recherche de deux de ses plus grands oiseaux... égarés (des autruches). Nous la suivons donc dans ses recherches (nous étions peut-être 80 samedi soir). Mme l'oiselière en profite pour nous présenter ses oiseaux, qu'elle manipule magnifiquement. Après plusieurs minutes de déambulation arrivent les deux autruches égarées montées par deux cavaliers particulièrement criards. Deux énormes marionnettes manipulées avec un réel brio, qui balaient un peu tout le monde sur leur passage. On fait ici dans la comédie grotesque, mais au final, nos deux oiseaux sauvages, si attachants, se laisseront attendrir par la naissance de leur petit autruchon. Les Sages fous répètent l'expérience samedi soir prochain avec leur pièce Bizzarium. Ne les ratez pas.

Uccellini, de Skappa! (France) : on efface et on recommence!

Nous savons que le théâtre pour tout-tout-petits, c'est-à-dire pour des enfants qui ont à peine 8 mois, est particulièrement foisonnant dans les pays européens. Quelques spectacles du genre ont été ou seront montés ici, mais il reste que ce n'est pas une mince affaire que de capter l'attention d'un bébé et l'entreprise en décourage plus d'un. Dans cet univers de sons, de mouvements et de couleurs, Uccellini fait bonne figure. Une peintre (chantante) se cherche une idée de tableau. Commence par tracer le contour de sa main, poursuit l'aventure visuelle en peignant un poisson, puis un grand cercle avec des vagues à l'intérieur, un homme au milieu, etc., toujours avec une liberté qu'on lui envie. Mais notre artiste n'est pas toujours satisfaite du résultat ou, alors, elle a de nouvelles idées. Elle efface donc des éléments et en ajoute d'autres. Pendant une demi-heure, sa peinture se métamorphose toujours en quelque chose de nouveau. Un spectacle que les petits ont semblé apprécier, par moments, quand ils n'avaient pas la tête ailleurs... Ça fait partie des risques du métier.

Ce matin, à 10 h, à la Salle de diffusion de Parc-Extension. Demain, à 11 h, à la Maison de la culture de Montréal-Nord.