Moins d'un an après la vente de Juste pour rire, les humoristes présents au gala Les Olivier, dimanche soir, ont constaté que la poussière retombe lentement sur leur industrie secouée par le mouvement #moiaussi.

Patrick Groulx estime que le scandale entourant l'ex-grand patron de Juste pour rire, Gilbert Rozon, a provoqué une introspection qui va bien au-delà du milieu de l'humour.

«C'est certain que l'industrie a été renforcée, mais je pense que l'ensemble du Québec aussi. Il y a eu des discussions dans les bureaux, sur les chantiers - il fallait se parler de ça un peu partout au Québec», constate-t-il.

Pour Rosalie Vaillancourt, les allégations de harcèlement et d'agression sexuelle qui avaient éclipsé le dernier gala auront laissé leur marque jusque dans l'écriture de ses pairs.

«Les humoristes gars contrôlent plus leur stock. Ils vont faire plus attention de faire des blagues misogynes», avance l'humoriste couronnée Découverte de l'année 2017.

Florence Longpré fait elle aussi état d'une industrie «plus alerte».

«Je pense que ça vient autant des hommes que des femmes, c'est le fun à voir», note la comédienne qui s'est fait connaître avec le rôle de Gaby Gravel dans Like-moi !.

À son arrivée à la Maison de Radio-Canada, Guy Jodoin a immédiatement relevé une certaine effervescence : «Si ça n'allait pas pour le mieux, il n'y aurait pas autant de journalistes et d'artistes ici ce soir. Je pense qu'au Québec, on est assez choyés. C'est un show-business très fort qu'on a ici.»

«Quand quelque chose tombe, il y a quelque chose d'autre qui renaît. Les jeunes sont là pour pousser et ils ont des choses à dire», illustre le comédien et animateur.

Billy Tellier, qui prépare son retour sur les planches avec un spectacle intitulé Hypocrite (s), abonde dans le même sens.

Il cite en exemple le Grand Montréal Comédie Fest, instigué par des humoristes souhaitant se distancier de l'affaire Rozon : «Je pense qu'il y a une diversité qui est maintenant présente et les galas collaborent beaucoup plus entre eux qu'avant.»

Phil Roy se réjouit lui aussi de l'«éclatement» qui a permis la naissance de ce nouveau festival.

«Moi, je suis très pro "par les artistes et pour les artistes"», fait valoir la Découverte de l'année 2016.

Mariana Mazza, à nouveau en lice pour l'Olivier de l'année, note que «rien n'est parfait», mais applaudit les efforts entrepris jusqu'à présent.

«Tout ne peut aller que pour le mieux quand on identifie un problème et on essaie de le régler, relève-t-elle. C'est génial qu'on ait eu le courage et l'audace de le faire.»