Le nom de Gab Roy ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais chez les jeunes du secondaire et du cégep, le jeune homme de 32 ans est un véritable phénomène.

Humoriste, blogueur, vlogueur et commentateur à ses heures, Gab Roy est avant tout une créature des réseaux sociaux qui a très bien compris comment utiliser le web à son avantage. Sa page Facebook compte plus de 50 000 fans et son site a enregistré 800 000 visiteurs en mai dernier.

Dans le cadre de Zoofest, Gab Roy présente à compter de ce soir une série de six spectacles aux Katacombes, un petit bar du boulevard Saint-Laurent. La vidéo qui fait la promotion du spectacle, s'intitule «Je connais des Noirs», «une façon, explique Gab Roy, de se moquer de tous ces rappeurs blancs qui se sentent obligés de s'entourer des Noirs pour se donner une crédibilité».

Adepte des vlogs américains, très populaires aux États-Unis depuis le milieu des années 2000, cet ancien menuisier-charpentier a commencé à réaliser ses propres capsules vidéo à temps perdu il y a quelques années. Intitulées À mon point de vue, ces blogues filmés à mi-chemin entre le commentaire et le numéro d'humour ont rapidement fait connaître Gab Roy auprès des jeunes qui ont tout de suite apprécié son ton cru, vulgaire, et absolument pas politically correct.

Son style d'humour, qui mise autant sur le malaise que sur l'humour noir ou «gore», s'inscrit davantage dans la lignée de Mike Ward que dans celle de Martin Matte: «Je ne sors pas de l'École nationale de l'humour, ce que je fais se situe hors des sentiers battus», confie-t-il.

Humour ou provocation?

Dans une de ses plus récentes capsules vidéo, l'humoriste fait réagir des passants à la soi-disant candidature de Stephen Harper au prix Nobel de la paix. Une approche assez classique qui n'est pas vraiment représentative du style Gab Roy, beaucoup plus «hard». En effet, le vlogueur peut être très virulent, comme en témoigne une capsule vidéo où on le voit se rendre au domicile d'un homme qui faisait récemment la manchette dans les médias montréalais pour avoir évincé un sans-abri d'un parc. On voit donc Gab Roy qui, tel un justicier, va sonner à la porte du type en question au beau milieu de la nuit, se faisant passer pour un agent du SPVM. Sommes-nous encore dans le territoire de l'humour? Ce n'est pas clair.

La frontière entre l'humour et la provocation pure et simple est parfois mince. Un autre exemple: en 2011, Gab Roy lançait une campagne de dénigrement contre le directeur des ventes d'un concessionnaire Kia, l'accusant d'avoir fraudé sa copine. Après avoir créé la page Facebook «Complexe Kia Montréal = crosseurs», il invitait ses lecteurs à faire pression sur le concessionnaire en l'appelant et en lui envoyant des courriels. Quelques jours plus tard, le concessionnaire de Pointe-aux-Trembles était la cible d'un incendie d'origine criminel. Une trentaine de pneus de véhicules avaient également été crevés. Même s'il n'était pas responsable de l'incendie, le nom de Gab Roy a été associé à l'incident. Ce n'est pas parce qu'on rit que c'est toujours drôle.

À quel genre de spectacle les fans de Gab Roy auront-ils droit aux Katacombes? «Ce sera du stand-up à 100% mais un stand-up très interactif», précise l'humoriste. En effet, comme Gregory Charles, Roy invite le public à déposer des questions dans une boîte avant le début du spectacle. Il y répondra en direct et se dit prêt à toute intervention du public. «C'est comme un blogue, lance-t-il, les commentaires font partie de l'affaire.» Si on se fie à la teneur des commentaires affichés sur son site levraigabroy.com, la soirée s'annonce rock'n roll.