La TOHU sera le théâtre du retour d'un enfant du pays cette semaine, avec le spectacle Appris par corps du Montréalais Frédéric Arsenault et son collègue français Alexandre Fray.

En cirque, le travail d'équipe est fondamental. La confiance doit être totale entre les partenaires et, parmi toutes les techniques, celle du main à main est probablement celle qui rend le plus visible ce lien dans toute sa force et sa précision, sans filet.

Frédéric Arsenault et Alexandre Fray ont d'ailleurs fondé leur petite compagnie de cirque, Un loup pour l'homme, sur leur goût d'explorer à fond les relations qui peuvent émerger entre deux acrobates, un voltigeur et un porteur, deux hommes intimement liés dans l'effort et le travail.

«On a décortiqué ce lien réel et concret, basé sur la confiance et une certaine dépendance», explique Frédéric Arsenault en entrevue téléphonique à partir de la France, où il s'est installé il y a déjà sept ans.

«Tout est possible entre eux: amitié, tendresse. C'est naturel, mais asexué. Tout est dans le geste, sans parole. On a enlevé un peu de l'exploit circassien pour voir ce qui se passe entre ces deux hommes», poursuit-il au sujet de leur premier spectacle, Appris par corps.

Si on peut y voir une trame narrative, elle demeure empreinte de flou artistique entre ces hommes, amis, frères, se mouvant dans un espace restreint. Pendant près d'une heure, les deux acrobates sont seuls sur un tapis de danse blanc, avec des éclairages et un peu de musique.

«C'est tout de même un spectacle super physique. Même quand c'est plus lent, il y a toujours une tension. Moi, je sue au bout de cinq minutes», confie en riant l'ancien élève de l'École nationale de cirque de Montréal.

Ensemble depuis cinq ans

C'est après avoir raflé des prix au festival La piste aux espoirs de Tournai, en Belgique, qu'il a reçu une offre pour y travailler et qu'il a déménagé à Lille. Il a rencontré Alexandre Fray en 2004 et, ensemble depuis cinq ans, ils ont créé Appris par corps et le promènent partout depuis; Suède, Brésil, Allemagne, France, Espagne, Angleterre et Pays-Bas.

«On a donné la centième représentation cet été. Nos amis chez Éloize ou au Cirque du Soleil rient bien de nous, mais en France, ce n'est pas donné à tous de faire les 100 dates», explique-t-il.

Lui et son complice ont travaillé avec le metteur en scène de théâtre Arnaud Anckaert afin de creuser les motivations de leur personnage, mais sans «psychotiquer», souligne le Québécois.

Mais jouer à deux, sans autre «ressource humaine» en piste, demeure très exigeant, surtout quand on sait les nombreuses blessures que subissent les acrobates de cirque.

«Il faut être en forme, admet Frédéric. Pas trop de fromage et de vin. On est beaucoup dans la gestion de notre santé.»

Les deux artistes circassiens ont appris par coeur à performer avec la douleur, comme les athlètes. Les maux de dos, de genoux et de poignets font partie du quotidien.

«C'est dur de jouer à 50 % de notre capacité physique, mais parfois, ça arrive, note Frédéric Arsenault. Pour Montréal, nous sommes prêts. Ça me stresse un peu plus à la maison, devant le milieu du cirque montréalais. C'est un mélange de stress et de joie.»

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Appris par corps, du 21 au 24 octobre à la TOHU.