Qu'ont en commun Jon Stewart, Jimmy Fallon et Kevin James? Les trois comiques américains ont vu leur carrière propulsée vers des sommets vertigineux après une participation au festival Just for Laughs. Chaque été, le gratin de l'industrie du divertissement débarque à Montréal dans l'espoir de dénicher la prochaine star de l'humour.

Peu de francophones le savent. Année après année, le pendant anglophone du festival Juste pour rire attire près d'un millier de dirigeants de réseaux américains, de chercheurs de têtes, de producteurs hollywoodiens et d'agents d'artistes à la recherche de la perle rare.

Depuis 27 ans, des géants du stand-up comme Jimmy Fallon (Saturday Night Live), Craig Ferguson (Late Show with Craig Ferguson), Steve Harvey (The Steve Harvey Show) et Mo'Nique (The Parkers) ont obtenu leurs premiers pilotes grâce à leur participation à Just for Laughs.

Par ailleurs, des émissions à succès comme Home Improvement, de Tim Allen, et South Park sont issues de matériel présenté au festival d'humour.

«ABC, NBC, MTV, BBC... You name it, ils sont tous là», lance candidement Bruce Hills, président de Just for Laughs.

«Plusieurs industries se donnent rendez-vous à Montréal, poursuit le Gilbert Rozon des anglos. D'un côté, vous avez Hollywood qui cherche la prochaine grande vedette comique. Ils l'ont déjà trouvée ici, donc ils reviennent pour trouver la suivante. Il y a aussi l'industrie du cinéma qui assiste à notre festival de films pour voir comment elle peut transformer des courts métrages en pilotes d'émissions ou en succès de box-office. Les réseaux de télévision cherchent quant à eux des vedettes pour leurs sitcoms ou des scripteurs pour leurs comédies.»

Selon Bruce Hills, le phénomène des chercheurs de têtes existe depuis la création du festival d'humour, il y a 27 ans. Il a toutefois explosé au début des années 90.

Le festival de Cannes de l'humour

J.P. Williams est à la tête de Parallel Entertainment, une entreprise de Los Angeles qui gère des carrières d'humoristes et produit des séries de télévision et des films. Il suit l'ascension du festival depuis les années 80.

«C'est l'équivalent du Festival de Cannes, explique-t-il, la plus grande occasion de réseautage dans l'année.»

Selon Williams, il est beaucoup plus facile de séduire les dirigeants des grands réseaux lorsqu'ils sont en jean ou en bermuda dans un spectacle à Montréal que dans un bureau de L.A.

«C'est une façon de se montrer à des gens de l'industrie avec qui ont n'est pas capable de fixer un dîner d'affaires. Et avec quelques cocktails dans le corps, ils sont beaucoup plus ouverts!»

Le vice-président de l'agence d'artistes APA, l'une des plus grandes et des plus prestigieuses aux États-Unis, profite de l'aspect international du festival montréalais pour pousser la carrière de ses clients à l'extérieur du marché américain.

«C'est l'un des seuls festivals où il y a des acteurs importants de la Grande-Bretagne et de l'Australie, explique-t-il. Par ailleurs, on profite de Just for Laughs pour présenter nos nouveaux clients à l'industrie. Au fil des ans, j'ai également recruté de jeunes humoristes que j'ai vus pour la première fois à Montréal.»

Ça passe ou ça casse

Si une participation à Just for Laughs est pour plusieurs un laissez-passer pour la cour des grands, une mauvaise prestation peut briser une carrière.

«Just for Laughs, c'est comme les Jeux olympiques, affirme Bruce Hills, qui roule sa bosse au festival depuis 1985. Certains remportent l'or et d'autres fondent sous la pression.»

«Une mauvaise performance peut vraiment nuire à une carrière, poursuit l'homme de 46 ans. C'est pourquoi nous encadrons nos jeunes humoristes de la même manière que le Canadien de Montréal encadre ses recrues. Nous travaillons de façon étroite avec eux pour s'assurer qu'ils sont bien préparés mentalement. On tente également de les révéler au moment où l'on croit qu'ils sont prêts à prendre leur envol.»

Selon Hills, les grands acteurs de l'industrie reviennent à Montréal année après année non seulement pour trouver de nouveaux visages, mais pour l'esprit novateur qui guide les programmateurs de Just for Laughs.

«Il y a des gens qui veulent que leur shiraz australien goûte la même chose chaque fois et c'est correct. Pour ma part, je préfère servir un vin de Bourgogne dont le goût change chaque année en fonction de la température et du sol. C'est moins ennuyeux et ça crée de belles surprises. Pour moi, c'est ça, le secret de Just for Laughs!»

 

Des étoiles montantes à découvrir

Vous voulez découvrir les étoiles montantes et les nouvelles tendances en humour en même temps que les chasseurs de tête du monde? Voici quelques suggestions de Bruce Hills, grand manitou de Just for Laughs.

> New Faces of Comedy

Du 21 au 23 juillet au Cabaret Juste pour rire, 19 h et 21 h 15.

Un rendez-vous incontournable pour les chasseurs de têtes. Depuis plusieurs années, New Faces of Comedy s'est imposé comme LA pépinière d'humoristes de la relève. C'est l'occasion de voir de jeunes talents à l'oeuvre dans l'un des moments les plus importants de leur carrière.

> Flying solo series: UK edition

Du 21 au 25 juillet au Musée Juste pour rire

Une occasion rare de découvrir les étoiles montantes de l'humour britannique. Quatre humoristes de la relève, dont Ross Noble et Simon Amstell, testent leur spectacle solo devant un public nord-américain.

> Upright Citizens Brigade

Du 21 au 25 juillet au théâtre Mainline

Le Upright Citizens Brigade est une compagnie new-yorkaise qui propose des spectacles composés de sketchs et de numéros d'improvisation d'avant-garde. Une quinzaine de spectacles auront lieu cette semaine dans le cadre du Zoofest. Bruce Hills suggère notamment le spectacle Facebook, où les comédiens improviseront des sketchs basés sur les profils de membres de l'assistance.

> The Improvised Shakespeare Company

Jusqu'au 25 juillet (sauf le 23) au Théâtre Sainte-Catherine.

Une troupe de théâtre shakespearien improvise une pièce de 60 minutes à partir d'une suggestion du public avec seulement 10 secondes de préparation. «L'un des meilleurs spectacles que j'ai vus sur scène depuis plusieurs années», souligne Bruce Hills.