Maggie Rogers insuffle des accents rock à sa pop indie et nous charme immanquablement avec son troisième album.

Explorant son passé et observant son présent, l’Américaine Maggie Rogers crée un album prenant la forme d’un road trip, une sorte de douce épopée musicale au fil de son introspection, qui nous exalte et parfois nous berce.

Maggie Rogers se fait poser des lapins, se questionne en voyant ses amis se marier ou entretenir des relations malheureuses, elle s’accroche à ses anciennes relations. Comme tout le monde, elle vit des hauts et de nombreux bas, elle apprend sur elle-même et navigue dans la vie et l’amour comme elle le peut. C’est de tout cela qu’elle parle, à la manière d’un journal intime, sur son nouvel album. Sa façon de raconter des histoires est engageante, délicate, intelligente et poétique.

En voulant créer un ensemble de chansons qui sonnent un « dimanche après-midi », elle a donné à ses mélodies cette cadence qui nous donne effectivement envie de l’écouter dans la voiture, un dimanche ensoleillé, fenêtres baissées. Inspirée par la musique de ses idoles (de Patti Smith à Joni Mitchell) et de leur époque aussi, elle a forgé un disque de son temps qui emprunte la touche vintage qu’elle apprécie.

Cet album, qu’elle a coproduit avec Ian Fitchuck (Shania Twain, James Bay, Kacey Musgraves), démontre une approche nouvelle, où le pop-rock révèle ce que l’artiste sait faire lorsqu’elle se départit de ses synthétiseurs (joliment présents sur son premier disque, Heard It in a Past Life) et se permet une exploration plus organique.

Drunk, avec sa guitare électrique, sa basse agitée, son refrain fougueux, nous mène ailleurs dans l’univers de Maggie Rogers, quelque part où le rock se fait plus présent. Mais quelque chose dans sa façon de chanter, dans la teinte de sa voix, nous ramène inévitablement à l’essence de sa musique : toujours accrocheuse et emplie de sensibilité (dans les mots, dans la voix), marquée par des mélodies ficelées d’une main agile.

If Now Was Then est une démonstration parfaite de ce talent qu’a Maggie Rogers pour les rythmes qui énergisent, donnent envie de bouger. Celle qui suit, I Still Do, piano-voix (et quelle voix !), est une ballade qui écorche et émeut, abordant un amour qu’elle ne peut laisser aller. La superbe On & On & On permettra aux admirateurs de Rogers de chanter à tue-tête et en cœur lors de ses concerts.

All The Same, épurée, nous ramène à la base de ce qu’une excellente chanson acoustique (piano et guitare) peut faire. Ici encore, Rogers se remémore et exprime sa nostalgie, tend le bras vers les moments qui fuient.

L’album termine avec la pièce-titre, la magnifique Don’t Forget Me, qui conclut le voyage avec force, tandis qu’elle réalise que les choses qu’elle pensait envier ne lui conviennent finalement pas et qu’elle est plutôt destinée à une autre route. Quoi qu’il en soit, le chemin qu’elle emprunte, musicalement du moins, est le bon.

Extrait de Don’t Forget Me

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Don’t Forget Me

Pop Indie

Don’t Forget Me

Maggie Rogers

Capitol Records

7,5/10