Après avoir replongé à sa source blues dans Delta Kream et Dropout Boogie, le duo Black Keys proclame haut et fort son amour pour les glorieuses années 1960 avec cet album qui ratisse large, du surf au R’n’B… en toute harmonie.

Patrick Carney et Dan Auerbach ont choisi de faire de leur plus récent élan créatif un effort collectif, avec quelques collaborateurs de haut vol tels que Beck Hansen et Noel Gallagher. Beck a ainsi cosigné la moitié des 14 titres de l’album alors que l’ancien d’Oasis a contribué à l’écriture de trois chansons.

La touche Beck se marie particulièrement bien au son des Black Keys, mais c’est sur l’excellente Paper Crown qu’elle est la plus manifeste. Le chanteur interprète lui-même les couplets, posant son inimitable voix nonchalante sur une basse qui fait dégringoler son groove chromatique jusqu’au refrain super accrocheur. Tout ça s’arrête dans une grosse rupture qui fait place en conclusion au hip-hop lourd de Juicy J. Le même artifice est repris dans Candy and Her Friends, seul titre composé uniquement par Carney et Auerbach – cette fois-ci c’est Lil Noid qui rappe à la fin de la pièce, la plus sombre de l’album.

Parce que le reste est résolument joyeux, notamment les chansons cosignées par Gallagher. Only Love Matters est certainement son plus bel effort, une pièce toute fraîche aiguillée par un swing rhythm and blues contagieux et nuancée par les touches aériennes des guitares et du piano. C’est probablement l’une des compositions les plus riches des Black Keys à ce jour.

Cette chanson, comme bien d’autres sur l’album, est baignée des chaudes sonorités R’n’B à la sauce Tamla Motown typique des années 1960, et c’est justement ce qui apporte toute sa cohérence à Ohio Players. Don’t Let Me Go, Beautiful People (Stay High), I Forgot To Be Your Lover et You’ll Pay sont les autres pièces où Carney et Auerbach affichent leur amour sans retenue pour le son qui a fait rayonner Detroit pendant si longtemps.

Ailleurs, on apprécie la batterie tribale de Carney sur le blues sale de Please Me (Till I’m Satisfied) et on sourit en écoutant la guitare surf de Read Em And Weap, un beau coup de chapeau aux Ventures. Le disque s’achève avec Every Time You Leave, titre aux textures riches et aux arrangements résolument modernes, un avant-goût de la prochaine offrande des Keys ?

Extrait de Only Love Matters

0:00
 
0:00
 
Ohio Players

Blues rock

Ohio Players

The Black Keys

Nonesuch Records

7,5/10