La machine rock des Queens of the Stone Age est enfin de retour au Québec, sept ans après leur visite au défunt Rockfest de Montebello. En fait, le groupe de Palm Desert a entrepris en avril une authentique manche canadienne de sa tournée The End Is Nero qui l’amènera dans 12 villes, y compris Montréal, samedi, et Québec, dimanche. On en a profité pour discuter avec Troy Van Leeuwen, fidèle complice depuis plus de 20 ans du leader Josh Homme.

La tournée a beau avoir commencé en août dernier, les Queens prennent encore un malin plaisir à jouer les chansons de leur huitième album In Times New Roman..., si bien que le guitariste avoue ne pas encore avoir commencé à bosser sur le prochain disque. « Viens m’en reparler en décembre, nous dit-il en riant. Mais pour l’instant, nous sommes encore en période de lune de miel avec les chansons du dernier disque, on adore vraiment les jouer. »

D’autant plus qu’In Times New Roman... marque la fin d’une trilogie d’albums commencée en 2013 avec …Like Clockwork et poursuivie en 2017 avec Villains. « C’est une période qui s’achève tout naturellement pour nous, c’est la conclusion d’un mariage exceptionnel avec l’artiste Boneface, qui a réalisé toutes les illustrations des trois albums. Ça vient marquer une étape dans le temps, une décennie qui vient aussi souligner les 10 ans de notre formation actuelle, formée avec l’arrivée en 2013 du batteur Jon Theodore. »

Sur le plan musical, In Times New Roman… vient en effet boucler la boucle de la trilogie, puisant tantôt dans …Like Clockwork, tantôt dans Villains. « Clockwork était très sombre, ça marquait une rupture avec les albums précédents, on ne savait pas comment les fans allaient réagir, se rappelle Troy Van Leeuwen. Mais comme on aime exprimer ce que l’on ressent au moment où l’on crée, Villains est arrivé comme une réaction. On a aussi voulu confier la production à quelqu’un d’autre, ce qui était agréable parce qu’on n’avait jamais travaillé comme ça – Josh et moi sommes nous-mêmes producteurs. »

Place au funk

Les Queens of the Stone Age se sont donc associés à Mark Ronson, celui-là même qui a collaboré à maintes reprises avec Bruno Mars, notamment pour son tube Uptown Funk. « On a donc eu beaucoup de plaisir à travailler avec Mark, surtout que j’adore le funk, j’ai beaucoup écouté Parliament et Funkadelic, par exemple », nous apprend Van Leeuwen.

Pour le nouvel album, on se trouve à mi-chemin, car il a été enregistré pendant la période difficile qu’a été la pandémie, mais on voulait aussi conserver le groove de Villains. Globalement, c’est un peu un retour aux sources de Queens of the Stone Age, la trilogie vient donc s’achever de façon très naturelle.

Troy Van Leeuwen

Le travail en studio s’est aussi fait de façon très naturelle, une complicité s’étant installée entre les membres du groupe – le quintette orbite toujours autour du leader Josh Homme, mais la stabilité de la formation se traduit depuis une dizaine d’années par une collégialité inédite. « On met tous le même effort dans chacune des chansons, soutient le guitariste de 50 ans. Avec les deux derniers albums, nous avons plus que jamais tenté de tout enregistrer en direct en studio, sur ruban analogique. C’était tout un défi à réaliser pendant la pandémie, mais nous n’arrivons pas à composer à distance, chacun de notre côté, nous avons besoin d’être dans la même pièce. Les mélodies arrivent donc avec la musique, Josh va ensuite travailler de son côté pour écrire les textes. »

Le « desert rock »

C’est aussi en studio que Van Leeuwen et Homme vont peaufiner la sonorité de leurs guitares grasses et triturées, clé de voûte du son « desert rock » que Queens of the Stone Age a largement contribué à faire connaître il y a déjà plus de 25 ans. Le son des guitares de QOTSA est en effet caractéristique, mais l’est-il au point de circonscrire la créativité de ses musiciens ? « Ça ne limite jamais mon terrain de jeu », assure sans hésiter Troy Van Leeuwen.

PHOTO EMILY BERL, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Queens of the Stone Age il y a 10 ans en 2014, au festival Coachella. Les deux guitaristes au premier plan : Troy Van Leeuwen et Josh Homme.

C’est la guitare rythmique de Josh qui définit surtout le son Queens of the Stone Age, moi, je vise les espaces libres en ajoutant des textures.

Troy Van Leeuwen

Il poursuit : « Nous avons développé une complicité telle que nous savons ce dont a besoin la chanson. Je cherche constamment de nouvelles sonorités, mais au bout du compte, on reste qui ont est, si bien qu’In Times New Roman… est un vrai disque de rock, sans fioritures. »

Le groupe nous promet quelques changements au programme de sa manche canadienne, on verra de quel bois il se chauffe samedi, à Laval à la Place Bell, et dimanche, à Québec au Centre Videotron.