Viviane Audet propose un ravissant ensemble de chansons dont les textes bouleversants, revendicateurs et splendides tombent sur des mélodies souvent délicates, parfois entraînantes.

Le titre du dernier album de Viviane Audet, Les nuits avancent comme des camions sur les filles, est percutant. Le contenu de l’œuvre l’est tout autant. Mais dans toute la douleur que l’artiste aborde, elle insuffle une si grande dose de beauté que le tout s’écoute en boucle. On est touché et on en redemande. La chanson d’ouverture du disque, La botanique, aborde la violence conjugale. Le titre de l’album nous avait prévenus et on entre directement dans le vif du sujet. Ici, Viviane Audet aborde l’émancipation d’une personne qui parvient à se soustraire d’une relation toxique. « Tu ne t’abreuveras plus à l’eau de mes yeux », dit-elle de sa douce voix, magnifiée par de jolis arrangements de violoncelle et de harpe.

En plus des sept chansons, l’album est ponctué de trois pièces instrumentales au piano. Si les interruptions du genre cassent parfois le rythme, ces moments de douceur extrême, qui se répondent au fil du disque, sont plus que bienvenus sur ce disque. Les thématiques de l’album nous écorchent et, de temps à autre, on nous met un baume avec ces pièces, intitulées Anthèses 1, 2 et 3.

Sambal Olek, joliment écrite et plus groovy, vient interrompre un rythme plus lent que seule la pièce-titre avait changé avant. Cette dernière est d’ailleurs une parfaite antithèse, entre son thème difficile et son tempo rapide. Dénonciatrice, féministe, appelant à la résistance, la pièce est accompagnée d’un vidéoclip, tourné par la documentariste Sarah Baril Gaudet, qui vaut le détour.

Pénultième chanson (sans compter la dernière Anthèse), annonçant la fin par des accords de piano, Tu peux tomber est saisissante de splendeur, la pièce que l’on écoutera le plus souvent. « Ça te servira à rien de pas exister/On est mort plus longtemps qu’on est vivant anyway », intime Viviane Audet, sur cette pièce où elle demande à ce « tu » qui devient un être cher de prendre sa main. « Tu peux tomber, je te tiens », chante-t-elle sur le magnifique refrain de ce disque tapissé de beauté.

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Les nuits avancent comme des camions blindés sur les filles

Pop francophone

Les nuits avancent comme des camions blindés sur les filles

Viviane Audet

Quartier général

8/10